LES MEROVINGIENS

CLOVIS, CHEF D'ETAT

 

LE CONCILE D'ORLEANS, UN CONCILE D'UNION

Le concile d'Orléans fait figure de dernier grand acte politique de Clovis. il constitue le pendant ecclésiastique de la promulgation de la loi salique. C'est l'un des éléments majeurs de la grande mise en ordre du royaume franc. Tenu au centre du territoire, il se veut aussi un concile d'union.

C'est le 10 juillet 511, quelque quatre mois avant la mort de Clovis, que s'ouvre le concile d'Orléans. Cette réunion a été ordonnée par le roi des Francs. Celui-ci interpelle l'assemblée des évêques des Gaules sur plusieurs sujets précis touchant à l'organisation de l'Église et regroupés en une liste de "titres". A chacune de ces interrogations, une réponse claire devra être apportée.
A ce concile tenu symboliquement à Orléans, cité située au centre du royaume, sont présents les délégués de la plupart des régions du territoire franc. Cyprien de Bordeaux, qui préside l'assemblée, représente l'Aquitaine, récemment conquise, depuis la bataille de Vouillé, en 507, sur le territoire wisigoth. Un évêque venu d'Armorique témoigne de l'alliance entre les Francs et le peuple breton. Néanmoins, parmi les 32 participants, la majorité est originaire de la région comprise entre Seine et Loire, là où Clovis a primitivement lancé ses troupes afin d'étendre son royaume vers les riches terres du sud. Le concile d'Orléans s'inscrit dans une tradition bicentenaire des conciles des Gaules. A ce titre, il n'hésite pas à s'inspirer des anciens canons, dont lecture est faite en ouverture des débats, et de la loi romaine, chère aux évêques.

Un des objectifs directeurs de la réunion d'Orléans est l'intégration des évêchés méridionaux. Dans le but avoué de se démarquer des hérétiques, les catholiques d'Aquitaine et des anciennes provinces wisigothes ont adopté des positions spécifiques face à la domination arienne qu'ils subissaient. Divers interdits ont été validés par le concile d'Agde, tenu en 506, car la cohabitation, principalement urbaine, entre les deux communautés favorisait la confusion. Par exemple, la participation aux banquets goths a été proscrite tandis que les assemblées ariennes ont été désignées comme des "conciliabules". La prière n'aurait su non plus être commune.

Aussi le concile d'Orléans reprend à son compte cette plus grande rigueur qui n'est alors pas de mise au nord de la Loire, là où les catholiques sont majoritaires. Cependant la victoire de Clovis sur les Wisigoths a modifié les rapports entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel. Désormais, dans les provinces du sud, le pouvoir politique est en phase avec l'orthodoxie religieuse. Par réaction, Orléans tend une main prudente aux repentants qui sont admis dans le giron de l'Église, après deux années de catéchuménat et à condition qu'ils expriment publiquement leur foi en la Trinité.
Finalement, le concile de 511 s'avère donc un concile d'union qui servira ultérieurement d'exemple lors de l'amalgame de nouveaux territoires au royaume de France.

L'assemblée d'Orléans doit trouver une solution d'articulation entre les pouvoirs religieux et politique. Les modalités de son organisation sont significatives. Si c'est bien Clovis qui a convoqué les évêques et les questionne, les réponses que ceux-ci apportent relèvent de leur seule décision. Ce n'est que pour leur conférer l'autorité royale que le souverain les entérinera. Une double administration du royaume se profile où les évêques collaborent avec les comtes, administrateurs désigné par le pouvoir.
Au-delà de leur rôle théologique, une fonction sociale est également attribuée aux évêques. Un tiers de leur revenu est destiné à l'entretien des pauvres, des orphelins, des veuves et des malades.
Si la nomination des prélats est du ressort du roi, leur ordination doit impérativement être entérinée par trois évêques locaux, après que tous les évêques ont été avertis par courrier, conformément au concile de Riez, qui s'est tenu en 439. En outre aucun laïc ne peut être élevé à la dignité d'évêque. Seule concession, qui rejoint la préoccupation de Clovis de s'entourer de conseillers de valeur, le roi pourra exceptionnellement désigner un laïc de renom, par ordre spécial relayé par un comte.

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