MARIE STUART A LA COUR DE FRANCE (7 août
1548)
Le
7 août 1548, la régente Marie de Lorraine confie sa fille Marie Stuart à Philippe
Maillé Brézé, gentilhomme de la Chambre d'Henri II. La petite reine d'Ecosse
va ainsi échapper aux Anglais, qui veulent se rendre maîtres de sa personne
et de son royaume, et trouver refuge à la Cour de France.
En mai 1548, Marie de Lorraine, fille aînée du duc Charles
de Guise et veuve du duc Louis de Longueville, a épousé le roi Jacques V d'Ecosse,
veuf de Madeleine de Valois, fille de François 1er. Quatre ans plus tard, veuve
pour la seconde fois, elle est devenue régente, en attendant la majorité de
sa fille Marie Stuart, héritière du trône d'Ecosse, qui n'a pas encore cinq
ans. La main de la petite reine est très convoitée, en particulier par les
Anglais, qui, de longue date, tentent de conquérir les austères landes écossaises.
Le roi Henry VIII a formé le projet de la marier à son fils, le futur Edouard
VI : une solution tout aussi radicale qu'une guerre pour parvenir à l'union
des deux royaumes! Dans ce dessein, il favorise la rébellion contre la régente,
qui, laissant parler ses origines, va se tourner tout naturellement vers la
France. Marie de Lorraine doit faire face à une forte opposition : la dynastie
des Stuart est fragile et sa légitimité mal établie. Les Anglais ont de nombreux
partisans parmi la noblesse, même chez les Stuart de la famille de Lennox. Les
lords écossais, farouchement attachés à leur indépendance, renâclent à l'idée
de devoir obéir à une étrangère. Cette hostilité est encore accentuée par la
question religieuse : en effet, la régente est catholique, alors que bon nombre
de ses sujets ont opté pour la Réforme et cherchent à s'allier avec l'Angleterre
protestante.
En 1547, alors que les Anglais menacent d'envahir le royaume
d'Ecosse, Marie de Lorraine appelle Henri II au secours et propose que sa fille
épouse le dauphin François, le futur François II. A la Cour de France, c'est
l'effervescence. Les Guise sont aux anges et entendent bien que cette union
soit scellée; quel triomphe alors pour la Maison de Lorraine! Ils mettent à
profit les sentiments anti-anglais suscités par la perte de Boulogne en 1544
et s'emploient à travailler pour leurs intérêts familiaux, qui, pour l'heure,
coïncident avec ceux du royaume. Au printemps, sans réelle volonté d'aboutir
à un règlement pacifique, des négociations sont entamées avec l'Angleterre,
laquelle offre de rendre Boulogne si la France donne son aval au mariage anglo-écossais.
Pendant ce temps, Henri II se prépare à intervenir en Ecosse, après avoir remis
à plus tard la reprise de Boulogne, qui exige selon lui une longue préparation. Charles
D'Humières, sieur de Contray, et Plilippe de Maillé Brézé, gentilhomme de la
Chambre du roi, entreprennent de réunir des troupes. Celles-ci sont acheminées
Outre-Manche à bord des galères de Leone Strozzi, prieur de Capoue et cousin
germain de la reine Catherine de Médicis. En juillet, l'expédition française
s'empare du château de Saint Andrews, sur la côte est de l'Ecosse, où se sont
repliés les rebelles responsables de l'assassinat de David Beaton, cardinal
et archevêque primat de Saint Andrews, et principal conseiller de Marie de Lorraine.
La réaction de l'Angleterre ne se fait pas attendre. Le duc
de Somerset, qui assure la régence pendant la minorité d'Edoiurd VI, franchit
la frontière et défait l'armée écossaise à Pinkie le 10 septembre. Les Anglais
occupent la place d'Haddington, d'où ils projettent de lancer de nouvelles opérations
militaires au printemps suivant. Inquiète, Marie de Lorraine fait partir sa
fille en hâte pour une île perdue au coeur du royaume : il est temps de confier
à la France la protection de la petite reine. Quatre galères françaises prennent
la mer sous le commandement du chevalier Nicolas de Villegagnon. Elles se dirigent
rapidement vers les Orcades, îles situées au nord de l'Ecosse, empruntant une
route réputée impraticable tant les tempêtes y sont violentes. Mais les vaisseaux
envoyés par Henri II arrivent à bon port à Dumbarton, sur la côte ouest, au
nord de Glasgow. Le 7 août 1548, Marie de Lorraine, le coeur gros, remet sa
fille, âgée de six ans, à Philippe de Maillé Brézé, qui est chargé de la conduire
en France. Marie Stuart est accompagnée par sa nourrice et par sa gouvernante,
la belle Jane Stuart, lady Fleming, qui charmera le coeur d'Henri III... Le
13 août, les galères du roi atteignent sans encombre le port breton de Roscoff,
prenant de surprise les Anglais qui les attendaient au large de Calais. Les
troupes françaises restées en Ecosse font le siège d'Haddington et infligent
à l'ennemi la perte de plusieurs milliers d'hommes. Bientôt, les batailles s'essoufflent
et la guerre dégénère en une succession d'escarmouches entre factions rivales,
qui troublent le royaume et l'empêchent de s'unir contre l'Angleterre, qui n'a
pas dit son dernier mot.
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