LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE, CHEF D'ETAT

 

DES PAVES POUR PARIS

Souverain à l'odorat délicat, Philippe Auguste est le premier roi à réagir contre l'insalubrité des rues de Paris. Il est vrai que son grand-père, Louis VI le Gros, avait déjà interdit l'errance des porcs dans les rues de la capitale. Mais cette mesure visait surtout à éviter les accidents, nombreux et souvent mortels. En 1185, Philippe Auguste prend donc la décision de faire paver toutes les artères de la capitale.

La pluie d'orage qui détrempait la ville depuis le début de la matinée s'est arrêté aussi brusquement qu'elle avait commencé. Dans le ciel, désormais sans nuage, un soleil d'été rayonnant finit d'effacer des toits les dernières traces d'humidité. S'approchant d'une fenêtre de son palais de la Cité, le roi Philippe Auguste goûte au spectacle du ballet des barques sur la Seine. En contrebas, les clameurs des bateliers se mêlent aux cris des piétons et charretiers. Ecoeuré, le roi recule brusquement puis se penche pour scruter la rue d'où monte une odeur nauséabonde. La chaussée de terre n'est plus qu'un vaste marécage alimenté par le ruissellement des ruelles adjacentes. Les passants pataugent jusqu'aux chevilles, les chariots s'embourbent. Plus loin, l'orage a charrié contre un mur les ordures que les riverains ont pour habitude de jeter par les fenêtres.

Si l'état de la voirie parisienne empire à chaque averse, il n'est guère meilleur lorsque le temps est clément. Le dallage gallo-romain a depuis longtemps disparu sous une épaisse couche de terre et de boue. Assombries par les maisons construites en encorbellement, les rues sont de loin en loin encombrées par les détritus qui se mêlent aux eaux usées. En plus de servir de lieu d'exercice aux voleurs et autres coupe-jarrets, les ruelles les plus sombres sont de véritables bouillons de culture où peuvent se développer les épidémies. Pour le piéton, circuler dans la capitale est un véritable parcours d'obstacles. Il faut prendre garde à ce qui gît sur le sol aussi bien qu'à ce qui peut tomber des fenêtres. Bien sûr, les grands axes, plus aérés, sont bien mieux entretenus que les venelles peu fréquentées. Cependant, aucun service de la voirie n'a encore été mis en place. On pourrait croire les Parisiens indifférents ou habitués aux mauvaises odeurs qui se dégagent des artères de la capitale. Les noms qu'ils donnent à certaines de leurs rues (rue Tirepet, rue Merdelle, rue de la Fosse aux Chieurs) suffisent à convaincre du contraire ! Mais l'entreprise d'assainissement est coûteuse et aucun souverain ne s'est jusqu'alors décidé à mettre la main à la bourse.

Un matin de 1185, Philippe Auguste convoque en son palais le prévôt de Paris et quelques représentants des bourgeois de la capitale. Le roi attire l'attention des membres de l'assemblée sur l'état déplorable des rues de la ville. Et, "en vertu de son autorité royale, il leur ordonna de faire paver toutes les rues et places de la ville avec de fortes et dures pierres".
Cette mesure relève autant du prestige que de l'hygiène. Si Paris doit devenir le siège de la royauté, qu'elle reflète alors la puissance de ce pouvoir! En 1186, les travaux commencent. Ils ne concernent que les artères principales de la capitale. On pave d'abord la "croisée de Paris" qui correspond aux grands axes nord-sud et est-ouest, c'est à dire aux rues Saint Martin et Saint Jacques, Saint Antoine et Saint Honoré qui, se rejoignent aux alentours du Châtelet. Ce sont là les voies les plus importantes sur lesquelles repose le réseau de la voirie de Paris. On s'attaque ensuite au pavage de certaines rues secondaires comme celles qui rayonnent à partir des nouvelles Halles. Le Pont au Change et le Petit Pont reçoivent aussi un revêtement de pierre.
Après le règne de Philippe Auguste, les travaux continuent et l'état des rues s'améliore. Désormais, l'entretien des voies de la capitale est un souci constant auquel font face tous les souverains et qui sert de modèle aux autres villes du royaume.

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