LES CAPETIENS
LOUIS IX,
CHEF DE GUERRE
La campagne
d'Egypte (6 juin 1249 - 6 mai 1250)
LA DEFAITE DE MANSOURAH
(6 avril 1250)
Le 20 novembre 1249, l'armée de la croisade d'Egypte quitte Damiette, prise quelque cinq mois plus tôt, et fait route vers le Sud et Le Caire. Mais, les Francs ne pourront s'emparer de la capitale du sultan Turanchah. Arrêtés par les troupes musulmanes qui gardent la puissante forteresse de Mansourah, ils subiront une terrible défaite, le 6 avril 1250. Quant à Louis IX, miné par la dysenterie, il sera fait prisonnier avec tous les grands seigneurs de son entourage.
Après avoir attendu longuement l'arrivée
des renforts conduits par son frère la comte Alphonse de Poitiers, Louis IX
peut enfin tenir son conseil de guerre. Là, contre l'avis des barons qui l'engagent
à s'emparer d'Alexandrie, il décide de marcher sur Le Caire et de se porter
contre la forteresse de Mansourah, où est puissamment installé le sultan Turanchah,
qui a succédé à son père Saleh Ayoub.
Le 20 novembre, l'armée de la septième
croisade quitte Damiette et prend la route du Sud, escortée par les navires
qui, empruntant le Nil, assurent son ravitaillement et le transport du matériel
militaire. A travers des territoires inconnus et hostiles, les croisés progressent
très péniblement, durement éprouvés par les innombrables raids de la cavalerie
musulmane.
Ce n'est qu'un mois plus tard, le 19 décembre,
que les Francs arrivent en vue de Mansourah, pourtant à seulement cinquante
kilomètres au sud-ouest de Damiette. Louis IX conçoit très vite qu'il va être
difficile de prendre d'assaut la citadelle, protégée par le canal d'Achmoun,
le plus large et le plus profond des bras du Nil, sur lequel veillent, aux avant-postes,
des navires égyptiens. Sur l'avis de ses ingénieurs, le roi décide que ses troupes
franchiront cet obstacle après que la construction d'un barrage aura permis
de l'assécher. Harcelés sans relâche par les archers et les cavaliers ennemis,
les croisés sont contraints de renoncer à mener l'entreprise à son terme. C'est
alors qu'un bédouin se propose, contre une substantielle rétribution, de leur
indiquer un gué où ils pourront aisément traverser.
Après que les Francs
ont passé le gué, le 8 février 1250, le comte Robert d'Artois, l'un des frères
du roi, décide, contre l'avis du Templier Guillaume de Sonnac, d'attaquer le
poste avancé des musulmans. Après de durs affrontements, son initiative téméraire
se solde par un succès qui l'entraîne à aller plus avant et à pénétrer dans
la forteresse de Mansourah. Mais pris au piège, il est massacré, ainsi que tous
ses hommes. Lorsque Louis IX apprend la nouvelle, le soir venu, "les
larmes lui tombaient des yeux bien grosses", relate
le sénéchal de Champagne Jean de Joinville dans son Histoire de Saint Louis.
Démoralisés et attaqués de toutes parts
par les forces ennemies, qui ont lancé une contre-offensive, les croisés résistent
avec acharnement. Mais leurs rangs sont décimés par un nouvel et terrible adversaire
: une grave épidémie de dysenterie. Selon Joinville, la maladie est due aux
poissons dont se nourissent les Francs, qui ont été infectés par les innombrables
cadavres charriés par les eaux du Nil.
Les croisés doivent se résoudre à
battre en retraite et à regagner Damiette. Ils repartent vers le Nord dans la
nuit du 5 au 6 avril. Louis IX refuse de prendre place à bord d'un des navires
où les malades ont été embarqués. Le 6 avril au soir, l'arrière-garde franque
fait étape dans le petit village de Munyat Abu Abdallah. Le roi, en proie à
une forte fièvre, doit s'aliter. Gautier de Châtillon, comte de Blois, chargé
de surveiller la maison où repose le Capétien, est tué par les Egyptiens qui
assaillent le village. Les barons restés auprès du souverain lui suggèrent de
négocier une trêve. C'est alors qu'un sergent de Paris nommé Marcel fait irruption
en annonçant que le camp est cerné par l'ennemi. Plus question de trêve! A l'aube
du 7 avril, le roi et tous les grands seigneurs de son entourage sont faits
prisonniers. L'armée croisée est pratiquement anéantie : les blessés sont massacrés,
les rares survivants capturés. En haillons, le teint blême, miné par la maladie,
Louis IX est conduit à Mansourah, où il est emprisonné. C'en est fini de la
septième croisade. Il ne reste plus guère qu'à négocier la libération du roi
de France, si toutefois il parvient à guérir.
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