LES CAPETIENS
LOUIS IX,
CHEF DE GUERRE
Montségur
LE SIEGE DE MONTSEGUR
(Mai 1243 - Mars 1244)
Au printemps de 1243, l'armée du roi de France met le siège devant le plus puissant des refuges cathares en Languedoc. Il faut détruire Montségur. Ce bastion de "l'hérésie", qui abrite les assassins des inquisiteurs d'Avignonet, va narguer pendant des mois les chefs de la croisade contre les Albigeois. Au terme d'un siège de près d'une année, les hommes de Saint Louis devront avoir recours à la force pour venir enfin à bout de la résistance des rebelles.
Un beau matin de mai 1243, c'est sans surprise que les occupants du château de Montségur voient apparaître à l'horizon l'avant-garde d'une gigantesque armée. Commandés par le sénéchal de Carcassonne, Hugues des Arcis, les soldats du roi de France établissent leur camp sur le plateau qui fait face au sommet sur lequel se dresse la forteresse tenue par les rebelles cathares. Dans le campement français, 7 000 hommes, chevaliers et servants, galvanisés par l'archevêque de Narbonne, Pierre Amiel, s'activent à la préparation du siège. Dans la citadelle de Montségur, "l'évêque" cathare de Toulouse, Bertrand Marty, Pierre Roger de Mirepoix et Raimond de Pereille, chefs de la garnison, s'apprêtent à soutenir le plus long siège de l'histoire de la croisade contre les Albigeois.
Ce n'est pas le premier siège que
doit soutenir Montségur Déjà, deux ans plus tôt, les soldats du comte de
Toulouse ont occupé les positions aujourd'hui tenues par les hommes du roi de
France. A la suite de la révolte de Trencavel, vicomte de Carcassonne, de
Béziers et d'Albi, Raimond VII de Toulouse, soupçonné malgré sa neutralité,
de connivence avec le rebelle, a dû
renouveler son hommage à Saint Louis. Pour plaire au roi très chrétien, il a
promis de poursuivre la chasse aux hérétiques. il a donc, symboliquement et
sans grande ardeur, mis le siège devant le dernier refuge de l'Église cathare.
Mais ses troupes s'étaient retirées déclarant le château imprenable.
C'est le massacre
des inquisiteurs, à Avignonet, en mai 1242, qui a mis le feu aux poudres. Le
Languedoc s'est embrasé durant quelques mois pendant lesquels Raimond VII,
soutenu par les vicomtes de Foix et de Béziers, s'est soulevé contre le roi de
France, a repris Narbonne et Albi. Mais Henry III d'Angleterre, dont les
rebelles attendaient le soutien, a été plusieurs fois battu par les troupes
royales. Il a alors fallu se soumettre. Raimond VII a juré obéissance à Saint
Louis et promis de lutter contre le catharisme, conformément au traité de
Meaux-Paris, signé en 1229.
Seul Montségur se
dresse désormais contre
l'autorité royale. Refuge des assassins des inquisiteurs d'Avignonet, il est
aussi le siège de l'Église hérétique.
Deux cents hommes d'armes dans
Montségur. Plus de 2 000 combattants dans la plaine. On
pourrait croire la supériorité française écrasante. Mais ce serait sans
compter avec le relief tourmenté de cette partie des contreforts des
Pyrénées. Montségur est inaccessible, tant aux hommes qu'aux armes de jet.
Les croisés frémissent à la seule idée d'escalader à découvert le "pog" au sommet duquel se dresse la citadelle. Les ingénieurs français,
quant à eux, sont incapables de construire des catapultes d'une portée suffisante pour atteindre les murailles surplombant de
vertigineux à-pic. La seule solution réside dans le blocus. L'été viendra et
asséchera les citernes. Le contrôle et la surveillance des alentours
empêcheront tout ravitaillement.
Mais, depuis longtemps, les rebelles
vivent dans l'éventualité d'un siège. Ultime refuge des cathares, Montségur
a reçu, au cours des années précédentes, un grand nombre de dons de la part
de sympathisants et de pèlerins, aussi bien en argent qu'en vivres. Les
réserves sont pleines et l'argent du "trésor" permet de solder les
hommes de la garnison.
Au bout de cinq mois, la situation
n'a guère évolué. Cependant, dans le camp français, la lassitude gagne. Les
assiégés, soutenus par la présence des membres de leur Église, gardent
confiance. ils ne semblent pas souffrir du blocus, rationnant néanmoins l'eau
et tirant profit de la moindre averse.
Quant aux vivres, on
continue d'en recevoir de l'extérieur. Les croisés, dont on achète parfois la
complaisance, ne peuvent contrôler tous les sentiers qui dévalent la montagne.
En pleine nuit, de téméraires grimpeurs escaladent les pentes du "pog", chargés d'armes et de nourriture. Au cours des premiers mois du siège,
le village de Montségur, situé dans la vallée, est devenu la plaque tournante
d'un commerce florissant, profitant tant aux assiégés qu'aux assiégeants.
Peu à peu, les
croisés prennent conscience de l'inefficacité de leur stratégie. Début
novembre 1243, ils lancent le premier assaut, qui fera les premiers morts d'un
siège commencé six mois plus tôt.
Page MAJ ou créée le