LES MEROVINGIENS

CLOTAIRE, SA VIE

 

LA MORT DE CLOTAIRE 1ER

Dernier survivant de la deuxième génération des Mérovingiens, Clotaire 1er, qui, trois ans auparavant a provisoirement rétabli l'unité du royaume issu des conquêtes de son père, le grand Clovis, sent en 561 que sa dernière heure est venue. Il est temps pour le roi, qui a usé des pires stratagèmes pour assouvir sa soif de puissance et de pouvoir, de se repentir

Quand son frère Childebert 1er meurt en 558, Clotaire 1er voit enfin se réaliser son rêve le plus intime, celui pour lequel il n'a pas hésité, sa vie durant, à recourir aux manipulations les plus sordides. Enfin, l'immense royaume franc conquis par Clovis sur les ruines de l'Empire romain d'Occident est sous sa coupe, de nouveau gouverné par un seul roi, comme l'aurait sans doute souhaité le père fondateur de la dynastie mérovingienne, bien que, de son vivant, il eût plutôt songé à confier cette lourde tâche à son aîné, Thierry 1er
A peine, Childebert 1er décédé, Clotaire s'empare sans autre forme de procès de son héritage, expulse sans ménagement la vieille reine Ultrogothe et ses deux filles, Chrotberte et Chlodonsinde, et s'installe dans le somptueux palais de Paris, que son prédécesseur a largement contribué à embellir et à enrichir
Seule ombre au tableau, la rébellion de son fils bâtard, Chramne, qui, parti d'Auvergne, où il a rempli, tel un lâche tyran, la fonction de gouverneur, s'est réfugié en Bretagne, sous le protection du comte de Rennes, Conomer.

Ivre de colère et ruminant sa vengeance, Clotaire 1er ne tarde pas à retrouver ce fils rebelle, qui s'est installé dans une modeste chaumine près de Nantes. Torturé, le malheureux est mis à mort, puis sa maison est incendiée, alors que sa femme et ses enfants sont restés à l'intérieur. Avec Chramne disparaît toute opposition au pouvoir de Clotaire 1er : ses fils légitimes, Sigebert, Gontran, Charibert et Chilpéric, respectent son autorité ou préfèrent attendre patiemment sa mort pour s'arracher les dépouilles de son royaume.
Au sommet de sa carrière politique, Clotaire 1er sent néanmoins peser sur ses épaules toute l'horreur des méfaits qu'il a commis. Elevé par une mère très chrétienne, la reine Clotilde, qui tenta jusqu'à sa mort de s'opposer aux rivalités sanglantes entre ses enfants, le voilà rongé de remords et trouvant auprès de la religion un réconfort tardif. Il suit l'exemple de son frère Childebert 1er, qui, sous l'impulsion de l'évêque de Paris, Germain, a dilapidé une bonne part de ses richesses pour les pauvres et pour la fondation d'églises et de monastères.
Parmi ses entreprises à la gloire du Christ, Clotaire 1er n'oublie pas l'édification d'un tombeau qui pourra l'accueillir dignement. A cet effet, il entame la construction d'une basilique et d'un monastère dans un faubourg parisien.

Désireux de doter saintement cette nouvelle fondation pieuse, à laquelle il songe depuis longtemps pour célébrer sa grandeur, il a obtenu du clergé le privilège d'y faire enterrer un saint homme de ses contemporains, plutôt que quelques reliques anciennes. Son appétit de sainteté se porte ainsi sur Médard, l'évêque de Noyon. Celui à qui il a pourtant dû de perdre Radegonde (cette épouse qu'il désirait tant) et qui a accepté de consacrer la jeune femme au Seigneur.
En 545, apprenant que le prélat est au plus mal, Clotaire 1er se précipite à son chevet. Il implore cette dernière faveur du saint homme, qui la lui accorde, au grand dam des habitants de Noyon.
Lors d'une partie de chasse, Clotaire 1er est pris d'un violent accès de fièvre. Il se fait porter dans sa villa de Compiègne, où il demande à ses fils de le rejoindre. S'adressant tout particulièrement à l'aîné, Sigebert, il leur ordonne et leur demande promesse de l'inhumer dans sa basilique dédiée à Notre Dame. Comme le roi sent le froid l'envahir soudainement, il s'exclame, avant de rendre son dernier soupir : "Quel est donc ce Roi céleste qui fait mourir de si grands rois?"
Fidèle à son engagement, Sigebert 1er presse les travaux de Sainte Marie et y fait porter le corps de Saint Médard, qui dort de son dernier sommeil dans une magnifique chasuble d'or et de diamants. Puis, c'est au tour de Clotaire 1er d'y être inhumé. A sa mort, en 575, Sigebert reposera lui aussi dans l'église qui portera désormais le nom de Saint Médard. Il inaugurera ainsi une nouvelle nécropole royale, qui deviendra, à Paris, la rivale de Saint Germain des Prés.

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