LES VALOIS
HENRI II, CHEF DE GUERRE |
LA PRISE DE GUINES : LES ANGLAIS A LA MER En s'emparant de Calais, le duc François de Guise a porté un coup décisif aux Anglais. Le 21 janvier 1558, avec la prise de Guînes, qui entraînera celle du château de Ham, l'ennemi perdra la précieuse tête de pont sur le continent qu'il tient depuis la Guerre de Cent Ans. Et cette fois, il sera définitivement bouté hors de France! Le 8 janvier 1558 le duc François de Guise a reçu la reddition de Calais. Les Anglais craignaient si peu de perdre cette place hautement stratégique qu'ils occupaient depis la Guerre de Cent Ans qu'ils avaient fait graver sur une des portes cette inscription pleine d'assurance et de morgue : "Les Français reprendront Calais quand le plomb nagera sur l'eau comme le liège!" Côté français, ce fait d'armes a suscité l'enthousiasme du roi Henri II et de tous ses sujets. Reste cependant à en finir avec Guînes, qui, située à l'intérieur des terres à quelques kilomètres au sud de Calais, commande la route vers les villes de Picardie. L'armée royale arrive devant Guînes le 13 janvier. Lord Grey, le gouverneur de la place, et la garnison anglaise ont abandonné la ville pour se réfugier dans la citadelle. Les Français commencent par se livrer joyeusement au pillage, sans prendre aucune mesure de sûreté. L'adversaire profite de ce désordre pour tenter une sortie : il réussit à les repousser et, après avoir incendié les maisons, se replie à l'abri de la forteresse. Lorsqu'il rejoint ses troupes après avoir organisé
la défense de Calais, le duc de Guise décide de mettre le siège
devant la citadelle de Guînes. Il donne l'ordre de creuser une tranchée
et prend la tête des hommes chargés des travaux, exposés
au tir continuel de l'artillerie anglaise. Il les encourage si bien qu'en moins
de trois jours la tranchée atteint le fossé qui entoure la citadelle.
On y installe aussitôt trente cinq pièces d'artillerie, disposées
en trois batteries. Dès lors, l'ennemi est soumis à un bombardement
intensif : en deux jours et demi, les canons français tirent jusqu'à
neuf mille boulets! Une brèche est bientôt ouverte dans les remparts
: mais le duc de Guise ne veut lancer l'assaut qu'à coup sûr et
ordonne d'y faire une reconnaissance. Quatre fantassins parmi les plus agiles,
suivis de vingt de leurs camarades, s'acquittent de cette dangereuse mission
et rapportent qu'il est nécessaire d'agrandir la brèche. Le lendemain,
après un nouveau bombardement, cinq soldats repartent en éclaireurs
: cette fois le passage semble suffisamment large. Emportés par leur impétuosité, la plupart des Français traversent le fossé à la nage. Emmenés par les lansquenets, ils attaquent avec beaucoup de courage mais, malgré tous leurs efforts, sont obligés de reculer. C'est alors que Guise accourt à la rescousse. Galvanisés par sa présence et son exemple, les hommes retournent à la charge et combattent avec tant d'ardeur qu'ils renversent tout ce qui se trouve sur leur passage. Près de quatre cents assiégés, dont quatre vingt Espagnols, perdent la vie dans la bataille. Les Allemands du colonel Reckord chassent les Anglais de deux bastions où les Français ont fait une brèche et qui défendent la cour basse du château. Maîtres de cette position, les royaux se préparent à attaquer le vieux château, où Lord Grey s'est retiré avec l'élite de ses troupes. Mais l'officier anglais, qui s'est pourtant taillé une solide réputation lors de la guerre contre les Ecossais, perd courage; il n'ose pas affronter un nouvel assaut. Il envoie au duc de Guise deux gentilshommes porteurs de sa capitulation. Le lendemain, 21 janvier, toute la garnison, environ mille soldats anglais, flamands et espagnols, sort de la citadelle sans armes, ni drapeaux. Ils ne doivent emporter aucunes "munitions de guerre ni de bouche". Le gouverneur et ses officiers sont faits prisonniers. La place est rasée : elle est désormais considérée comme inutile, car Calais et Ardres couvrent suffisamment la frontière du Nord. La prise de Calais, puis celle de Guînes, qui entraîne la chute du château d'Ham, font perdre aux Anglais leur précieuse tête de pont sur le continent : désormais rejetés à la mer, ils ne constituent plus une menace permanente pour le royaume de France. Page MAJ ou créée le |