LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE, CHEF D'ETAT

 

PHILIPPE AUGUSTE FAIT FORTIFIER PARIS
(1189)

Menacé par la puissance anglaise dès le début de son règne, Philippe Auguste prend très tôt conscience de la nécessité d'assurer la protection du royaume. En 1189, le roi s'apprête à partir en croisade. Mais les premières garnisons anglaises ne sont qu'à cent kilomètres de Paris. Aussi décide-t-il de faire ériger une enceinte fortifiée qui protégera la capitale et la soustraira à la convoitise des ennemis de la France.

En 1216, Philippe Auguste quitte de nouveau Paris pour aller combattre l'Anglais. Le cortège royal s'engage sous l'ombre protectrice de la massive Tour du Coin, qui domine la Seine, puis longe la forteresse du Louvre. Le roi se retourne une dernière fois. Devant ses yeux s'étale le fruit d'un quart de siècle de labeur. Il embrasse du regard sa capitale dont les toits et les clochers se découpent sur l'horizon. L'enceinte qui la défend dresse ses tours à l'assaut du ciel, comme autant de joyaux sertis dans une couronne. Au sud, les coups de maillets résonnent encore. Les travaux se terminent. Bientôt, la rive gauche et l'université seront définitivement à l'abri. Une fois cette oeuvre, aussi prestigieuse que nécessaire, achevée, Paris, désormais siège de la royauté, sera enfin digne de son souverain.

Vingt six ans plus tôt, un matin de 1190, une grande agitation règne dans Paris. Depuis quelques semaines, s'entassent dans les rues de lourdes pierres calcaires, extraites des carrières de la vallée de la Bièvre ou des collines du sud de la cité. Sur la rive droite de la Seine, centre commercial et administratif de la capitale, les ouvriers sont à l'oeuvre. On creuse à coups de pioche un sillon d'un mètre de profondeur destiné à recevoir les fondations du futur rempart. Le tracé définit une surface de 253 hectares, englobant des terres cultivables et des pâturages qui permettraient à la population de pouvoir subsister en cas de siège. Cet ouvrage imposant, jalonné de tours et de portes, protégé à l'ouest par la toute nouvelle forteresse du Louvre, sera érigé en dix huit ans. Il faut attendre 1209 pour que commencent les travaux de fortification de la rive gauche. Forts de leur expérience, les ingénieurs travaillent plus vite et bâtissent la muraille en seulement onze années. En 1220, l'ensemble est terminé.

La muraille peut se résumer en quelques chiffres : 5 400 mètres de circonférence, 75 tours et 10 portes fortifiées. Bâties à quelques années d'écart, les fortifications de la rive droite (2 800 mètres) ont des caractéristiques architecturales similaires. La courtine qui relie les tours atteint une hauteur d'environ neuf mètres. Elle est large de 3 mètres à la base et de 2,30 mètres au sommet. Il n'y a pas de mâchicoulis mais des créneaux couronnent son sommet. Tous les soixante mètres environ, une tour circulaire crénelée, de plus de cinq mètres de diamètre et haute d'une quinzaine de mètres, saille de la muraille. On en compte quarante rive droite et trente et une, plus massives, rive gauche. Quatre tours, plus hautes que les autres, sont situées à l'extrémité des remparts, en bord de Seine, et en défendent l'accès. Hautes de 25 mètres, d'un diamètre de 10 mètres, ce sont de véritables donjons de trois étages voûtés qui renforcent la muraille là où elle est le plus vulnérable. Il s'agit de la Tour de Nesle et de la Tournelle, rive gauche, de la Tour du Coin et de la Tour Barbelle, sur la rive opposée.
Les portes sont, quant à elles, défendues par deux tours massives à deux étages, hautes de seize mètres et d'un diamètre de huit mètres. De grandes dimensions, les tours peuvent abriter des garnisons, des réserves ainsi que des machines de guerre. On estime à 120 livres le coût de chacune de ces portes. Et si le roi achète avec ses propres deniers les parcelles où s'élèvent les remparts, leur construction est à la charge de la ville de Paris.

L'enceinte de Philippe Auguste va orienter le développement ultérieur de la capitale. Un réseau de ruelles secondaires quadrille bientôt les champs inscrits dans la ceinture de remparts. Il définit l'emplacement et la structure de nouveaux quartiers qui s'étendent progressivement depuis le centre jusqu'à s'adosser au puissant mur. Ainsi, en 1190, Paris compte cinq quartiers : la Cité, Saint Jacques, la Verrerie, la Grève et le quartier de la rive gauche. Au milieu du XIIIème siècle apparaissent Saint Germain l'Auxerrois et Sainte Opportune, rive droite, Saint André des Arts et Maubert rive gauche. Au delà des murs, des faubourgs émergent. Un siècle plus tard, la guerre de Cent ans impose à Charles V d'édifier un nouveau rempart plus large et plus efficace. La muraille de Philippe Auguste est alors devenue inutile.

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