LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF DE GUERRE
Louis IX contre Henry III d'Angleterre
(Février 1229 - 24 juillet 1242)

 

LES VICTOIRES DE TAILLEBOURG ET DE SAINTES
(20 - 24 juillet 1242)

Au printemps 1242, Louis IX convoque l'ost royal. La campagne contre les seigneurs poitevins rebelles et Henry III d'Angleterre va être promptement et rondement menée. En juillet, à Taillebourg, puis à Saintes, le roi porte un coup fatal à l'adversaire : ses vassaux n'auront plus qu'à lui prêter hommage; l'Anglais devra se résoudre à traiter et à conclure une trêve.

L'heure n'est plus aux négociations : pour venir à bout des seigneurs rebelles emmenés par le comte de la Marche, Hugues de Lusignan, Louis IX a convoqué l'ost royal. Le 4 mai 1242, quatre mille chevaliers et deux mille gens d'armes et arbalétriers quittent Poitiers. Fortement armés et pleins d'enthousiasme, ils investissent le Poitou, s'emparent sans difficulté de Montreuil en Gâtine, Fontenay le Comte, Moncontour, Vouvant, faisant de nombreux prisonniers. De son côté, Henry III d'Angleterre, venu apporter son soutien à son beau-père, le seigneur de Lusignan, a débarqué à Royan le 20 mai. Le 16 juin, il a déclaré la guerre au roi de France.

Le 20 juillet, l'armée du roi de France est devant Taillebourg; le sire Geoffroy de Rancon, qui tient la place forte, située sur la rive droite de la Charente en aval de Saintes, préfère se livrer plutôt que de combattre. Le lendemain, Français et Anglais se font face de part et d'autre du fleuve. Repoussé alors qu'il tente de franchir un vieux pont de pierre, l'ennemi se réfugie dans la cité de Saintes. Le surlendemain, l'armée de Louis IX passe à l'attaque. "Il y eut une merveilleuse et forte bataille (...), âpre et dure, mais à la fin les Anglais ne purent soutenir les assauts des Français et se mirent à fuir... La nuit du jour de cette bataille, le roi d'Angleterre et le comte de la Marche s'enfuirent avec tout le reste de leurs gens et évacuèrent la cité et le château de Saintes. Le lendemain matin, 24 juillet, les citoyens de Saintes vinrent remettre au roi Louis les clés du château et de la cité", relate Guillaume de Nangis dans sa Vie de Saint Louis.
Louis IX fait son entrée à Saintes sous les vivats de la foule. Après avoir reçu l'hommage des notables, il laisse une garnison dans la ville conquise et se lance à la poursuite d'Henry III d'Angleterre. Pendant ce temps, les uns après les autres, tous les seigneurs poitevins lui font leur soumission. Le 26 juillet vient le tour d'Hugues de Lusignan.

Le duc de Bretagne Pierre Mauclerc se propose comme médiateur : certes il s'est rebellé contre le roi au temps de la régence de Blanche de Castille, mais il vient de rentrer de Terre Sainte, où il a pris part à la "croisade des barons", et il est à présent un vassal docile. Mauclerc informe Louis IX du résultat des négociations avec Hugues de Lusignan : "Mon seigneur et mon roi, votre homme le comte de la Marche, qui reconnaît vous avoir gravement offensé, confesse ses torts et a recours à votre miséricorde. Il m'envoie à vous car je suis celui en qui son âme a le plus confiance. Je fais appel à votre bonté et vous demande de le tenir à nouveau pour votre vassal, revenu à vous sans félonie", rapporte le chroniqueur Mathieu Paris. Hugues de Lusignan, ses trois fils et son épouse Isabelle d'Angoulême, pleurant et suppliant, implorent le pardon de Sa Majesté. Ils sont contraints de reconnaître la souveraineté du comte Alphonse de Poitiers, de prêter hommage pour le comté d'Angoulême, les châteaux de Cognac, Jarnac, Aubeterre et Villebois, et de remettre en garantie trois de leurs places fortes.
Après la cuisante défaite de Saintes, Henry III d'Angleterre rallie Pons, Barbezieux, où il manque de peu d'être capturé, Blaye puis Bordeaux. Il ordonne le blocus maritime de La Rochelle : ce sera un échec. Faute de pouvoir compter sur le soutien du comte Raimond VII de Toulouse, il sollicite une trêve. Celle-ci sera conclue pour cinq ans à Lorris le 12 mars 1243, et établira les fondements de la paix franco-anglaise. Mais il faudra attendre le traité de Paris, signé en mai 1258, pour que le contentieux entre Louis IX et le roi d'Angleterre soit réglé et que prenne fin ce qu'on a appelé la "première guerre de Cent Ans".

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