LES MEROVINGIENS

SUCCESSEURS DE CLOVIS : THEODEBERT 1ER

 

THEODEBERT 1ER ALLIE A CHILDEBERT 1ER CONTRE CLOTAIRE 1ER

Jeune prince courageux, Théodebert 1er succède à son père Thierry 1er, roi d'Austrasie, en 534. Il va se trouver entraîné dans les querelles qui, depuis 511, opposent les fils de Clovis. Il s'allie à Childebert 1er, roi de Paris et d'Orléans, pour s'emparer des terres et des richesses de Clotaire 1er, roi de Neustrie. Mais l'intervention miraculeuse de la reine Clotilde et de Saint Martin obligera le neveu et ses oncles à faire la paix ... provisoirement.

Depuis la mort de Clovis, en 511, ses quatre fils, qui se sont partagé le royaume franc, n'ont cessé de se quereller. Thierry 1er, roi d'Austrasie, Clotaire 1er, roi de Neustrie, Clodomir, roi d'Orléans et Childebert 1er, roi de Paris, n'ont eu de cesse d'agrandir leur territoire et de s'emparer de celui des autres. Pour ce faire, ils ont noué et dénoué des alliances au gré des circonstances et avec un opportunisme qui n'est pas dénoué de cruauté. Monté sur le trône d'Austrasie à la mort de son père, en 534, Théodebert 1er devra lui aussi compter avec l'appétit de pouvoir de ses oncles et entrer dans le jeu des querelles fratricides.

Lors des campagnes qu'il a menées sous le règne de son père contre les Vikings puis contre les Wisigoths, Théodebert s'est taillé une réputation de guerrier courageux et d'habile stratège. En 534, il mène une expédition en Septimanie lorsqu'un messager lui apporte une terrible nouvelle : le roi Thierry 1er est à l'agonie. Le jeune prince met aussitôt un terme à sa campagne contre les Wisigoths. Il sait que s'il ne s'empresse pas de regagner son royaume, ses oncles risquent fort de s'emparer de son héritage. N'ont-ils pas déjà agi de la sorte dix ans auparavant à la mort de Clodomir, n'hésitant pas à tuer deux des héritiers du défunt et à se partager le royaume d'Orléans? En outre, ils n'ont jamais accepté que l'Austrasie échoie "si injustement" à leur aîné, leur demi-frère Thierry 1er.
Cependant, Théodebert 1er est en position de force. Il est à la tête d'une armée puissante et bien organisée et, au cours de ses dernières campagnes dans le sud des Gaules, il a grandement renfloué son trésor.
Plutôt que de prendre le risque d'échouer à éliminer son neveu, Childebert 1er, qui n'a pas d'héritier, forme le sombre dessein de s'allier à lui pour s'attaquer à Clotaire. "Viens auprès de moi. Je n'ai pas de fils et je désire te traiter comme mon fils", suggère-t-il. Théodebert 1er accueille cette proposition d'adoption avec méfiance, mais se rend néanmoins à Paris. Reçu avec force cadeaux et marques de chaleureuse amitié, il se laisse tenter par la perspective d'en découdre au cours de glorieux combats et d'amasser un abondant butin.

Les armées des rois d'Austrasie et d'Orléans se mettent aussitôt en marche, l'une par le sud, et l'autre par l'est, vers les terres de Clotaire 1er.
Pleinement conscient de l'infériorité des troupes qu'il peut opposer à ses adversaires, le roi de Neustrie n'a d'autre issue que de se réfugier dans la forêt de Brotonne, en Normandie. Pour protéger du mieux possible sa retraite, il fait abattre de nombreux arbres en travers des routes. Cela ne suffit pas à entraver l'avance de Théodebert 1er et de Childebert 1er qui, dès qu'ils font leur jonction, prennent le temps de mettre sur pied un plan qui leur permettra de capturer Clotaire 1er.
Mais, à Tours où elle a fait retraite, la reine Clotilde veille. La veuve de Clovis a eu vent du projet de son fils et de son petit-fils. Horrifiée de voir une fois de plus ses ascendants faire fi de leurs liens familiaux pour s'entredéchirer, elle s'est jetée au pied du tombeau de Saint Martin, et s'est abîmée sans la prière.
Le saint a-t-il entendu la supplique de la pieuse souveraine? A-t-il décidé d'accéder à sa requête? Toujours est-il qu'une terrible tempête se lève sur la forêt de Brotonne. Toute la nuit, le vent souffle avec une telle violence que ni hommes, ni bêtes, ni arbres ne peuvent y résister. Au petit matin, l'épais brouillard qui noyait la forêt se lève sur un spectacle de désolation. Affolés, les chevaux ont quitté leurs enclos pour se perdre dans la forêt. Nombre de guerriers ont péri, écrasés par les arbres déracinés. Les survivants tremblent encore de froid et de peur.
Théodebert et Childéric ne peuvent voir là que la main de Dieu. Leur humeur belliqueuse soudain calmée, ils dépêchent, contrits et penauds, , des ambassadeurs auprès de Clotaire 1er. Le roi de Neustrie accepte leur proposition de paix sans détour ni délai. Bien que le Ciel lui soit venu en aide, il n'est pas à l'abri d'un nouveau retournement de situation qui, pour le moment, serait catastrophique.

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