LES VALOIS
HENRI II, CHEF D'ETAT |
LE PARLEMENT DE PARIS EN MERCURIALE Après avoir été l'instrument de la terrible répression contre les protestants, la Parlement de Paris voit une minorité de ses conseillers, pour certains acquis à la Réforme, faire montre de plus de tolérance. Lors de la "mercuriale" du 10 juin 1559, Henri II va constater par lui-même que ces magistrats, désormais "suspects", s'opposent à sa politique. Après la signatutre, en avril 1559, du traité du Cateau Cambrésis avec l'Espagne catholique, plusieurs membres du Parlement de Paris, pour certains sensibles à la Réforme ou convertis au protestantisme, considèrent que des mesures trop répressives à l'égard des huguenots nuiraient à la réconciliation nationale et prônent plus de tolérance. Les deux chambres du Parlement, la Grand'Chambre et la Tournelle criminelle, en sont ainsi venues à juger différemment les affaires d'hérésie censées mettre en péril l'ordre public. La première est disposée à appliquer les édits dans toute leur rigueur. La seconde est plus encline à l'indulgence et a provoqué le scandale en commuant en bannissement la peine de mort prononcée par un tribunal inférieur contre trois protestants. Ce verdict n'a pas eu l'heur de plaire aux catholiques les plus extrémistes, qui ont demandé la réunion de l'ensemble du Parlement afin de fixer une jurisprudence. Les "mercuriales", assemblées de cette cour, se tenant périodiquement à huit clos et un mercredi (jour de Mercure), ont été instaurées sous le règne de Charles VIII, pour délibérer sur l'exercice de la justice et les questions de discipline interne. Depuis la proclamation de l'édit répressif de Châteaubriand en 1561, elles examinent tous les trois mois les affaires de religion concernant les magistrats. La prochaine mercuriale est jstement fixée au 10 juin. Reçus en audience par le roi, le premier président du Parlement de Paris, Gilles Le Maître, les présidents Jean de Saint André et Antoine Minart, et le procureur général Gilles Bourdin s'indignent de l'indulgence coupable dont font preuve certains de leurs pairs vis-à-vis des "hérétiques : ces magistrats insuffisamment attachés à l'orthodoxie religieuse (et donc à Sa Majesté) doivent être châtiés! Cette requête n'est pas pour déplaire au roi. D'autant que son Conseil l'incite à sévir : la paix avec Philippe II d'Espagne, le "champion" du catholicisme, ne doit pas mettre un terme à la répression contre les protestants à l'intérieur du royaume, bien au contraire; faire montre d'une trop grande tolérance ne peut qu'encourager les actes de subversion. Louis de Guise, le cardinal de Lorraine, a déclaré devant le Parlement : "L'opinion du roi a été de faire la paix à quelque prix et condition que ce fût, pour de là en avant vaquer plus à son aise à l'extermination et bannissement de l'hérésie de Calvin". Craignant que les magistrats n'entravent sa politique et l'application de ses édits, Henri II signe, le 2 juin, à Ecouen, des lettres patentes précisant l'attitude à adopter à l'égard des protestants. Pour juger par lui-même de l'état d'esprit du Parlement et de l'attitude des magistrats suspects, il a décidé, comme le lui a suggéré le président Le Maître, d'assister à la mercuriale. Le 10 juin, la mercuriale se réunit au couvent des Augustins,
le palais étant requis pour le double mariage (celui de la soeur du roi, Marguerite
de France, avec le duc Emmanuel Philibert de Savoie et celui de sa fille, Elisabeth,
avec Philippe II d'Espagne) qui doit sceller le traité de Cateau Cambrésis.
Henri II fait son entrée alors que l'assemblée est en pleine délibération sur
les peines encourues par les hérétiques. Il interrompt la séance par un discours
des plus fermes, dans lequel il affirme son intention, maintenant que la paix
est faite, de mettre un terme aux affaires de religion qui menacent la sécurité
du royaume. Page MAJ ou créée le |