L'INHUMATION DE FRANCOIS 1ER
Après un grandiose et triomphal défilé
parisien, c'est dans l'émotion que s'achèvent les funérailles de François 1er,
lorsque son cercueil est descendu dans la crypte de l'abbaye royale de Saint
Denis, le 24 mai 1547.
Epuisé par la maladie, le roi s'est éteint le 31 mars
à Rambouillet. Son corps a été emmené à Saint Cloud, dans la maison de l'évêque,
où se sont déroulées des cérémonies funèbres poignantes et triomphales. Le fils
et successeur du roi défunt, Henri II, orchestre des célébrations qu'il veut
grandioses, à la fois pour rendre hommage à son père, effacer les dissensions
des esprits et asseoir son propre règne. Ces funérailles solennnelles, dignes
des empereurs antiques, surpassent toutes celles qui ont été précédemment organisées
dans le royaume. Le 12 avril, le connétable de France, Anne de Montmorency,
répond aux notables parisiens qui soumettent des idées pour la cérémonie : "Vous
prie faire encore chercher s'il s'en pourra trouver quelque chose davantage,
afin de vous efforcer de faire de mieux ce qu'il sera possible".
Le samedi 21 mai au matin, les crieurs annoncent dans
tous les faubourgs, dans toutes les rues, à tous les carrefours de Paris le
passage du convoi funèbre : "Nobles et très dévotes
personnes, priez Dieu pour l'âme de très haut et très puissant prince, le roi
François, premier de ce nom, en son vivant très magnanime en clémence, et clément
en justice, restaurateur et père des bonnes lettres et saintes doctrines, lequel
trépassa au lieu de Rambouillet, le dernier jour de mars. Et part ce jourd'hui
son corps, à l'heure de midi, du pont Saint Cloud pour être apporté à Notre
Dame des Champs. Priez Dieu qu'il lui fasse pardon à l'âme". Après
une dernière messe à Saint Cloud, commence l'ultime périple de ce roi qui a
tant voyagé. Près du cercueil, entouré des courtisans, se tiennent dignement
les membres de la Maison du roi conduits par leur chef, l'amiral d'Annebaut.
Le bureau de la ville de Paris, les cours souveraines, la prévôté ont un dernier
rendez-vous avec le monarque dans le village de Vaugirard, et tous escortent
solennellement le char funèbre jusqu'à Notre Dame des Champs, aux portes de
Paris. Là, se trouvent déjà les restes du dauphin François et ceux du duc Charles
d'Orléans, rapatriés à la demande d'Henri II, pour être inhumés avec ceux de
leur père à Saint Denis. Une veillée de prières se tient autour des trois cercueils. Le
lendemain, les messes du matin sont suivies du défilé des corps constitués,
dont les représentants aspergent les catafalques d'eau bénite. Puis le recueillement
cède la place à un triomphe, pour une entrée royale comme les villes en offrent
d'habitude aux rois vivants. Sur un signe du cardinal Jean du Bellay, le long
cortège s'ébranle, composé du clergé de Paris, d'une trentaine d'évêques, de
la Maison du roi, de cinq cents pauvres brandissant des torches ardentes, de
représentants des institutions religieuses les plus éminentes et des paroisses.
Les trois chars funèbres sont accompagnés par les princes, les ambassadeurs,
les officiers et soldats de la garde. C'est une foule immense qui, en fin d'après-midi
seulement, atteint la cathédrale Notre Dame, où se déroule une veillée d'honneur.
Le lundi 23 mai, à cinq heures du soir, le cardinal du
Bellay célèbre un office de Requiem dans la cathédrale tapissée de noir et brillamment
éclairée par des milliers de cierges. L'évêque de Mâcon, qui a asisté François
1er durant sa pénible agonie et jusqu'à son dernier soupir, prononce l'oraison
funèbre. Le lendemain, c'est toute la nation qui est invitée à rendre solennellement
hommage à son souverain. L'assistance est en pleurs, et ce dernier moment parisien,
marqué par la profondeur et l'éloquence d'un discours de l'aumônier du roi,
monseigneur Duchâtel, est empreint de gravité. Le soir même, les cercueils sont
acheminés vers Saint Denis. Cette dernière étape est, elle aussi, marquée
par l'émotion et les souvenirs du règne. Le cortège emprunte la "grande
rue Saint Denis", parcourue en sens inverse par François 1er en des temps
glorieux, quand, en février 1515, il s'apprêtait à faire dans la capitale une
entrée triomphale. Parvenu dans la plaine Saint Denis, le défilé est accueilli
par les moines, sous la direction de leur abbé commendataire, le cardinal de
Bourbon. Et c'est, accompagnés par les religieux, que, dans la soirée, les trois
cercueils arrivent à l'abbaye. Ils sont disposés dans une chapelle ardente,
au milieu d'autels décorés de soie noire ornés de grandes croix blanches. Là
encore, des milliers de cierges illuminent la veillée funèbre. Le 24 mai, une
ultime messe solennelle est dite par l'aumônier du roi dans un décor, dont les
chroniqueurs soulignent "l'étalage de magnificence",
"l'éclat dans la splendeur". Enfin, les
cercueils sont descendus dans le caveau, où reposent déjà la reine Claude et
ses deux filles Louise et Charlotte.
Le plus de la fiche
Page MAJ ou créée le
© cliannaz@free.fr
|