LA DEFAITE DE SAINT QUENTIN : L'ARMEE FRANCAISE
EST DECIMEE (10 août 1557)
Dans le nord du royaume de France, deux
armées se font de nouveau face. L'Angleterre de Marie Tudor a déclaré
la guerre à Henri II, et celui-ci doit faire face à une très
puissante alliance anglo-espagnole. Mais les Français vont devoir aussi
compter avec leur propre maladresse et la mauvaise fortune.
C'est à Attigny que, sous le commandement du duc
de Nevers, l'armée française composée de dix huit mille
fantassins et d'environ six mille cavaliers, surtout des Allemands commandés
par le comte hingrave, se rassemble. Du côté de l'adversaire, le
roi Philippe II d'Espagne a pris en personne la tête de ses troupes et,
avec le duc Emmanuel Philibert de Savoie, dispose de trente cinq mille fantassins
et de douze mille cavaliers, auxquels s'ajouteront bientôt huit mille
Anglais débarqués à Calais. L'armée espagnole
commence par attaquer La Capelle et Vervins, qu'elle met à feu et à
sang. Elle feint ensuite de vouloir prendre la place forte de Guise, avant de
se raviser et d'assiéger Saint Quentin le 2 août 1557. Les Français
se sont laissés abuser par ce stratagème et ont dégarni
les défenses de Saint Quentin pour envoyer leurs meilleurs soldats à
la rescousse de Guise. La garnison est donc en effectif restreint, et il ne
lui reste que de piètres soldats. Le capitaine Breuil, son gouverneur,
a pris ses fonctions seulement dix jours auparavant et connaît mal la
place. L'amiral Gaspard de Coligny, en accord avec son oncle le connétable
Anne de Montmorency, décide d'y entrer avec ses hommes. Dès le
3, il part de La Fère, où Montmorency a installé le gros
de son armée. Mais l'opération est menée dans un grand
désordre, si bien que Coligny arrive avec beaucoup moins d'hommes que
prévu : un renfort de seulement deux cent cinquante fantassins, dérisoire
face au cinquante six mille hommes que l'ennemi masse dans la plaine de
la Somme!
Cependant Coligny ne perd pas courage : il prend la responsabilité
de la défense de Saint Quentin et demande de nouveaux renforts à
son oncle. Mais l'armée française joue de malchance, car son guide
se fourvoie, et les troupes de secours se retrouvent face aux Anglais, qui occupent
la route de Ham et les taillent en pièces. Coligny a une nouvelle
idée : d'autres combattants peuvent passer par les marais de la Somme.
Des sentiers étroits permettent de les traverser et seul un bras d'eau
nécessitera quelques barques pour le transport. Il fait prévenir
le connétable, quitte La Fère le 8 août avec deux mille
cavaliers et quatre mille fantassins. Le marais doit être traversé
de jour, car la nuit les hommes lourdement armés risquent de s'y enliser.
Le colonel général François d'Andelot, commandera les renforts.
Pour faire diversion, Montmorency attaquera le camp ennemi vers le faubourg
d'Isle avec le gros de l'armée : quinze compagnies françaises
et vingt deux allemandes, appuyées par quatre gros canons, quatre couleuvrines
et quatre petits canons. Le 10 août au matin, l'artillerie fait feu sur
les quartiers du duc de Savoie, qui doit se réfugier au camp du comte
d'Egmont.
C'est un bon début, mais les renforts d'Andelot
ne parviennent pas à rejoindre Saint Quentin. Arrivés au bord
du bras d'eau, leurs chefs se sont rendus compte que les barques étaient
à l'arrière. Il a fallu les attendre deux heures; puis on s'est
aperçu qu'il n'y en avait pas suffisamment pour transporter tout le monde;
on s'y est cependant entassé et les embarcations n'ont pas résisté
à une trop forte surcharge! De nombreux hommes se sont enlisés
ou noyés, d'autres se sont perdus dans les marais et ont péri
sous les tirs des Anglais... Finalement, seuls cinq cents soldats réussissent
à pénétrer dans la place sous la direction d'Andelot. Après
cet échec, le connétable essaie de trouver une voie de dégagement
pour son armée. Un gué paraît praticable du côté
de l'est. Mais la cavalerie ennemie charge alors avec une telle violence que
les Français sont obligés de battre en retraite sur le plateau.
Là, ils sont mis en déroute par huit escadrons forts chacun de
mille à deux mille cavaliers. Montmorency tente de sauver ce qui lui
reste d'infanterie en la mettant à l'abri dans le bois de Gibercourt
: mais les fantassins sont bientôt la cible de l'artillerie de l'ennemi
et, après quatre heures d'un feu nourri, c'est la débandade totale.
Entre les morts, les prisonniers et les fuyards, il ne reste quasiment plus
rien de l'armée d'Henri II, alors que les Espagnols n'ont pas perdu plus
de cinquante hommes.
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