LES BOURBONS
HENRI IV, SA VIE |
CHARLOTTE DES ESSARTS L'âge venant, Henri IV est toujours aussi sensible aux appâts du beau sexe. Séduit par Charlotte des Essarts en mars 1607, il se laisse émouvoir par son manque de fortune, la couvre de présents, lui alloue une pension, lui confère le titre de comtesse de Romorantin. Mais ses espoirs d'amour partagé seront une fois de plus déçus, et cette idylle ne durera guère. Les couloirs du Louvre ont beau être sombres et les salons éclairés à la lumière vacillante des bougies, Henri IV a remarqué "l'apétissante créature" qui met ostensiblement ses charmes en valeur et semble paticulièrement aimable. Loin d'être intimidée, Charlotte des Essarts, demoiselle de La Haye, soutient le regard du roi. Qu'importe qu'elle ait vingt sept ans et qu'elle ressemble à une adolescente. Qu'importe qu'il compte cinquante quatre hivers et qu'il les fasse. Le Béarnais ne sent pas le poids des ans, encore moins le ridicule de la situation. D'ailleurs, en ce mois de mars 1607, il se sent seul. Et il ne déteste rient tant que la solitude. En effet, la reine Marie de Médicis est sur le
point de donner le jour au petit Nicolas, duc d'Orléans, quatrième
enfant du couple royal. Sa dernière conquête, Jacqueline de Bueil,
comtesse de Moret, est elle aussi dans une "situation
intéressante". Quant à la sulfureuse Henriette
d'Entragues, officiellement exilée à Verneuil, son caractère
de plus en plus irascible lasse le roi. Aussi, comment résister à
la pulpeuse Charlotte, apparemment si ingénue? Elle, dont le sourire
et la langoureuse silhouette laisse présager bien des plaisirs. Mais,
si la jolie demoiselle lui tombe dans les bras, si elle lui fait oublier ses
rides et ses cheveux blancs, elle ne tarde pas à lui laisser entendre
que des compensations sonnantes et trébuchantes seraient les bienvenues.
Bien évidemment, elle y met les formes, minaude sur l'oreiller, cajole
son royal amant, l'attendrit sur sa situation. Le 11 janvier 1608, elle donne le jour à une fillette
prénommée Jeanne Baptiste. Légitimée en mars, celle-ci
rejoint le château de Saint Germain en Laye, transformé en pouponnière
royale et où sont élevés tous les enfants d'Henri IV, qu'ils
soient nés du lit de la reine Marie de Médicis ou de celui de
ses nombreuses maîtresses. La comtesse de Romorantin est à peine
remise que, de nouveau, ele est enceinte. L'année suivante, elle met
au monde une seconde fille, baptisée Marie Henriette. Mais l'enfant ne
sera pas reconnue! Moins ingénue qu'elle n'y paraît, Charlotte
des Essarts ne se contente pas de sa liaison avec le roi. Elle a aussi des amants.
Entre autres, monsieur de Beaumont. Pour se venger d'avoir été
délaissé, celui-ci offre à Henri IV les lettres torrides
que lui a écrites la dame. Si le souverain n'a aucun scrupule à
entretenir plusieurs liaisons à la fois, en revanche, ile ne souffre
pas d'être trompé. Pire, la friponne, trop sûre de son fait,
a osé dire que "Sa Majesté était
plus vert moulu que Vert Galant". Affront suprême. Piqué
au vif, pour ne pas dire humilié, le monarque prie la comtesse de Romorantin
de faire ses malles sur-le-champ, et l'exile au couvent de Beaumont les Tours
pour y méditer sur son comportement à défaut d'y faire
pénitence. Mais il faut se rendre à l'évidence, le lieu
n'est guère approprié au tempérament volcanique de la jeune
femme, qui n'y restera que quelques mois. Durant l'été 1610, après
l'assassinat d'Henri IV, Charlotte des Essarts revient à la Cour plus
triomphante que jamais. Page MAJ ou créée le 2003 |