LES CAPETIENS
LOUIS IX,
CHEF DE GUERRE
La campagne
d'Egypte (6 juin 1249 - 6 mai 1250)
LA PRISE DE DAMIETTE
(6 juin 1249)
Le premier objectif de la septième croisade, la "croisade d'Egypte", est le port de Damiette, qui ouvre la voie vers Le Caire. Le 6 juin 1249, Louis IX et l'armée des Francs vont s'emparer de la ville pratiquement sans combattre. Une conquête sans gloire qui leur laissera l'illusion de pouvoir vaincre les Infidèles en toutes circonstances.
Le 13 mai 1249, à Limassol, port méridional de l'île de Chypre, Louis IX donne l'ordre d'appareiller à la flotte croisée, forte de près de 200 navires et de quelques 35 000 hommes. Le premier objectif de l'expédition est Damiette, grande cité portuaire et marchande située sur le bras principal du Nil, menant au Caire. Le roi a hâte d'en découdre avec les Infidèles, mais une tempête contraint ses vaisseaux à rebrousser chemin, et ce n'est que le 30 mai qu'ils prennent la mer pour la traversée qui va les conduire jusqu'en Egypte.
Malgré une seconde tempête, les Francs
arrivent en vue des côtes égyptiennes cinq jours plus tard. Le combat s'engage
contre quatre galères ennemies : trois sont coulées et la dernière est mise
en déroute. Le lendemain, Jean de Joinville, sénéchal de Champagne, résiste
avec quelque 6 000 hommes aux assauts de la cavalerie musulmane.
Tandis qu'il
établit une tête de pont, le gros de la troupe débarque. Louis IX quitte son
navire, le Montjoie, et, avant même que le canot dans lequel il a pris
place n'ait touché terre, il saute "dans
la mer malgré les efforts que l'on fait pour le retenir, de l'eau jusqu'aux
aisselles, l'écu au col, le heaume en tête et la lance à la main et rejoint
ses hommes sur le rivage", rapporte Joinville dans
son Histoire de Saint Louis. "Il aurait
sur le champ couru à l'ennemi si ses chevaliers ne l'avaient retenu".
Le
sultan Saleh Ayoub, malade et pouvant à peine monter à cheval, a chargé l'un
de ses meilleurs généraux, l'émir Fakhr al-Din, de repousser les croisés. Le
combat est bref et violent et, à la tombée de la nuit, les musulmans, fortement
pris à partie, abandonnent le champ de bataille pour rejoindre Damiette. "Fakhr
al-Din lui même ne peut faire autre chose que les suivre",
dans leur fuite, rapporte le chroniqueur arabe Ibn Wasil.
L'armée croisée
à leurs trousses, ils en oublient de détruire le pont de bateaux qu'ils empruntent
pour traverser le Nil. Si bien que Louis IX et ses troupes peuvent s'y engager
à leur tour et se porter vers Damiette, afin d'empêcher Fakhr al-Din d'organiser
la défense de la ville. L'émir, peu enclin à poursuivre les hostilités, s'enfuit
sans demander son reste, sans même passer par la cité en péril d'être prise
par les Francs.
"Il y a bien dans la
ville une garnison de valeureux Kinanites", relate
Ibn Wasil, troupe d'élite que le sultan Saleb Ayoub a chargé d'assurer la protection
de Damiette. Mais, "ils quittent la
ville, suivis de toute la population". Lorsque l'avant-garde
croisée arrive aux portes de la cité, celle-ci est désertée, "vidée
de ses hommes, de ses femmes et de ses enfants". Epouvantés,
tous se sont enfuis pendant la nuit. Louis IX, qui se souvient combien, lors
de la cinquième croisade, le siège de cette place par Jean de Brienne a été
long, songe d'abord qu'il s'agit d'un guet-apens et renonce à faire poursuivre
les fuyards ennemis, pourtant à sa merci et complètement désorganisés. Mais
aucun piège ne lui a été tendu et au matin du 6 juin, en vêtement de pélerin,
il fait son entrée solennelle dans Damiette sans être inquiété. Il se rend à
la mosquée, qu'il fait consacrer à la Vierge Marie et où il fait chanter un
Te Deum.
La fuite précipitée de la population locale a laissé Damiette,
qui regorge de vivres, de marchandises diverses et de nombreuses richesses,
à la merci des Francs. Bien vite, l'indiscipline gagne les rangs des croisés.
Tandis que le partage du butin suscite de longues et laborieuses discussions,
les barons festoient et se livrent aux plaisirs d'un séjour voluptueux et enchanteur,
quand "le commun peuple se prend aux
folles femmes", regrette Joinville.
De son côté,
le sultan Saleb Ayoub est entré dans une grande colère en apprenant la défaite
peu glorieuse de ses troupes. Tout en s'employant à remettre de l'ordre au sein
de son armée, il fait pendre tous les officiers qui ont échappé au désastre.
Refusant de s'avouer vaincu, il s'apprête à reprendre la lutte afin de rejeter
les croisés à la mer.
Page MAJ ou créée le Vendredi 5 Mars 2004