LES BOURBONS
HENRI IV, CHEF D'ETAT |
LA MORT DE RAVAILLAC Le 27 mai 1610, François Ravaillac est supplicié en place de Grève. Sous les yeux d'une foule nombreuse et remplie de haine, l'assassin du bon roi Henri IV meurt dans d'atroces souffrances. Soumis à la question, le meurtrier s'est obstinément refuser à préciser s'il a ou non "agi sur ordre". Il emportera ce secret dans la tombe et jamais on ne saura si le crime perpétré contre le roi de France, le 14 mai précédent, a été commandité et par qui... Rue de la Ferronnerie, François Ravaillac,
son couteau sanglant à la main, ne tente pas de fuir. Pendant qu'Henri
IV agonise dans son carrosse, le meurtrier se laisse désarmer par les
hommes du roi. La foule hostile tente de lyncher ce grand diable à barbe
rousse et il faut toute l'autorité du duc d'Epernon pour empêcher
un second meurtre. Ravaillac est conduit, sous bonne escorte, à l'hôtel
de Retz. Là, il est fouillé. Dans ses poches, seulement un peu
de monnaie et un reliquaire en forme de coeur. L'interrogatoire ne donne pas
grand chose. L'homme parle peu, est agité, dérangé, a les
yeux hagards. Il est natif de Touvres, près d'Angoulême où
il a exercé plusieurs métiers dont celui de maître d'école,
de clerc et de valet de chambre. Il a même été emprisonné
pour dettes. Il vit pauvrement avec sa mère, abandonnée par son
mari depuis fort longtemps. Le problème essentiel est de savoir
pour le compte de qui Ravaillac a agi. A quinze heures, le condamné, juché sur un tombereau, est conduit place de Grève. La foule se déchaîne à son passage. Il faut l'intervention des gardes pour qu'une nouvelle fois, Ravaillac ne tombe pas aux mains des Parisiens remplis de haine. Le peuple de la capitale attend avec une joie sourde que Ravaillac subisse les supplices les plus raffinés. On se bouscule pour assister au "spectacle" en bonne place . Un prêtre s'approche du meurtrier et récite la prière des condamnés. Une dernière fois, Ravaillac se confesse et obtient l'absolution "à condition"; s'il a menti, en particulier à propos d'une éventuelle commandite ou complicité, il ira en enfer. C'est désormais au bourreau de faire son office. Avant de "tenailler", il plonge le poing qui a tenu le couteau ayant pris la vie du bon roi Henri dans du soufre en fusion. Un frémissement s'élève de la foule. Puis soudain, on se rue sur le corps du supplicié. On gêne le bourreau. On l'empêche d'appliquer la sentence "correctement". N'importe. François Ravaillac n'est plus. Il s'est tu à jamais et nul ne saura si un esprit malintentionné à l'égard du roi a armé son bras. La mort d'Henri IV laisse planer bien des incertitudes. Certains historiens sont catégoriques pour dénoncer un complot dont Ravaillac n'aurait été que l'instrument. Mais qui était son commanditaire? L'Autriche et l'Espagne? La reine Marie de Médicis? Les Jésuites? Henriette d'Entragues, favorite déchue? Les Concini? Le duc d'Epernon, ligueur patenté? L'enquête officielle a été ajournée "au vu de la qualité des accusés"... Tous les dossiers concernant l'affaire ont été détruits, en 1618, dans un incendie... dont Epernon, dit-on, aurait été responsable. Page MAJ ou créée le 2002 |