SUCCESSEURS DE CLOVIS : CHILDEBERT
GERMAIN, EVEQUE DE PARIS
Nommé évêque de Paris en 555, le futur Saint Germain a consacré sa vie au service de Dieu et des humbles. Conseiller influent de Childebert 1er, il est à l'origine de la fondation de l'abbaye qui deviendra plus tard Saint Germain des Prés et sera le lieu de sépulture de plusieurs souverains mérovingiens.
Né à Autun vers 496, Germain n'était pas un enfant désiré. Le poète Venance Fortunat, son ami et son biographe, raconte comment le futur saint refusa de succomber et sauva de la damnation éternelle sa mère, qui avait essayé de provoquer une fausse couche... Le jeune garçon grandit loin du foyer de ses parents et fut élève de l'école d'Avallon, avec son cousin Stratidius. Sa tante, qui convoitait son héritage, tenta de l'empoisonner. Mais c'est le fils de la méchante femme, Stratidius, qui avala le funeste breuvage. S'il survécut, il resta néanmoins handicapé pour le restant de ses jours. Dans un tel contexte familial, il n'est pas surprenant que Germain ait, très jeune, décidé de se consacrer au service de Dieu, loin du monde qui l'avait si mal accueilli.
Remarqué par l'évêque Nectaire, Germain
est élevé à la charge d'abbé de l'important monastère
de Saint Symphorien d'Autun vers 530. Là, sa droiture et sa profonde
charité lui valent d'affronter des frères peu enclins à
donner, pas plus aux pauvres qu'à leur spérieur.
Un jour qu'il
avait fait distribuer toute la réserve de pain aux nécessiteux,
les moines se révoltèrent et Germain ne dut son salur, in extremis,
qu'à l'arrivée de nouvelles provisions.
Sans pour autant accéder
à la position de conseiller particulier, qu'occuperont quelques décennies
plus tard les futurs Saint Eloi et Saint Ouen, Germain est un familier de la
Cour des souverains mérovingiens. Théodebert 1er, roi d'Austrasie,
à qui il a pourtant annoncé une fin prochaine, concède
de nombreux privilèges aux villas dépendant du monastère
de Saint Symphorien. En 555, peu après la mort de Théodebald,
l'héritier de Théodebert 1er sur le trône d'Austrasie, Germain
rencontre Childebert 1er à Chalon sur Saône. Venu s'emparer de
l'héritage vacant de Théodebald, le roi de Paris va se lier pour
toujours d'amitié avec l'abbé de Saint Symphorien.
Quelque
temps plus tard, il profite de la déposition de Saffaracus, l'évêque
de Paris, pour appeler son ami à son côté. Puis, au mépris
des traditions et du droit canon, manoeuvre tant et si bien qu'il parvient à
faire désigner Germain comme successeur de Saffaracus à la tête
du diocèse de la capitale.
A Paris, le nouvel évêque
et Childebert 1er oeuvrent à l'organisation d'un concile et fondent deux
églises, Saint Etienne et Sainte Croix Saint Vincent, ainsi que le monastère
dépendant de cette dernière.
Comme lorsqu'il était abbé de Saint Symphorien,
Germain s'emploie avec énergie à lutter contre les désordres
moraux et les guerres incessantes qui ruinent le royaume franc. Il entreprend
également de restaurer la discipline dans son diocèse et exerce
une influence considérable sur le roi, qu'il convainc (au risque de vider
la cassette royale) de ne pas ménager ses secours aux pauvres.
Mais,
lorsque Charibert, le fils de Clotaire 1er, succède à son oncle
Childebert 1er sur le trône de Paris, les relations entre Germain et le
palais se dégradent. Car l'évêque n'hésite jamais
à dénoncer les dépravations du souverain et son habitude
de s'emparer des ressources des églises. A Sigebert 1er, frère
de Charibert et roi d'Austrasie, venu venger l'assassinat de sa belle-soeur
Galswinthe, le saint homme prédit les pires maux s'il ne renonce pas
à son terrible projet. Une prédiction qui se réalisera
peu après avec le meurtre de Sigebert 1er par les sbires de la reine
Frédégonde.
La Vie de Saint Germain rédigée par
Venance Fortunat est parcourue par le récit des nombreux miracles attribués
à l'évêque de Paris. De fort loin, de nombreux possédés
viennent implorer leur délivrance. A ceux-là, comme à la
paysanne dont il sauve la récolte de l'insatiable appétit d'un
ours féroce, Germain ne demande rien en dédommagement.
Sa réputation
est telle qu'on se bat pour obtenir un morceau de son manteau ou quelques brins
de paille provenant de sa couche. Passé à l'eau claire, le parchemin
sur lequel est apposé le paraphe du saint homme est un remède
que les malades engloutissent tel quel, à moins qu'ils ne s'appliquent
à en lécher l'encre.
Au-delà de ces pratiques qui confinent
à la magie, Germain fait preuve d'un grand sens pratique appliqué
à la médecine. Ainsi, il conseille d'oindre les blessures d'huile
et préconise l'eau chaude comme le meilleur traitement contre la fièvre.
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