SUCCESSEURS DE CLOVIS : CHILDEBERT
CESAIRE D'ARLES
La vie de Césaire d'Arles nous est parvenue grâce à la biographie rédigée par cinq membres de son entourage. Elle nous donne à voir un évêque engagé, spectateur d'un catholicisme simple et émotionnel, qui ne dépare pas aux côtés des autres grands prélats que furent Rémi de Reims ou Germain d'Auxerre.
Césaire naît vers 470 dans une famille de propriétaires de Châlon sue Saône, cité qui dépend alors du royaume burgonde. Bien que plusieurs membres de sa famille se soient déjà engagés dans la carrière ecclésiastique, ses parents n'apprécient pas le choix du jeune homme qui se consacre à Dieu à l'âge de dix huit ans. Quand, deux ans plus tard, il rejoint le monastère de Lérins en Italie, leur insatisfaction est encore plus grande, mais ils n'osent s'opposer à la vocation de leur fils. Césaire réside pendant huit ans dans ce haut lieu du monachisme. Remarqué par l'abbé, il se voit confier la responsabilité de cellérie, moine préposé à l'intendance. Cependant cette tâche lui sera vite retirée car ses compagnons ne supportent pas son intransigeance! Ainsi libéré de sa charge, il s'abandonne à une ascèse complète et à la vie érémitique. Mais sa santé fragile ne résiste pas à ce rude traitement et Césaire est contraint de se rendre à Arles pour se reposer et se soigner.
Arles est une cité de longue tradition catholique.
On y trouve la trace d'un des deux seuls martyrs gaulois attestés, Saint
Genest, qui vécut au début du IVème siècle. Césaire
est hébergé par le sénateur Firminus, un notable qu'a connu
en son temps Sidoine Appolinaire, le célèbre évêque
de Clermont. Là, Césaire rencontre également le rhéteur
catholique Pomerius, qui a fui les persécutions vandales en Afrique du
Nord. Ces deux hommes vont l'aider à parfaire sa culture classique et
nourrir chez lui une certaine ambition d'auteur.
Mais, un rêve, dans
lequel Césaire voit son bras emprisonné avec le livre qu'il lit
dans les griffes d'un dragon, l'encourage à se retourner vers l'Eglise.
Avec l'appui de son oncle, l'évêque d'Arles, il est nommé
abbé d'un monastère proche puis évêque de la ville,
à la suite d'Eone, vers 502-503.
C'est alors que Césaire rencontre
pour la première fois Alaric II, le roi des Wisigoths, lors d'une entrevue
qui se déroule à merveille. Mais cette bonne entente ne va pas
durer. Le prélat sera par trois fois accusé de trahison et exilé
à Bordeaux, puis à Ravenne. Plusieurs facteurs jouent contre lui
: son origine burgonde, qui le fait passer pour un étranger toujours
prêt à livrer sa ville au royaume ennemi voisin; ses prêches
en faveur d'un ascétisme pur et dur qui révoltent la faction de
son clergé la plus attachée au confort temporel; enfin, son attitude
résolument opposée aux communautés non catholiques qui
résident à Arles, qu'elles soient juives ou ariennes.
Une anecdote
rend bien compte de la tension qui a pu exister entre l'évêque
et son entourage. Quand la guerre entre les Francs et les Burgondes, d'une part,
et les Wisigoths, d'autre part, éclate en 507, des milliers de prisonniers
sont regroupés dans la cathédrale sous la responsabilité
de Césaire. Alors que les réserves du grenier épiscopal
s'épuisent et que tous ses conseillers lui réclament de se montrer
moins charitable, l'évêque insiste pour que du pain soit bien distribué
aux prisonneirs et déclare : "Ils n'iront pas
mendier aujourd'hui, tandis qu'ils nous verront manger devant eux".
Outre la rapide gloire acquise grâce à sa
biographie, Césaire restera dans les mémoires par ses écrits,
qui vont passer dans le patrimoine littéraire catholique. D'autant que
l'évêque lui-même, certain de son talent, n'hésite
pas, en son temps, à forcer les prêtres de son diocèse à
réciter ses sermons en chaire. Il y prône une foi fondée
sur la Bible, que tout un chacun se doit de lire ou de se faire lire. Il défend
ardemment une existence faite de modestie, de charité et d'amour, bien
loin par exemple du faste de la vie des tenants de l'arianisme. Enfin, il s'oppose
à un christianisme trop intellectuel, auquel il préfère
une conversion spirituelle intime et émotionnelle.
Victime de leur
succès, la plupart des écrits de Césaire seront progressivement
attribués à d'autres auteurs. Au point que le Moyen Age, qui ne
reconnaissait plus son oeuvre, considérait Césaire comme un auteur
médiocre et inintéressant!
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