LES MEROVINGIENS

SUCCESSEURS DE CLOVIS : THEODEBERT 1ER

 

DEOTERIA, UNE INTRIGANTE DEVENUE MERE DE ROI

Lors d'une campagne militaire en Septimanie, Théodebert est séduit par une belle Romaine, Deoteria. Devenu roi d'Austrasie à la mort de son père Thierry 1er, en 534, il l'appelera à la Cour et en fera sa concubine officielle. Deux ans plus tard, la jeune femme lui donnera un fils, Théodebald. Mais elle sera chasée pour avoir assassiné sa fille, une adolescente née de son mariage avec un époux qu'elle a abandonné pour suivre le roi et en qui elle voyait une rivale.

Depuis qu'ils ont été chassés d'Aquitaine et vaincus par Clovis à Vouillé, en 507, les Wisigoths se sont repliés vers la péninsule ibérique et n'occupent plus en Gaule que la Septimanie, qui doit son nom à ses sept villes principales, Narbonne, Agde, Béziers, Maguelone, Carcassonne, Elne et Lodève. Les habitants de cette région méridionale, également appelée Gothie, sont farouchement attachés à leur indépendance.
Comme son père, Childebert 1er, roi de Paris et d'Orléans, a tenté de les soumettre (et a fait main basse sur leur trésor) au prétexte que sa soeur Clotilde était martyrisée par son époux, le roi Amalaric. Si le Wisigoth a été occis par le Franc en 531, son peuple a gardé sa fierté intacte.
Trois ans plus tard, vers 533-534, le fils du roi d'Austrasie Thierry 1er, le futur Théodebert 1er, décide de lancer une expédition vers la lointaine Septimanie. Le petit-fils de Clovis est lui aussi avide de conquête, et les richesses de la Gaule méridionale sont bien tentantes. Afin de ne pas affronter seul un adversaire réputé combatif, il fait alliance avec son oncle Clotaire 1er, roi de Neustrie. Celui-ci, qui ne saurait rester indifférent à la perspective de s'emparer d'un important butin, envoie une puissante armée commandée par son fils Gunther en renfort des troupes austrasiennes. Mais les deux cousins, Théodebert et Gunther, ne s'entendent guère. En arrivant près de Rodez, le fils de Clotaire 1er décide de s'en retourner en Neustrie avec armes et bagages.

En Septimanie, malgré la défection de Gunther et de ses troupes, Théodebert ne faillit pas à sa réputation de brave. Volant de victoire en victoire, il s'empare des cités de Die, de Lodève, puis de Béziers. De là, il envoie un de ses lieutenants à Cabrières pour sommer la population de se rendre.
C'est alors qu'entre en scène Deoteria. Elle est jeune, elle est belle, et elle le sait! Mais elle est surtout décidée à ce que ni elle ni les siens ne subissent les outrages des cruels guerriers francs. Peut-être nourrit-elle aussi le dessein de séduire ce prince venu des contrées nordiques que sa réputation de chef victorieux a précédé... Au messager austrasien elle remet une missive dont le contenu a été rapporté par l'historien Grégoire de Tours : "Très bon seigneur, nul ne peut vous résister. Nous vous reconnaissons comme notre noble maître". Intrigué par cette énigmatique invite, Théodebert ne peut résister à la curiosité et se rend en personne à Cabrières.
A l'annonce de son arrivée, Deoteria, parés de ses plus beaux atours, sort de la ville et se porte à sa rencontre.
Et ce qui devait arriver arriva! Le prince tombe amoureux de la bergère... Mais les tourtereaux vont devoir se rendre à la raison d'Etat. Thierry 1er est à l'agonie, et son fils doit rentrer en Austrasie au plus vite s'il veut éviter que ses oncles, Clotaire 1er et Childebert 1er, ne s'emparent de son trône.

La succession de Thierry 1er réglée, Théodebert 1er, désormais roi d'Austrasie, a une pensée émue pour l'intrigante de Cabrières. Qu'elle soit mariée n'est pas un obstacle et ne l'a jamais été! Le souverain la désire, aussi l'envoie-t-il quérir en sa province.
Quelques mois plus tard, Deoteria fait son entrée à la Cour. Concubine officielle, elle use et abuse de son influence sur le nouveau souverain. Au grand dam de Wisigarde, la fille du roi des Lombards, qui, officiellement fiancée à Théodebert 1er, attend depuis sept ans déjà que le mariage soit célébré!
En 536, Deoteria donne le jour à un fils, Théodebald. Sûre que son statut de favorite du souverain l'autorise à agir en toute impunité, elle assassine sa fille Adia, de crainte que Théodebert 1er ne lui accorde ses faveurs. Mais ce crime odieux, celui d'une mère sur son enfant, fait déborder une coupe déjà amplement remplie des récriminations et des remarques acerbes de l'aristocratie austrasienne. N'osant s'opposer ouvertement à la concubine royale, les leudes sont impatients que soit célébrée, conformément à la tradition, l'union de Théodebert 1er et de Wisigarde. Alors que Deoteria est chassée de la Cour, le roi d'Austrasie garde le petit Théodebald auprès de lui et épouse la princesse lombarde.
Après avoir attendu si longtemps pour convoler en justes noces, la pauvre Wisigarde ne vivra que quelques brèves années. Veuf, Théodebert 1er n'osera cependant jamais rappeler au palais la belle intrigante qui lui a donné son seul et unique héritier.

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