LES BOURBONS
LOUIS XIII, SA VIE |
LOUIS XIII EN DANGER DE MORT A Lyon, Louis XIII tombe gravement malade. Sa mort semble certaine, au point que la reine-mère Marie de Médicis et les ennemis du cardinal de Richelieu s'imaginent déjà au pouvoir. Mais le 30 septembre, le roi va soudainement et complètement guérir. Au cours de l'été 1630, la Cour séjourne à Lyon, tête
de pont de la campagne militaire en Italie du Nord. Le 20 septembre, le diplomate
vénitien Alviro Contarini, qui vient d'être reçu en audience, écrit dans ses
dépêches que Sa Majesté a "l'air étrange"
et "faible". Et pour cause! Deux jours
plus tard, à l'abbaye d'Ainay, alors qu'il tient conseil avec la reine-mère,
le roi est pris d'un violent accès de fièvre. Aussitôt, il rentre à l'archevêché
de Lyon, où il est logé, et se met au lit. Mais, à partir du 27 septembre, la
fièvre se complique d'une forte dysenterie ou d'une grave infection intestinale.
Obligé d'aller à la selle plus de quarante fois par jour, ce qui occasionne
de grandes douleurs, le malade est épuisé, d'autant que ses médecins recourent
quotidiennement à l'inévitable saignée. Déjà, certains débattent du sort qu'ils réserveront au
cardinal-ministre. Le feront-ils arrêter? Ou le feront-ils exécuter comme Concino
Concini en avril 1617? Marie de Médicis répugne à inaugurer le règne de son
fils préféré en versant le sang. Elle entend pourtant se débarrasser de Richelieu,
et le meilleur moyen serait d'obtenir son renvoi de la bouche même de Louis
XIII. Avec Anne d'Autriche (qui, le cas échéant, épouserait Monsieur), elles
se relaient au chevet du roi et l'implorent de prononcer ces simples mots :
"Je le renvoie". Mais le malade ne cède
pas. Alors que d'évidence il ne peut rien faire pour protéger son ministre après
sa mort, non seulement il refuse de le lâcher mais va encore plus loin : il
charge le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, de dire à son frère Gaston
"qu'il lui recommandait la reine, sa femme, et la
personne du cardinal de Richelieu, si Dieu venait à le retirer du monde, comme
toutes sortes d'apparences le faisaient appréhender". C'est alors que l'abcès intestinal responsable de l'infection
crève brusquement : un flot de matières sanglantes s'évacue par les voies naturelles,
tandis que le ventre du malade se dégonfle et redevient souple. Le soir même,
la guérison du roi est certaine. "Sur les dix heures
du soir, il se trouva avec tant de forces qu'il se leva tout seul, mangea de
bon appétit, voulut se promener dans sa chambre, bref se comporta comme s'il
n'avait jamais été malade", témoigne le père Suffren. Les jours
suivants, l'état de santé du roi s'améliore régulièrement, et à la mi-octobre
il peut repartir pour Paris. Page MAJ ou créée le 2002 |