LES MEROVINGIENS

CLOVIS, CHEF DE GUERRE

 

LA BATAILLE DE VOUILLE : PRELUDE A LA GLOIRE

Les raisons qui guident Clovis sur le long chemin vers Vouillé sont à la fois diplomatiques, militaires, politiques et religieuses. Cependant, dans chacun de ces domaines, c'est sous les meilleurs auspices que s'annonce le combat au terme duquel le roi des Francs se rendra maître du Sud Ouest de la France et de la plus grande partie du royaume Wisigoth d'Alaric.

Tandis qu'il chevauche vers Poitiers, Clovis songe au combat qu'il va bientôt engager contre le Wisigoth Alaric II au nom de la défense du catholicisme contre l'arianisme. Et il a toute raison de croire en la victoire. Son pire ennemi, Théodoric, roi ostrogoth d'Italie, a les mains liées. Quelques mois plus tôt, ses troupes ont malencontreusement franchi la frontière grecque et écrasé une armée romaine. Anastase, empereur d'Orient, a considéré cette agression comme intolérable et requérant une réponse militaire. Aussi a-t-il envoyé deux de ses comtes répandre le feu et le sang sur les côtes italiennes. Désormais Théodoric n'est plus en mesure de soutenir Alaric, son allié wisigoth car toutes ses troupes sont mobilisées sur le front méditerranéen. En outre, Anastase a négocié un accord d'assistance avec Clovis par l'entremise de Sigismond, fils de Gondebaud, le roi des Burgondes

Dans cette impasse stratégique, il ne reste plus à Théodoric que la diplomatie. Et celui-ci n'hésita pas à user et abuser de ses relations parmi les Grands d'Europe. Une première tentative de conciliation entre Francs et Wisigoths se déroule au milieu de la Loire, près d'Amboise. Mais, malgré les cadeaux et les signes de bienveillance échangés, la tension croît entre Clovis et le roi Alaric.
Sous la plume de Cassiodore, son secrétaire, Théodoric envoie alors plusieurs missives aux différents protagonistes de l'affaire. A Alaric qu'il soutient mais ne peut aider, il conseille patience et mesure face au puissant roi des Francs; à l'égard de Gondebaud, il se fait fraternel et lui demande de na pas participer à cette "querelle de jeunes gens batailleurs". Toutefois, il n'hésite pas à le menacer de représailles en cas d'intervention burgonde. Enfin, il menace directement Clovis : "C'est avoir la fougue bien impatiente que de se précipiter sur les armes... Que s'éloigne ce conflit où l'un d'entre nous pourrait se plaindre d'être écrasé."

Les échecs de son principal adversaire confortent la détermination de Clovis. D'autant plus que le roi des Francs jouit des faveurs de l'Eglise catholique dont il est le champion. A Rome, le pape a profité de la chute de l'antipape Laurent, imposé par Théodoric, pour faire ériger, symbole implicite de son soutien à Clovis, une église dédiée à Saint Martin. Quant à Rémi de Reims, il a fait remettre à son héros, en qui il a toute confiance, un vase de vin bénit.
Au cours des siècles suivants, la légende se chargera de justifier le combat de Clovis et témoignera du retentissement de son engagement pour la défense de la foi chrétienne orthodoxe en l'accompagnant d'un impressionnant cortège de miracles.
D'aucuns raconteront comment une biche effarouchée indiqua à l'armée franque le gué permettant le franchissement de la Vienne. D'autres prétendront se souvenir de la lumière étrange provenant du clocher de l'église dédiée à Saint Hilaire, le protecteur de Poitiers, qui vint éclairer, durant la nuit, la tente de Clovis. Pour sa part Grégoire de Tours relatera un surprenant incident survenu lors du campement à Tours. Comme Clovis doutait de sa mission, il envoya ses émissaires à la basilique de Saint Martin pour obtenir la bénédiction de l'apôtre des Gaules. Alors que ceux-ci approchaient du sanctuaire, ils entendirent une louange bien à propos : "Tu m'as armé, Seigneur, de courage au combat; tu as jeté sous mes pieds ceux qui se révoltaient contre moi..." Sûr de son bon droit à conquérir le royaume wisigoth et de son avantage, Clovis chevauche donc, fier et orgueilleux, sur les chemins de la plaine poitevine. Ses guerriers ont fourbi leurs armes. Bientôt, le combat va s'engager...

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