LES BOURBONS

HENRI IV, CHEF D'ETAT

CHAMPLAIN FONDE LA COLONIE DE QUEBEC
(3
juillet 1608)
Le 3 juillet 1608, Samuel
Champlain fonde la ville de Québec. Ce n'est alors qu'un modeste établissement
commercial qui, peu à peu, deviendra le foyer de la civilisation française en Amérique
du Nord. Au bord du Saint Laurent, la cité devient le point de départ de nombreuses
expéditions et des voies de pénétration vers les grands lacs. Fils de marin originaire
de Brouage (dans la Saintonge), Samuel Champlain deviendra gouverneur au nom du vice-roi
de la Nouvelle-France, Henri de Condé, en 1613 et consacrera le reste de sa vie à
oeuvrer pour la mise en valeur de ce pays si cher à son coeur.

Lors de ses précédentes expéditions,
Samuel Champlain a soigneusement préparé le terrain, nouant de bonnes relations avec les
Indiens, surtout avec les Algonquins et les Hurons, qu'il soutiendra ensuite contre les
Iroquois. A partir de Tadoussac, le premier établissement français fondé sur le fleuve,
il a remonté le Saint Laurent et choisi le lieu qui va devenir Québec, ce qui signifie,
dans la langue des Algonquins, "resserrement". Cet endroit où le fleuve est
dominé par un escarpement lui paraît sûr. Les Indiens y ont d'ailleurs installé le
village de Stadacona que Jacques Cartier avait visité en 1535.

Avant de commencer les travaux, Samuel Champlain a dû convaincre Henri IV du bien fondé
de cette initiative. Le roi a donné son accord, le nommant vice-amiral et lieutenant
général. Un gouverneur a également été désigné : ce sera Pierre des Mons, chargé
d'occuper, de faire prospérer et de défendre la future place forte.

Les premiers colons, artisans, ouvriers, soldats et paysans sont partis de France, avec à
leur tête Samuel Champlain.

Le projet d'implantation est à la fois
modeste et complet. "L'abitation" se compose d'un ensemble entouré d'un mur
d'enceinte et d'un fossé. Il comprend trois bâtiments, un magasin et un colombier
disposés autour d'une cour intérieure. Les travaux sont menés rondement. A quarante
et un ans,
Samuel Champlain est dans la force de l'âge. C'est un excellent organisateur et il est
déterminé à aller vite. Les terres colonisables sont l'objet de bien des convoitises.
Les Anglais s'intéressent également au Canada. Aussi Champlain presse-t-il son monde. Le
bois, débité en amont, est acheminé sur le Saint Laurent vers Québec. Une intense
activité règne le long du fleuve. La forge marche du matin jusqu'au soir. Champlain veut
que le gros oeuvre soit prêt avant l'arrivée du rigoureux hiver canadien. Les
ouvriers travaillent dans l'urgence et vivent dans des campements de fortune. La future
ville de Québec ressemble alors à ces embryons de cités pionnières où tout demeure à
l'état d'ébauche.

Parfois des rixes éclatent entre ces
hommes transplantés loin de chez eux, perdus en territoire inconnu. Samuel Champlain doit
se résoudre à faire exécuter une forte tête, Jean Duval, un serrurier assoiffé de
complot. L'événement est regrettable. Mais bientôt les esprits se calment et le labeur
reprend. Lorsque Québec est enfin devenue réalité, les Français déchantent vite
au cours de cette première année de colonisation. A l'arrivée de l'hiver, la cité
s'avère un abri précaire. Tous les aménagements ne sont pas finis. Les colons souffrent
de l'inconfort, du froid et de la malnutrition. Pendant ces mois interminables au cours
desquels la neige ensevelit l'immense territoire canadien, Champlain a la douleur de
perdre vingt des vingt huit hommes qui l'accompagnaient. Ils meurent du scorbut et du manque de
nourriture. Le ravitaillement ne parvient qu'au printemps 1609. Champlain tient tout de
même à poursuivre son exploration du pays. En juillet, il découvre le lac, aux confins
du Vermont et de l'Etat de New York, qui portera son nom. Il remonte également le Saint
Laurent, atteignant, le premier, le lac Huron et le lac Ontario.