LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE, SA VIE
LOUIS VII ET CONSTANCE DE CASTILLE
A trente ans passés, Louis VII n'a toujours pas de fils qui puisse lui succéder sur le trône de France. Au printemps 1154, deux ans après avoir divorcé d'Aliénor d'Aquitaine, le roi épouse Constance de Castille. De cette union naîtront deux filles : l'une sera l'instrument de la réconciliation avec le roi d'Angleterre Henry II Plantagenêt, l'autre ne survivra que quelques jours à la reine, morte en couches.
Avec Aliénor d'Aquitaine, dont il s'est
séparé en mars 1152, Louis VII a eu deux filles, mais point de fils qui puisse
hériter du trône et assurer la continuité de la dynastie capétienne. Constance
de Castille a toutes les qualités pour succéder à l'impétueuse duchesse. Agée
de dix huit ans, elle est jeune et belle. De haute naissance, elle est la fille du
roi de Castille Alphonse VII le Bon et a été élevée dans des principes religieux
très stricts, ce qui ne peut que plaire au pieux Louis VII. Deux ans après son
divorce, le roi de France, qui va sur ses trente quatre ans, envoie un ambassadeur à la
cour de Castille demander la main de la jeune princesse.
Toutes les unions
royales sont décidées en fonction d'objectifs diplomatiques précis. Ainsi le
remariage d'Aliénor d'Aquitaine avec le puissant roi d'Angleterre Henry II Plantagenêt
a rendu ce dernier maître de tout l'ouest de la France; et il est à craindre
qu'il reprenne les prétentions de la Maison d'Aquitaine sur le comté de Toulouse
et s'allie avec la puissante Maison de Barcelone, dont le chef, le comte Raimond
Béranger IV, est aussi régent du royaume d'Aragon... Une telle situation serait
dramatique, et le Capétien juge donc opportun de resserrer ses liens politiques
et familiaux avec le comte de Toulouse Raimond V de Saint Gilles. D'autant que,
depuis la fin du Xème siècle, la monarchie n'a pu conserver aucune attache avec
les seigneurs du midi et que les comtes de Toulouse n'ont plus fait acte d'allégeance
à la Couronne, pas même lors des cérémonies du sacre.
Louis VII donne donc sa soeur cadette Constance
de France, veuve d'Eustache de Boulogne, en mariage au comte Raimond V et, pour
sa part, sollicite, vers la fin de 1153 ou dans les premiers mois de 1154, la
main d'une autre Constance, la princesse de Castille, dont le père est allié
à la dynastie toulousaine de Saint Gilles et également inquiet des ambitions
aragonaises.
Les noces de Louis VII et de Constance de Castille sont célébrées
à Orléans au printemps 1154, en même temps que le sacre de la nouvelle reine.
Face au Plantagenêt et pour faire échec à une communauté d'intérêts qui ne manquera
pas tôt ou tard, si ce n'est déjà fait, d'entraîner un rapprochement entre Henry
II et la Maison d'Aragon, le roi constitue une triple alliance entre sa Maison,
celle de Saint Gilles et celle de Castille.
En 1156, l'austère Cour de France
est égayée par l'annonce de la naissance prochaine d'un héritier "issu
de la semence royale". Mais la désillusion est amère! La reine met au monde
une fille, prénommée Marguerite, dont le destin va être scellé presque aussitôt.
L'enfant est à peine âgée de quelques mois que, déjà, le chancelier d'Angleterre
Thomas Becket a reçu mandat de s'entretenir avec le roi de France, de lui proposer
d'unir la petite Marguerite à Henry le Jeune, l'héritier d'Henry II, et de le
convaincre de céder en dot le Vexin normand.
Louis VII n'est sans doute pas dupe des
arrières pensées de Becket : recouvrer cette partie du Vexin perdue treize ans
plus tôt par les Anglo-Normands et acquérir un droit éventuel sur le royaume
de France, dont Marguerite est, après tout, une possible héritière... Soucieux
avant tout d'éviter le risque d'une alliance étroite entre l'Angleterre et l'Empire,
le Capétien se laisse persuader que cette union peut être le gage d'une paix
durable. Après deux mois de négociations, Louis VII et Henry II s'entendent
sur une dot comprenant les châteaux de Gisors, de Vaudreuil, de Neauphle et
le reste du Vexin normand, dont le roi de France restera maître jusqu'au mariage,
qui sera célébré dès que Marguerite sera nubile. L'accord est scellé par un
échange de serments, puis en septembre 1158, comme le veut l'usage, le roi d'Angleterre
se rend à Paris, où lui est confiée la petite Marguerite dont il a désormais
la charge de l'éducation. Louis VII pose une seule condition : que sa fille
ne soit pas élevée dans l'entourage d'Aliénor d'Aquitaine. L'enfant est donc
confiée au sénéchal de Normandie, Robert du Neubourg, réputé pour sa grande
rectitude morale.
Bientôt la reine Constance attend un autre heureux événement.
Mais, elle meurt en accouchant d'une fille, le 4 octobre 1160. Elle est inhumée
à Saint Denis avec l'enfant qui ne lui a survécu que quelques jours. De nouveau,
Louis VII se retrouve seul et sans héritier mâle. Avec de surcroît le puissant
Plantagenêt qui nourrit de prodigieux espoirs de se voir un jour roi de France...
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