LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VII LE VICTORIEUX, CHEF
DE GUERRE
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UNE DEFAITE LOURDE DE CONSEQUENCES La défaite de Verneuil sur Avre, le 17 août 1424, n'a pas que des conséquences militaires. Le dauphin Charles, le futur Charles VII, est par ailleurs confronté à une véritable déroute financière. Et la situation politique du camp français, déchiré par les rivalités et les luttes d'influence, est tout aussi désespérée. La terrible bataille de Verneuil sur Avre, remportée par les Anglais le 17 août 1424, est considérée par certains comme aussi dramatique pour les Français que l'a été la défaite d'Azincourt, près de neuf ans auparavant. Parmi les 9 000 morts de l'armée royale figurent de nombreux grands chefs de guerre, tels Jean d'Harcourt, comte d'Aumale et de Mortain, les comtes Jacques de Ventadour et Louis de Tonnerre, le vicomte Guillaume de Narbonne. Le duc Jean II d'Alençon, blessé, a été retrouvé sous un monceau de cadavres et emmené en captivité. Sur le plan militaire, l'avantage est désormais à l'Anglais : tandis que la Normandie passe entièrement sous son contrôle (elle le restera jusqu'en 1434), il ne va cesser de progresser vers la Loire et d'affirmer sa supériorité. Il en est cependant, jusque parmi les proches du dauphin,
qui trouvent matière à se réjouir de la défaite. A Verneuil, les troupes écossaises
ont été durement touchées. John Stuart, comte de Buchan et connétable de France,
a été tué, de même que son second, Archibald Douglas, comte de Touraine : les
Français considèrent que jusque-là le dauphin s'est montré beaucoup trop généreux,
vis-à-vis de ces capitaines "étrangers", aussi fidèles et valeureux
qu'ils aient été. Les charges et les titres qui leur avaient été accordés vont
devoir être réattribués, les Grands du royaume s'estimant en droit de rentrer
désormais en possession de ce dont ils ont été trop longtemps lésés. Certains
de ceux qui briguent ces privilèges n'ont plus en tête que leur intérêt personnel;
quelques uns vont même jusqu'à se féliciter de l'écrasement des Ecossais, ces
troupes "étrangères", et à célébrer la victoire du parti anglais. Alors que nombre des partisans du dauphin ont perdu tout
optimisme, sa belle-mère, Yolande d'Aragon, refuse de céder au désespoir et
obtient quelques succès diplomatiques inespérés. Elle parvient à rallier les
Bretons en faisant donner l'épée de connétable, en mars 1425, à Arthur de Richemont,
frère du duc Jean V de Bretagne. Après les Bretons, le dauphin va faire alliance
avec les Gascons et les Dauphinois, ainsi qu'avec les Aragonais et les Lombards.
Mais le camp français est loin d'être uni, chaque faction étant d'abord guidée
par ses intérêts propres. Intrigues et divisions ne font qu'aggraver les choses.
Bien qu'il tente de reprendre la situation en main, le dauphin est parfois submergé
par l'accablement. L'opinion lui pardonne de plus en plus difficilement cette
attitude. Le peuple, qui lui est resté fidèle, voudrait le voir agir, le soutenir,
se battre à son côté. Page MAJ ou créée le |