LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE, CHEF D'ETAT

 

LE NOUVEAU PARIS DE PHILIPPE AUGUSTE
(1185)

C'est sous le règne de Philippe Auguste que Paris se modifie considérablement et prend un nouveau visage. Le roi ayant décidé d'en faire sa capitale, il met tout en oeuvre pour modeler la cité à sa convenance. Il la fait entourer de remparts et en fait paver ses rues. Il réorganise la ville en profondeur, créant marchés et hôpitaux, réglementant les corporations de métiers ainsi que l'université. A la fin de son règne, en 1223, Paris est l'une des villes les plus importantes d'Europe.

En cette année 1185, Paris semble être en pleine effervescence. Partout, on construit. De Notre Dame qui, depuis 1163, s'élève peu à peu à la conquête du ciel aux premiers travaux de construction des magnifiques remparts, qui se termineront vingt cinq ans plus tard mais orientent d'ores et déjà l'urbanisation. Philippe Auguste n'est pas pour rien dans ce mouvement vers l'avant. Il est le moteur de presque tout ce qui se passe dans la capitale. Il ordonne, il patronne, il surveille avec la sagesse d'un souverain conscient de l'intérêt qu'il peut porter d'une telle entreprise de modernisation. Du prestige, tout d'abord, puisque le voilà sur le point d'habiter la ville la plus importante d'Europe. Du profit, ensuite. Favoriser le commerce et protéger la vie des Parisiens garantit la croissance de la cité. Sous le règne du grand Capétien, celle-ci passe de 25 000 à 50 000 habitants. Aussi, les bénéfices qui en découlent sont-ils loin d'être négligeables. En 1203, Le Trésor royal réalise près de 15% de ses gains à Paris

Dès le début de leur construction, les remparts de Paris définissent le nouveau plan de la capitale qui se développe alors dans les 250 hectares qu'ils délimitent. La rive droite rassemble les activités commerciales et financières alors que, rive gauche, l'Université règne en maître. Partout, de nouvelles constructions s'élèvent. L'approvisionnement des Parisiens est un souci majeur. En 1183, deux bâtiments sont construits aux halles des Champeaux, ancêtre de notre quartier des Halles. Deux ans plus tôt, le roi y a transféré la foire jadis située près de la léproserie Saint Lazare. L'agrandissement de ce nouveau marché est rendu possible par la confiscation, en 1182, de maisons appartenant aux juifs expulsés. Deux autres foires régulières fournissent également Paris en biens de consommation. La première s'installe à l'ombre des échafaudages de Notre Dame, en 1222. On y vend des charcuteries et tous les produits fabriqués à partir du porc. La seconde est réglementée en 1215. Elle se tient au nord de la ville, au Lendit. Pendant qu'elle a lieu, les marchands n'ont plus le droit de vendre aux Halles. C'est ici que les étudiants de l'Université se fournissent en parchemin.
Quelques hôpitaux naissent aussi à cette époque. Rue Saint Denis, l'hôpital des pauvres de Sainte Opportune, créé en 1184, devient l'hôpital Sainte Catherine, conformément à une bulle papale de 1222. L'hôpital de la Trinité, dans le même quartier, devient un refuge pour les voyageurs et les pèlerins.
Enfin, de loin en loin, des fontaines publiques sont installées afin d'améliorer l'approvisionnement en eau. Les sources du Pré Saint Gervais et de Belleville sont captées et amenées par aqueduc jusqu'aux Innocents et aux Halles, au centre de la cité.

Afin d'éviter toute anarchie, Philippe Auguste réglemente la vie parisienne. Première de France, l'Université reçoit des statuts en 1215 et devient "Universitatus magistrorum et scolarum". Autour de la place Maubert, où siège le plus ancien et le plus prestigieux collège, les étudiants se bousculent pour assister aux cours de professeurs désormais constitués en corporations. En 1221, l'Université possède son propre sceau.
Les métiers eux aussi sont soumis à réglementation. Les bouchers sont établis en corporation depuis 1146. Le roi leur accorde dès 1183 une exemption de taxe sur les ventes. Leurs marchandises transitent par la Seine, aussi sont-ils établis auprès du Grand Pont. Les marchands de vin parisiens reçoivent, en 1192, le monopole de la vente dans la capitale. Les pelletiers, érigés en corporation depuis 1183, et les drapiers se voient attribuer des maisons, confisquées aux Juifs, situées dans l'Ile de la Cité. Enfin, les porteurs d'eau, établis place de Grève, dans la maison aux Piliers, reçoivent, vers 1220, le monopole du transport fluvial ainsi que le contrôle des taxes sur le sel.
Ainsi, Paris grandit. La ville s'affirme dans son nouveau rôle de capitale. Partout, on peut voir des signes de sa maturité et du changement qui s'opère, aussi bien en la contemplant du haut d'une de ses collines qui la dominent qu'en déambulant au cour de ses rues animées.

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