HENRI IV ENTRE TRIOMPHALEMENT A PARIS (22
mars 1594)
La conversion d'Henri IV provoque le
ralliement de nombreuses villes à la Couronne. Aix reconnaît le roi dès janvier 1594,
puis c'est au tour de Lyon et d'Orléans. Mais Paris est toujours aux mains de la Ligue et
des Espagnols. Et c'est ici que le roi de France se doit de résider. Après avoir
vainement tenté de prendre la ville par la force, Henri IV parvient ce 22 mars 1594, à
l'investir par la ruse, annonçant la fin de la guerre civile qui déchire le royaume.
Henri rayonne. S'il est roi par la grâce
de Dieu depuis bientôt un mois, c'est aujourd'hui son peuple qui le sacre. Après tant de
luttes et de sacrifices, il descend enfin les rues de la capitale en se frayant tant bien
que mal un passage à travers la foule en liesse. Alors que le cortège approche du
cimetière des Innocents, un membre de l'escorte montre au roi un homme qui l'observe
d'une fenêtre. L'inconnu le fixe d'un regard menaçant sans daigner le saluer. Ivre de
bonheur, le roi rit de l'incident.
Près du Pont Notre Dame, la foule se presse plus nombreuse encore. Tous veulent voir le
roi. Tous veulent toucher du regard le symbole vivant de la paix et de l'unité
retrouvée. Sous les clameurs et les vivats, le cortège fend la marée humaine. Arrivé
à Notre Dame, il faut arrêter là, car la foule est trop dense et Henri refuse que l'on
disperse le peuple venu l'acclamer. C'est porté par les Parisiens que le roi fait
une entrée triomphale dans la cathédrale où retentit bientôt le Te Deum.
Le sacre d'Henri IV à Chartres provoque
un sursaut du Parlement de Paris qui tente mi-janvier d'obtenir le retrait des troupes
espagnoles. Pour toute réponse, les Seize font murer les portes de la ville à
l'exception des portes Saint Jacques et Saint Antoine. Les gens du roi entrent alors en
contact avec Charles de Cossé Brissac, commandant de la place de Paris, qui accepte de
livrer la capitale.
Au matin du 21 mars, Brissac fait libérer la porte Neuve et la porte Saint Denis. Sous
quelque prétexte, il éloigne le gros des troupes de la capitale. La nuit suivante, des
partisans arborant l'écharpe blanche de la Ligue prennent place au pont Saint Michel. A quatre
heures du matin, les soldats du roi se présentent à la porte Saint Denis. Se heurtant à
une faible résistance, ils occupent très vite les points stratégiques. En début de
matinée, Henri IV parait enfin. Brissac et Lhuillier, le prévôt des marchands,
l'accueillent à la porte Neuve et lui présentent les clefs de la ville.
Ce n'est pas sans inquiétude que le roi pénètre dans la capitale. Mais peu à peu, sa
méfiance se mue en joie. Etonnés d'abord, les Parisiens se pressent de plus en plus
nombreux pour l'acclamer et l'escorter jusqu'à Notre Dame.
Laissant Notre Dame derrière lui, Henri
IV prend le chemin du Louvre. Des images d'une période sombre lui reviennent en mémoire.
Il revoit les couloirs immenses où, le jour de la Saint Barthélemy, il a de peu
échappé à la mort. En fin de matinée, c'est en maître qu'il pénètre dans le palais.
Mais Paris n'est pas pour autant débarrassé des ennemis du roi. Quatre mille ligueurs
occupent toujours l'université, prêts à passer à l'action. L'ardeur du peuple et les
trompettes des hérauts qui proclament le pardon général ont raison de leur résistance.
Les plus fanatiques d'entre eux, le légat du pape en tête, quittent la cité.
L'ambassadeur d'Espagne, le duc de Feria, et ses trois mille hommes tiennent encore le quartier
Saint Antoine et la porte de Bucy. Henri IV les sait à sa merci et envoie le comte de
Saint Pol négocier leur reddition. Devant la clémence du roi, Feria s'incline. Du haut
de la porte Saint Denis, Henri IV, venu saluer le départ des hommes de Philippe II,
s'exclame : "Messieurs, recommandez moi à votre maître, mais
n'y revenez plus".
Vers midi la capitale retrouve le calme. Seule La Bastille, occupée par du Bourg, homme
de confiance de Mayenne, résiste encore. Cinq jours seront nécessaires pour obtenir sa
reddition.
Le soir du 22 mars, le pardon est accordé aux ligueurs repentis et au Parlement de Paris
qui vient de casser tous les arrêts et décrets rendus depuis le 29 décembre 1588. Au
Louvre, où il profite de la quiétude enfin revenue, Henri IV renvoie ceux qui viennent
de l'entretenir des affaires du royaume : "Je suis enivré. Je
ne sais ce que vous dites et je ne sais ce que je dois répondre!"
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