LES MEROVINGIENS

CLOVIS, CHEF DE GUERRE

 

LA BATAILLE DE VOUILLE : LA VICTOIRE DE CLOVIS

Après le long périple qui les a conduits jusqu'en Poitou, Clovis et ses troupes campent face à l'ennemi, retranché dans l'oppidum romain de Céneret. L'aube se lève sur la plaine de Vouillé, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Poitiers. Bientôt, le roi des Francs, qui de sa main aura occis le wisigoth Alaric, va être le maître d'un domaine s'étendant des Flandres à l'Aquitaine.

L'armée de Clovis s'est comme chaque année réunie sur le Champ de Mars. Cette fois, le fougueux roi des Francs a exhorté les siens à l'épauler dans le combat qu'il va engager contre Alaric II, roi wisigoth et arien qui règne sur le Sud Ouest des Gaules. Lentement, les combattants se sont donc acheminés des provinces nordiques vers la Loire. On ne sait trop s'ils ont franchi le fleuve à Amboise, là où Alaric avait cru pouvoir négocier avec Clovis une paix salvatrice, ou à Tours, par l'un des rares ponts n'ayant pas été détruit par les peureux Wisigoths. Quoi qu'il en soit, l'armée franque a campé quelque temps à Tours, la cité de Martin, l'apôtre des Gaules. Là, Clovis n'a pas manqué de rappeler sur le tombeau du saint homme que ses ambitions sont celles d'un roi catholique, défenseur de la chrétienté orthodoxe contre l'hérésie arienne. C'est d'ailleurs ce qui confère un caractère si particulier à cette conquête au cours de laquelle le pillage est interdit. Le roi franc a en effet clairement précisé, par un édit, qu'aucune exaction ne devra être commise contre les populations locales, que seules l'eau courante et l'herbe fraîche pourront être prélevées par les soldats sans encourir son courroux.

Puis, la masse des combattants a poursuivi son chemin en direction du Sud, suivant la voie romaine de Tours à Poitiers et a traversé la Vienne à gué. Pourquoi vers la cité poitevine? C'est que la ville est à l'intersection de plusieurs voies de communication majeures : l'une vers Angers, d'où peuvent venir des renforts; l'autre vers Bordeaux, capitale du roi wisigoth; la dernière vers l'Auvergne et les alliés burgondes.
Clovis a réuni autour de lui la fine fleur de ses troupes, tant parmi les cavaliers que parmi la piétaille. Se sont aussi associés à l'entreprise les Francs ripuaires emmenés par Chlodéric, ainsi que les vaillants cavaliers armoricains. En tout, près de 3 000 hommes sont là, pressés d'en découdre.
Face à cette armée regroupée autour de son roi, les escadrons d'Alaric font pâle figure : mercenaires entretenus par le roi arien mais dispersés en petites garnisons le long de la Loire; Gallo-Romains, laïcs et clercs confondus, enrôlés de force et terrorisés à l'idée de verser leur sang; quelques Auvergnats sous la direction d'Apollinaire, fils de Sidoine Apollinaire, ce grand Romain qui lutta sa vie durant contre l'hérésie. Cette pitoyable soldatesque s'est réfugiée dans l'ancien camp romain de Céneret.

Soudain les trompes donnent le signal de l'assaut. La stratégie adoptée par Clovis est d'une simplicité singulière. En des chevauchées précises et déterminées, les cavaliers enfonceront les lignes ennemies puis se replieront rapidement alors que les fantassins, au beau milieu du chaos ainsi provoqué, répandront partout la désolation parmi l'ennemi. Les charges successives doivent ainsi s'enchaîner jusqu'à l'issue du combat.
Incapable de rester à l'écart de la bataille, Clovis fait corps avec ses troupes. Sa tignasse blonde, signe de la majesté mérovingienne vole au vent de la cavalcade. Soudain, au milieu des belligérants, deux hommes se font face et s'affrontent. Clovis n'a eu de cesse que de trouver Alaric, et le voilà à sa merci. Le Franc lance sa monture. Malgré tous ses efforts, le Wisigoth est désarçonné. Tandis qu'il tente de tuer Alaric, Clovis manque de peu d'être blessé au flanc par deux guerriers ennemis. Pour Alaric, il est déjà trop tard. Cloué au sol, il a succombé, piétiné.
Horrifiés par la mort foudroyante de leur chef, les Wisigoths se débandent. Mais ne peuvent échapper aux coups meurtriers des Francs qui les massacrent. Dans la panique la plus totale, quelques aristocrates sauvent de justesse le jeune Amalaric, le fils, âgé de six ans, d'Alaric, qui parvient à s'enfuir vers l'Espagne. La victoire est acquise, au nom de Clovis, de la conquête et de la foi catholique.

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