LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF DE GUERRE
La campagne d'Egypte (6 juin 1249 - 6 mai 1250)

 

LA RANCON DU ROI
(6 mai 1250)

Capturé le 6 avril 1250 par le sultan égyptien Turanchah, Louis IX est détenu dans la forteresse de Mansourah. Tandis que la plupart des captifs chrétiens ont le choix entre l'abjuration et la mort, le roi, qui souffre d'une grave dysenterie, est entre les mains des médecins musulmans. Grâce à leurs excellents soins, il va recouvrer la santé et pouvoir négocier le montant de la rançon qui lui permettra d'être libéré, après un mois de détention, le 6 mai 1250.

Dans la maison d'un vieux scribe de Mansourah, le roi de France, souffrant de la dysenterie, gît sur sa couche, revêtu d'une "robe de soie noire, fourrée de vair et de gris, où il y avait grand foison de boutons d'or" que lui a fait confectionner le sultan Turanchah. Soigné quotidiennement par les habiles médecins du souverain égyptien, il recouvre peu à peu des forces et reprend des couleurs. Le régime de faveur qu'on lui a accordé ne s'arrête pas là : deux de ses fidèles serviteurs, son cuisinier Isambard et son chapelain Guillaume de Chartres, ont pu rester auprès de lui. Au cours de ses longues journées de détention, le roi prie, médite sur le sort que Dieu lui a réservé, et qu'il accepte volontiers, tente, vainement, de convertir ses geôliers au christianisme.
Mais maintenant qu'il semble en bonne voie de guérir et de survivre à la maladie, il est temps de songer à négocier sa libération, celle de ses barons et celle des survivants de l'armée de la septième croisade.

Contre la libération des croisés, Turanchah exige que lui soient restituées, en plus de la ville de Damiette, les fortersses latines du royaume de Jérusalem et celles que détient l'ordre du Temple. Louis IX rétorque qu'il ne peut accéder à cette requête, puisque le royaume de Jérusalem dépend de l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen et que les Templiers ont fait le serment de ne jamais livrer de châteaux aux Infidèles.
Bien que menacé des pires tortures, il reste sur ses positions. Comprenant que le roi n'a qu'une parole, le sultan renonce à ses exigences et affirme qu'il se contentera d'une rançon d'un million de besants d'or, soit 500 000 livres tournois. Indigné, le Capétien réplique qu'il n'est pas "tel que je dusse me racheter au prix d'argent". Il propose de payer la somme demandée pour ses compagnons d'armes et d'offrir Damiette en échange de sa propre libération.
La reine Marguerite de Provence, qui vient d'accoucher d'un fils prénommé Jean Tristan, est chargée de réunir le montant de la rançon. En outre, elle est contrainte de délier largement les cordons de la bourse royale afin de convaincre les marins pisans et de nombreux barons de rester en Egypte. L'abandon de Damiette par les chrétiens mettrait gravement en péril, faute de monnaie d'échange, la libération du roi son époux.

Le 28 avril 1250, les barons francs sont convoqués par le sultan afin de signer les conventions de libération des captifs. Prévoyant un premier versement de 200 000 livres, puis celui d'un second du même montant une fois le roi libéré, l'accord est ratifié le 1er mai. Mais, le lendemain, Turanchah est renversé et assassiné par les mamelouks, sa garde d'élite d'origine turque. Les captifs craignent pour leur vie jusqu'à ce que, le surlendemain, les nouveaux maîtres de l'Egypte confirment à Louis IX que l'arrangement conclu avec le sultan sera respecté.
A Damiette, la reine Marguerite de Provence, la garnison et tous les chrétiens valides embarquent à destination de Saint Jean d'Acre, en Syrie. Puis, les portes de la ville sont ouvertes aux musulmans. Pendant ce temps, le souverain, accompagné de son frère Charles d'Anjou et du sénéchal de Champagne Jean de Joinville, est escorté jusqu'aux rives du Nil, où l'attend une galère génoise. Le 6 mai, après un mois de détention, il est enfin libre. Mais 1 200 de ses compagnons sont encore captifs. L'un de ses frères, le comte Alphonse de Poitiers, est gardé en otage en attendant le versement de la deuxième partie de la rançon. Il ne sera libéré qu'après que le roi aura emprunté 30 000 livres aux Templiers, en complément des 177 000 livres qu'il a prélevées dans les caisses de l'armée. Après avoir remonté le delta du Nil, Louis IX quitte l'Egypte pour la Palestine, où il attendra la libération des derniers croisés et dont il a décidé de réorganiser les défenses : il y restera quatre ans.

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