LES MEROVINGIENS

DESCENDANTS DE CLOTAIRE 1ER : SIGEBERT ET CHILPERIC

 

GREGOIRE DE TOURS, EVEQUE ET HISTORIEN

En 573, Grégoire est nommé évêque de Tours. Fort préoccupé de la propagation de la foi chrétienne, il est aussi le premier historien des Mérovingiens. Témoin, et parfois acteur, des faits de son temps, Grégoire est un chroniqueur très partial manquant parfois singulièrement de sens critique. Malgré ses inexactitudes et ses partis pris, son "Histoire des Francs", qui relate par ailleurs sans aucune gêne apparente les crimes et les lâchetés des souverains, est un document d'une richesse exceptionnelle.

Grégoire de ToursDeux ans après sa nomination au diocèse de Tours, Grégoire entreprend de rédiger une histoire des premiers rois francs dont les différents épisodes seront regroupés ultérieurement en un tome unique titré "L'Histoire des Francs". Pour mener à bien cette tâche qui l'occupera jusqu'à sa mort, il s'appuie sur les archives de l'évêché métropolitain de Tours et les témoignages de Clotilde. En effet, la veuve de Clovis a longuement confié son expérience de reine à ses dames de compagnie et aux clercs tourangeaux. Les sources de Grégoire peuvent donc être considérées comme une "seconde main" de qualité.
Pour les générations suivantes, l'historien, contemporain des conflits qui déchirent les fils de Clovis et leurs successeurs, fait appel à ses souvenirs et à sa propre expérience politique.

Grégoire, connu, jusqu'à son accession à l'évêché de Tours, sous le nom de Georgius Florentius Georgius, est issu d'une noble famille gallo-romaine. Son père, fils d'un sénateur arverne, est le frère de Gallus, évêque de Clermont. L'oncle maternel de Grégoire est Nicetius (Saint Nizier). Ses parents, profondément dévots, lui transmettent leur goût pour les reliques et une grande foi en l'intercession des saints. Orphelin de père vers l'âge de huit ans, Grégoire, déjà destiné à la carrière ecclésiastique, est confié à son oncle Gallus, qui fait de lui un expert des textes sacrés mais un piètre connaisseur des ouvres profanes.
En août 573, Grégoire est nommé évêque de Tours par Sigebert 1er, roi d'Austrasie, fils de Clotaire et petit-fils de Clovis. Plusieurs de ses futurs cousins maternels ont déjà occupé ce poste et il est en outre possible que Grégoire ait été recommandé par son prédécesseur, l'évêque Eufronius, également membre de sa famille. Pour Sigebert, qu'un conflit territorial oppose à son frère Chilpéric 1er, roi de Neustrie, la loyauté de la famille de Grégoire est un atout important. Aussi le roi n'hésite-t-il pas à enfreindre les canons prescrivant que l'évêque métropolitain (premier des prélats de la province) soit élu par l'assemblée du peuple et l'épiscopat local. Grégoire est consacré à Reims en présence du seul évêque de cette ville.

Si Grégoire gouverne son diocèse avec fermeté, voire avec une certaine rudesse, il fait montre d'une étonnante capacité à s'accommoder des pires situations politiques. C'est à l'aune de leur attitude à l'égard de l'Eglise que Grégoire considère ses souverains. Ainsi, en 585, il n'hésite pas à disculper Gontran. Pourtant c'est bien le roi de Bourgogne qui a ordonné le meurtre d'Eberfulus, un ancien chambrier de Chilpéric, sous le portique même de la maison de l'abbé de Saint Martin, violant ainsi le droit d'asile et souillant par le sang le lieu sacré. Néanmoins, Grégoire prétend pourtant que le crime a été commandité par la reine Frédégonde, couvrant ainsi l'exaction d'un dignitaire dont les largesses à l'égard de l'Eglise sont bien connues. Cependant, c'est le même Grégoire qui contraint Chilpéric à respecter le droit d'asile et refuse de livrer Mérovée et Brunehaut réfugiés dans son église. Et lui seul prend la défense de l'évêque Prétextat, accusé de lèse-majesté pour avoir béni l'union du couple maudit.
Grégoire louvoie donc volontiers et cette attitude se ressent également dans ses écrits. Ainsi, rendant compte du baptême de Clovis, qui s'est déroulé quelques trois quarts de siècle plus tôt, il décrit l'événement comme la survenue d'un "fondateur" de la chrétienté menacée par l'hérésie arienne. De même, il magnifie la réaction solidaire du peuple : "Avant même qu'il eut pris la parole, tout le peuple s'écria en même temps : Nous rejetons les dieux mortels, pieux roi, et c'est le Dieu immortel... que nous sommes prêts à suivre". Sans doute, l'adhésion des Francs de Clovis n'a-t-elle pas été aussi unanime...

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