LA NOUVELLE REINE DE FRANCE
Le 17 décembre 1600, lors de la célébration
de son mariage avec Henri IV, Maris de Médicis a vingt sept ans et un physique imposant.
La nouvelle reine a reçu une solide éducation, mais elle reste d'un tempérament
immature. Attendant de son union avec le Béarnais la revanche d'années d'ambitions
frustrées, elle sera déçue et ne connaîtra guère de bonheur conjugal.
Jusqu'à son mariage avec Henri IV, célébré
à Lyon le 17 décembre 1600, Marie de Médicis n'a jamais quitté sa ville natale
de Florence, où elle a grandi à l'écart de la Cour au palais Pitti. Elle avait
cinq ans lorsque sa mère, l'archiduchesse jeanne d'Autriche, est décédée. Son
père, le grand duc François 1er de Toscane, s'est aussitôt remarié avec sa maîtresse,
Bianca Cappello, veuve d'un simple employé de banque, que la jeune Marie a toujours
détestée.
Les années d'enfance de Marie sont tristes
et solitaires malgré la présence d'une armée de serviteurs et de précepteurs.
Après le décès d'un frère et d'une soeur, puis le mariage de sa soeur Eléonore,
elle a pour seul compagnon de jeux son cousin germain, Virginio Orsini, sur
qui elle reporte toute son affection. Elle reçoit une bonne éducation humaniste,
aime les disciplines scientifiques, se passionne pour les bijoux, les diamants
et les pierres précieuses, ainsi que pour les arts plastiques : elle dessine
bien, joue de la musique, apprécie le théâtre, la danse, les spectacles de cour.
Elle est par ailleurs d'une grande piété. Lorsque son père et sa belle mère
décèdent coup sur coup, en octobre 1587, son oncle Ferdinand devient grand duc,
et c'est lui qui négocie son mariage avec Henri IV. Lors de la célébration
de ses noces, elle a vingt sept ans, soit près de vingt de moins que son époux, qui
avoue l'avoir trouvée "plus belle
et gracieuse qu'il ne se l'était persuadé". A côté
de ses yeux sombres, héritage de son père, elle a une peau très blanche, des
cheveux châtain clair, des formes opulentes qu'elle tient des Habsbourg. Selon
les canons de l'époque, ses traits lourds, son début d'empâtement, son double
menton naissant, sa lèvre inférieure proéminente ne sont pas des désavantages. Le
peintre Pierre Paul Rubens trouvera grand charme à ces rondeurs et à cette mollesse,
à cet éclat de nacre et aussi au grand front bombé, qu'elle fait paraître encore
plus haut en l'épilant, comme le veut la mode florentine. Si ses yeux, petits,
n'ont rien de remarquable, il n'en est pas de même de son allure générale :
grande, majestueuse, Marie a un port de reine et une démarche pleine de dignité,
qu'elle met en valeur par des toilettes très variées, riches et recherchées,
agrémentées d'une profusion de bijoux. Certes, physiquement, elle fait une souveraine
tout à fait convenable.
Intellectuellement en revanche, Marie ne
suscite guère l'admiration. Ses contemporains, notamment ses détracteurs français,
ne manquent pas de souligner son esprit lourd, lent et indolent, son absence
de finesse et de curiosité. Elle manque aussi de persévérance et répugne à l'effort.
Mais ce dernier trait s'explique par crainte de regarder en face les réalités
que, depuis sa triste enfance, elle refuse d'accepter. Elle peut se montrer
autoritaire et têtue, ne reconnaissant jamais s'être trompée. Egocentrique,
jamais non plus elle n'essaie de considérer les choses d'un point de vue autre
que le sien. Dans diverses circonstances, cependant, elle prouvera qu'elle peut
faire d'une situation une analyse juste et même se montrer habile dans une négociation. En
dépit de la suffisance qu'elle affiche souvent, elle est moins sûre d'elle même
qu'il n'y paraît. Elle éprouve des doutes et des difficultés à prendre une décision.
Ce mélange de timidité et d'orgueil fait qu'elle a besoin d'être réconfortée,
flattée, ce qui fait d'elle une proie rêvée pour les ambitieux. Elle suivra
aisément les conseils intéressés de ceux qui dans son entourage auront su accaparer
sa confiance. Sa conversation et sa correspondance, guindées et impersonnelles,
traduisent un manque d'imagination, mais aussi un souci d'autoprotection : Marie
redoute tout ce qui pourrait provoquer le désordre, mettre en jeu sa quiétude
et ses habitudes. Elle accorde une grande importance aux apparences, à l'étiquette,
et son formalisme fera qu'elle sera très rapidement déçue par les manières assez
sommaires qui sont celles de la Cour lors de son arrivée en France. Elle aime
la richesse et les honneurs. Frustrée par des années d'attente et de rancoeurs,
elle espère de son mariage tardif une spectaculaire revanche sur la vie. Elle
rêve de gloire, de pouvoir, et son entourage s'est davantage évertué à flatter
ses ambitions qu'à lui inculquer les devoirs de son nouvel état. Elle n'est
en aucune façon préparée aux obligations et aux désagréments du métier de reine...
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