LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE, SA VIE
Aliénor d'Aquitaine

 

LOUIS VII ET ALIENOR D'AQUITAINE : LES NOCES BORDELAISES

Le 25 juillet 1137, le futur Louis VII épouse Aliénor, l'héritière du beau duché d'Aquitaine. Bordeaux, où sont célébrées les noces, entend faire honneur à son nouveau seigneur et réserve un joyeux et chaleureux accueil au jeune Capétien et à sa nombreuse suite.

Conformément aux dernières volontés du duc Guillaume X d'Aquitaine, Louis VI a décidé de marier son fils, le futur Louis VII, à Aliénor, l'héritière du défunt. Mi-juillet 1137, dans un somptueux équipage, le jeune prince fait son entrée à Bordeaux, où doivent être célébrées les noces. Capitale religieuse du beau duché, la cité est encore imprégnée des parfums de l'ancienne culture romaine, qui se sont plus ou moins dissipés en Europe. La Cour ducale, particulièrement brillante, bien plus que celle des Capétiens, est un foyer artistique et le berceau d'une "civilité" qui rayonne jusqu'aux confins de l'immense et riche province, s'étend de la Loire aux Pyrénées et de l'Auvergne aux rivages de l'océan Atlantique.
Les ducs d'Aquitaine, qui mènent un train de vie fastueux, ne sont pas seulement des soldats et des administrateurs. Guillaume V le Grand, lors des campagnes militaires les plus dures, s'adonnait la nuit à la lecture. Guillaume IX, le grand-père d'Aliénor, a été le premier des troubadours. Agée de quinze ans à peine, la jeune duchesse est fière de se savoir l'héritière d'une grande tradition, d'appartenir à un lignage à la fois célébré dans les chansons de geste et fondateur de l'abbaye de Cluny. Elle est de quelque deux ans la cadette de Louis de France, mais fait déjà preuve d'une étonnante maturité d'esprit. Les chroniqueurs la décrivent comme avenante, vaillante et courtoise.

Avant de célébrer les noces, il faut attendre que les vassaux aquitains soient tous arrivés des confins de la Gascogne et du Poitou, qu'ils ont quittés pour venir prêter hommage au prince Louis, leur nouveau suzerain. Pendant ce temps, malgré la chaleur et les fatigues du voyage, les barons du Nord partent à la découverte. Ils goûtent le poisson, le mouton, les vins du Poitou et du Limousin. Ils visitent Bordeaux, admirent les riches reliques cédées par Charlemagne, les jardins semi-tropicaux rafraîchis par de nombreuses fontaines, les navires dans l'estuaire de la Garonne, le joyeux désordre du palais de l'Ombrière, forteresse adossée aux remparts et dominant les rives du fleuve. Ils sont surpris et déconcertés par l'exubérance de la foule, plus court vêtue qu'en Ile de France, et par la langue d'oc qu'ils comprennent difficilement.
Le 25 juillet, dans la cathédrale Saint André, tendue de riches tapisseries et parfumée d'encens, la cérémonie du mariage se déroule en toute solennité. Après avoir fait leur entrée accompagnés par les choeurs, Louis et Aliénor prennent place sur deux trônes dressés sur une estrade drapée de velours. Dans sa robe d'écarlate, la duchesse, rayonnante de beauté, se tient très droite, point de mire de tous les regards, qu'elle soutient fièrement. L'assemblée contemple avec bienveillance l'héritier de la Couronne de France, un peu frêle et encore adolescent, rassurée par son élégance, sa mine honnête et son attitude recueillie.

Les jeunes gens échangent leurs consentements devant Geoffroy de Loroux, l'archevêque de Bordeaux, puis le marié couronne lui-même son épouse du diadème d'or royal. A la fin des célébrations, lorsque le couple fait son apparition dans l'encadrement du portail de la cathédrale, il est salué par une salve d'acclamations. La foule en liesse accompagne le cortège nuptial tout au long des rues pavoisées de tapisseries et de bannières. Dans un joyeux tintamarre, les chants se mêlent au son des tambourins et des flûtes, aux vivats du peuple.
Les mariés et leurs invités se retrouvent pour le banquet de noces au palais de l'Ombrière. Dans la cour et dans la salle principale se presse la fine fleur de la noblesse d'Aquitaine et du royaume franc qui, le vin et la musique des troubadours aidant, fait plus que bonne compagnie. Comme le veut la coutume, la fête dure plusieurs jours.
Mais l'abbé Suger, soucieux, s'inquiète pour Louis VI, très malade, et songe déjà au retour à Paris. Le couple ducal repart donc vers la Saintonge, en évitant soigneusement les routes "surveillées" par les forteresses des vassaux ennemis du défunt duc Guillaume, et se dépêche de traverser le rempart naturel de la Charente. C'est seulement alors, à Taillebourg, que les époux peuvent rester un peu seuls et consommer leur mariage.

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