SUCCESSEURS DE CLOVIS : CHILDEBERT
MORT DE THEODORIC, ROI DES OSTROGOTHS
Cloîtré dans son palais de Ravenne, Théodoric le Grand agonise. Avec lui, s'envolent les derniers espoirs d'une suprématie des Goths sur les restes de l'Empire Romain d'Occident. Une suprématie contre laquelle Clovis a lutté avec toute son énergie, jusqu'à sa mort quinze ans plus tôt.
En cet été 526, l'étouffante chaleur
de Ravenne pèse atrocement sur le rêve brisé du roi des Ostrogoths d'Italie. Il est
bien loin le temps où Théodoric le Grand croyait encore pouvoir s'arroger la dignité
impériale en Occident et dominer à son tour le formidable empire romain.
Depuis la mort de Clovis, le 27 novembre 511, Théodoric a certes réussi à limiter
l'impact des conquêtes opérées par son principal rival et poursuivies par ses fils. En
intervenant, en 508, en Provence, il a porté secours à ses cousins wisigoths, écrasés
l'année précédente à Vouillé, et a arrêté l'inexorable progression franque vers la
Méditerrannée. Mais cette demi victoire ne peut masquer l'échec de sa politique
intérieure.
Alors que Clovis a su regrouper Gallo-Romains et Germaniques dans un peuple uni autour de
la foi catholique, la défiance s'est emparée des Romains d'Italie au point que
Théodoric ne sait plus distinguer ses alliés de ses ennemis. Le roi des Ostrogoths a
tout d'abord sacrifié, sur l'autel de sa paranoïa grandissante, Boèce, ce philosophe
qui l'a toujours soutenu avant d'être emporté par les rumeurs malveillantes d'un complot
imaginaire. Puis ce fut au tour de Symmaque, vieux sénateur romain, conspirateur
invétéré.
Théodoric a-t-il conscience qu'il a ainsi sabordé les fondements de son pouvoir.
Certains prétendent l'avoir entendu regretter la disparition de Boèce dont il
appréciait tant les conseils politiques et artistiques.
En cette dernière année de son règne,
la grande affaire qui préoccupe Théodoric est l'antagonisme de plus en plus
insurmontable entre ariens et catholiques. Jusque là, les deux communautés ont pourtant
cohabité en plus ou moins bonne intelligence. Mais l'expansion du royaume franc et la
force revigorée de Constantinople ont raffermi la position des catholiques. Ceux-ci ont
dès lors redoublé d'efforts pour convertir les païens ou ramener parmi eux les Romains
abusés.
La tension est tellement palpable que le maître de Ravenne est contraint de recourir à
Jean 1er, le pape catholique, pour que celui-ci conduise une ultime ambassade auprès de
Justin, l'empereur romain d'Orient. Mais comment Théodoric peut-il croire que la
rencontre de ses deux pires adversaires tournera à son avantage? Le pape et l'empereur
vont bel et bien s'entendre sur le dos du roi des Oestrogoths qui réclame plus de
tolérance et prône une coexistence pacifique. Mais la puissance militaire de Théodoric
les oblige à manoeuvrer avec prudence et à recourir à un prétexte théologique. La
mine confite qu'affiche Jean 1er à son retour de Constantinople ne trompe pas Théodoric.
A la fin de non recevoir qu'on lui oppose, le roi répond en faisant emprisonner le pape,
qui mourra le 25 mai 526.
Le 26 août, Théodoric publie un décret
bannissant la foi catholique. Les catholiques ont trois jours pour abjurer leur croyance et
livrer leurs églises aux mains des prêtres ariens. Dans le même temps, les garnisons
sont mises en alerte.
Etonnamment, les catholiques ne semblent pas réagir. Retiré tôt dans ses appartements,
Théodoric est soudain pris de vomissements violents. Accourus à son chevet, les
médecins diagnostiquent un empoisonnement et lui administrent un contre poison. La
voilà, la réponse des catholiques!
Le 29, jour où doit prendre effet le décret honni, Théodoric sent ses forces
l'abandonner. Avant de rendre son dernier souffle, il désigne Athalaric, son petit fils,
comme son successeur.
Dans les garnisons, les généraux goths ne croient pas en cet enfant de six ans qui est
désormais leur roi. Peureux, ils suspendent de leur propre chef l'application de la
décision de Théodoric.
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