L'ANNULATION DU MARIAGE D'HENRI IV ET DE LA REINE
MARGOT
Le 17 décembre 1599, après une procédure
de plusieurs années, longtemps ralentie par les craintes d'un remariage du roi
avec sa favorite Gabrielle d'Estrées, le pape Clément VIII annule le mariage
d'Henri IV et de Marguerite de Valois.
En 1593, des démarches ont été engagées pour obtenir le
"démariage" d'Henri IV et de Marguerite de Valois. Les cours européennes
attendent ce divorce avec impatience, et plusieurs princesses, dont Marie de
Médicis, nièce du grand duc Ferdinand 1er de Toscane, sont sur les rangs pour
succéder à la "reine Margot". Les époux s'accordent pour divorcer,
mais la procédure est retardée par les craintes de l'entourage du roi, qui redoute
que le souverain n'épouse sa maîtresse, Gabrielle d'Estrées, et ne légitime
ses bâtards. Exilée au château d'Usson, en Auvergne, la reine éprouve les mêmes
réticences et hésite à fournir les pièces nécessaires. Le 3 décembre 1599, elle
a remis une procuration exigeant que le roi se remarie avec une princesse de
même qualité qu'elle. Henri IV a rejeté ce texte et demandé une autre procuration,
qui tarde à venir.
Les craintes de la reine Margot et des conseillers du
roi semblent largement justifiées : lors du baptême de son dernier fils, le
13 décembre 1598, Gabrielle d'Estrées, comblée de faveurs, s'est comporté en
véritable souveraine. Pourtant à la mi-février de l'année suivante, le diplomate
et marquis Nicolas de Sillery est envoyé à Rome, avec pour mission de présenter
officiellement la requête de "démariage" au pape Clément VIII et de
remettre une lettre pressante du roi au souverain pontife. La grâce qu'il sollicite,
écrit Henri IV, est si importante que "je ne l'estimerai
pas moins que si elle me donnait derechef la vie et à mon royaume aussi; tant
j'ai besoin avec mes sujets d'être consolé d'icelle". Lors d'une
première étape à Florence, Sillery laisse entendre au cardinal de la ville que
le souverain n'a plus l'intention d'épouser sa maîtresse. En Toscane, il demande
au nom du roi un nouveau portrait de la princesse Marie de Médicis. Mais l'agent
du grand duc, Bonciani, est catégorique : "Le roi
de France feint de vouloir épouser la princesse pour obtenir l'annulation; celle-ci
obtenue, il épousera Gabrielle, affirme-t-il (...), Sillery s'en va en Italie
pour tromper tout le monde; il doit pour obtenir l'annulation promettre de grandes
choses à Sa Sainteté". Le 22 février, il annonce :
"La reine a révoqué sa procuration, s'excusant auprès de Sa Majesté de
ne pouvoir faire autrement sans grave surcharge de sa conscience. Elle a consulté
des personnes doctes et prudentes; finalement, elle estime qu'elle met son âme
en danger manifeste". Pourtant, le 9 mars, Bonciani mentionne
la dot prévue pour la princesse Marie, conseillant d'en débattre le montant
avec le ministre Sully. Le 23 février, Henri IV annonce son mariage prochain
avec Gabrielle d'Estrées, maos, le 21 mars, il envoie une nouvelle mission à
Florence... Enfin, ces incertitudes sont levées, au grand chagrin du roi et
au grand soulagement de son entourage, par la disparition de la favorite qui,
le 10 avril, meurt en donnant le jour à son quatrième enfant.
Des dépêches annonçant ce décès partent aussitôt de Paris
pour Rome, Venise, Florence, où l'on se réjouit grandement. La reine Margot
s'active désormais à son "démariage", sommant Sully de hâter la procédure.
A Rome, les émissaires d'Henri IV pressent le souverain pontife, qui, le 31
août, admet le principe d'une annulation canonique et, le mois suivant, nomme
des commissaires chargés d'enquêter auprès du couple royal. De leur côté, tous
les cardinaux romains reçoivent la visite d'envoyés français ayant pour mission
d'emporter leur accord. L'enquête des commissaires en France se révèle favorable.
Le 24 octobre, une bulle pontificale annule le mariage. Le 17 décembre suivant,
la sentence des commissaires est prononcée et notifiée aux parties, cinq jours
plus tard. Les ex-époux s'en félicitent. "Ma soeur,
écrit Henri IV à la reine Margot, si Dieu a permis que
le lien de notre conjonction ait été dissous, Sa justice divine l'a fait autant
pour notre particulier repos que pour le bien public du royaume".
Ce à quoi la reine répond : "Il faut déférer à Dieu
la gloire des heureux événements (...) en me donnant votre paix en laquelle
Votre Majesté fait reluire sa clémence". Elle a, auparavant, écrit
au conseiller Philippe de Mornay, qui, en 1593, a entamé la procédure de divorce
: "J'ai loué Dieu que Sa Majesté eût obtenu de Rome
ce qu'il désirait. Pour le fait de ma procuration, j'écris à Sa Majesté pour
l'assurer que ma volonté ne me changera jamais au voeu que je lui ai fait d'une
entière et parfaite obéissance". Il est vrai que la reine Margot
garde ses titres de reine et de duchesse de Valois, et obtient, comme elle l'a
exigé, deux pensions de cinquante mille livres chacune et deux cent mille écus d'indemnité.
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