HENRI IV, CHEF D'ETAT
        
    
    

        
 
LES PROJETS DE MARIAGE D'HENRI IV POUR SES ENFANTS
(1609)
Soucieux des intérêts de l'Etat, Henri IV 
cherche, par le biais d'alliances matrimoniales, à renforcer la puissance 
de la France. En 1609, délaissant les offres flatteuses de l'Espagne, 
il préfère se tourner vers les Cours de Lorraine et de Savoie. 
Des projets qui seront remis en cause par son assassinat.
"Il est plus utile à un grand roi de prendre 
des alliances avec des princes inférieurs, capables de s'attacher à 
ses intérêts, qu'avec d'autres qui fussent en prétention 
d'égalité". Fort de ce principe, Henri IV refuse toute entente 
avec son puissant voisin espagnol. En revanche, à l'instar de Louis XI 
et d'Henri II, il cherche, par le biais d'alliances matrimoniales, à 
acquérir la Lorraine et à s'attacher la Savoie.
En Lorraine, 
une petite Nicole vient de voir le jour à Nancy. Son père, le 
duc François II, est âgé; sa mère se remet mal de 
ses couches. Tout laisse à penser qu'elle sera bientôt l'héritière 
du duché. En 1609, voyant le parti qu'il peut tirer de la situation, 
Henri IV demande sa main pour le dauphin, le futur Louis XIII. Malgré 
l'honneur qui lui est fait, le duc hésite : il craint de s'attirer les 
foudres de l'Empereur et des princes allemands, qui redoutent que le duché 
ne passe sous influence française.
En cette même année 1609, le roi propose au 
duc Charles Emmanuel de Savoie d'unir Elisabeth, sa fille aînée, 
à Victor Amédée, prince de Piémont. Cet insigne 
honneur reste tout de même soumis à condition : celle de la conquête 
du Milanais. En attendant cet hypothétique succès, Henri IV y 
trouve deux avantages : il évincera les Espagnols d'Italie et, par là 
même, élèvera une barrière difficilement franchissable 
entre les possessions des Habsbourg de Vienne et ceux de Madrid. Si offensive 
que semble cette stratégie matrimoniale, il s'agit plus d'une prise de 
contact que d'une décision définitive. Le dauphin n'a encore 
que huit ans et sa soeur Elisabeth, sept ans : ce qui laisse à Henri 
IV le temps de revoir son projet. En outre, "en bon père de famille" 
soucieux de marier au mieux sa progéniture, il ne peut raisonnablement 
ignorer les offres venant d'Outre-Pyrénées.
Les propositions 
espagnoles sont doubles. Elles concernent l'union du dauphin Louis et de l'infante 
Anne d'Autriche, d'une part, celle d'Elisabeth de France et du prince Philippe 
des Asturies, d'autre part. Pour l'heure, Henri IV fait la sourde oreille. Car 
il entend traiter d'égal à égal avec le roi Philippe III, 
si possible après une victoire sur le terrain en Italie. Cependant, son 
assassinat, en mai 1610, change brutalement la donne. Madrid sait combien sa 
veuve, la reine régente Marie de Médicis, est sensible aux considérations 
de prestige. En allant au-devant de ses désirs, Philippe III sait-il 
qu'elle rêve d'un conjoint espagnol, pour au moins l'un de ses enfants?
A 
l'automne 1610, à l'occasion du sacre du jeune Louis XIII, le duc de 
La Feria, ambassadeur d'Espagne, est porteur d'une offre de Madrid. La régente 
exulte. Ce double mariage flatte son orgueil tout en répondant à 
ses aspirations politiques d'entente avec l'Espagne catholique. Immédiatement, 
elle donne son accord de principe, sans condition.
Il est cependant prévu que, en cas de décès 
d'un des signataires, la validité de l'accord passé entre feu 
Henri IV et le duc Charles Emmanuel de Savoie sera prolongé de six mois. 
Si bien que le contrat de mariage entre Elisabeth de France et le prince Victor 
Amédée est signé le 25 juin 1610. Après quoi Marie 
de Médicis s'emploie à conclure ses projets avec l'Espagne. Elle 
fait comprendre au duc de Savoie que l'union de leurs enfants n'a plus de raison 
d'être. Elle lui suggère même de demander pour le prince 
de Piémont la main d'une infante cadette espagnole. Ce camouflet incite 
le duc à engager des négociations auprès des grandes Cours 
européennes : de complexes combinaisons matrimoniales mettent en scène 
les enfants du roi d'Espagne, ceux du roi d'Angleterre, ainsi que les deux plus 
jeunes princesses de France.
Finalement, cette agitation débouche 
sur deux nouveaux projets. D'une part, Chrétienne, seconde fille d'Henri 
IV et de Marie de Médicis, est promise au prince Victor Amédée 
de Piémont. D'autre part, il est prévu qu'Henriette, la benjamine 
des enfants de France, épousera le prince de Galles, et que, si celui-ci 
mourrait, on se rabattrait sur son frère cadet, le futur Charles 1er d'Angleterre. 
On laisse même entendre que, si besoin est, "les deux princesses 
sont interchangeables". Pour l'heure, les fillettes étant âgées 
respectivement de cinq et deux ans, la réalisation de ces projets matrimoniaux 
est remise à plus tard; et l'on en laissera le soin à leur frère, 
Louis XIII.
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Page MAJ ou créée le 06/2004
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