LOUIS VII REPUDIE ALIENOR D'AQUITAINE

Le 21 mars 1152, Louis VII et Aliénor d'Aquitaine, réunis à Beaugency en présence des plus hautes instances religieuses du royaume, partagent les derniers instants de leur vie commune. Les infidélités de la reine et l'absence d'un héritier mâle ont eu raison de la patience du roi qui ne voit plus d'avenir dans cette union.

Sous le regard des prélats qui ont jadis béni leur union, Louis VII et Aliénor d'Aquitaine écoutent sans mot dire les parents du roi prononcer l'annulation de leur mariage par serment de consanguinité. Aucun débat ne s'élève parmi l'assemblée, la scène qui se joue semble avoir été préparée à l'avance. Sous le prétexte qu'une loi canonique prohibe le mariage entre parents jusqu'au septième degré, les deux époux justifient la nullité de leur mariage par un cousinage au quatrième degré que nul n'était pourtant censé ignorer.

Depuis la mort récente de Suger, en janvier 1151, le roi est privé de son plus fidèle conseiller. Régent du royaume avant le couronnement du prince, le célèbre abbé de Saint Denis a, jusqu'à sa mort, pratiquement gouverné en lieu et place du jeune roi. C'est lui, aussi, qui a orchestré, en 1137, le mariage de Louis VII avec Aliénor d'Aquitaine, augmentant ainsi le royaume de France d'un vaste et prospère duché. Alors que la rupture semble être consommée entre les époux, au cours de leur séjour à Antioche, Suger arrange, avec la complicité du pape Eugène III, une courte réconciliation, en 1149. Mais l'héritier mâle, tant espéré par Louis VII ne naît point de ces brèves "retrouvailles". Aliénor met au monde une seconde fille, Alix. De justes inquiétudes se font alors jour dans l'esprit du roi. La reine vient d'atteindre l'âge de trente ans et n'a toujours pas donné, après seize ans de mariage, d'héritier au trône de France. Or les rumeurs sur l'infidélité d'Aliénor vont bon train. Louis VII ne peut prendre le risque de voir naître un bâtard. La situation devient d'autant plus pressante que la décision de la séparation du couple est lourde de conséquences.

Si le divorce est prononcé, Aliénor gardera le duché d'Aquitaine et l'apportera en dot lors d'un éventuel remariage. Louis VII doit donc sérieusement soupeser les diverses possibilités d'alliances sur lesquelles il peut compter et les risques de perte d'influence du pouvoir capétien. Le prétendant le plus probable est le jeune et ambitieux Henry, fils de Geoffroy le Bel, puissant seigneur d'Anjou. Une union avec Aliénor lui offrirait un vaste territoire, s'étendant de la Somme aux Pyrénées. Louis VII peut compter sur plusieurs alliés pour fragiliser son rival. Le roi Etienne et son fils Eustache de Boulogne, héritier du trône d'Angleterre et prétendant au duché normand, sont les ennemis jurés des Angevins. Le comte Champagne de Blois est un de ses plus fidèles vassaux. En outre, pour briser cette hégémonie, le roi pourra également jouer de son influence sur les turbulents barons d'Aquitaine et sur le jeune Geoffroy d'Anjou, frère puîné d'Henry. La relative fertilité et l'âge d'Aliénor laissent supposer au souverain qu'aucun héritier mâle ne viendra assurer la continuité de la lignée des Plantagenêts. En outre, Louis VII peut enfin espérer nouer une nouvelle alliance avantageuse en épousant une princesse assez jeune pour lui offrir le fils tant souhaité.
A la fin de l'automne 1151, Louis VII et Aliénor entreprennent une chevauchée à travers l'Aquitaine. Certains y voient la réconciliation entre les époux royaux. Il n'en est rien. La rupture est bien définitive et, depuis la mort de Suger, rien ni personne n'a pu les rapprocher. Déjà, dans le duché d'Aquitaine, on remplace les hommes du roi de France par des officiers aux ordres de la reine.
Dans les jours qui suivent la fin de la chevauchée, l'archevêque de Sens prononce la nullité du mariage, lors du concile de Beaugency. Louis VII est alors à mille lieues d'imaginer les conséquences désastreuses que ce divorce aura sur l'avenir de la monarchie capétienne.

Le plus de la fiche

Page MAJ ou créée le

© cliannaz@free.fr