LES CAPETIENS
LOUIS IX,
CHEF DE GUERRE
Montségur
LA PRISE DE MONTSEGUR
(1er mars 1244)
Sur son piton rocheux, Montségur occupe une place à part dans l'histoire de la croisade contre les Albigeois. Bien que n'étant pas le dernier château occitan à tomber aux mains des Français, il symbolise pourtant la fin de la lutte armée des Cathares. Après dix mois de résistance dans des conditions extrêmes, les assiégés de Montségur finissent par se rendre, au matin du 1er mars 1244.
L'espoir les a abandonnés. En cette fin
février 1244, l'hiver rigoureux est mordant dans ce pays de montagne. Perchés à plus de
1 200 mètres d'altitude, retranchés dans l'enceinte du vaisseau de pierre que constitue
le château de Montségur, les assiégés sont à bout de forces. Les vivres s'épuisent.
La promiscuité rend l'attente d'hypothétiques renforts intolérable, alors que les
blessés sont toujours plus nombreux. Au sommet du "pog", le silence règne,
troublé par le seul bruit de pierres du trébuchet qui frappent régulièrement la
muraille.
Dans une grande clameur, tentant le tout pour le tout, les assiégés risquent une sortie
désespérée afin de déloger les croisés de la barbacane où ils ont pris pied quelques
semaines auparavant. Sur ce petit bout de terre qui côtoie le ciel, les râles des
blessés se mêlent bientôt au fracas des armes. Dans la plus grande confusion, les
occupants de la forteresse, d'abord débordés, parviennent à repousser les Français,
presque parvenus à franchir les remparts. Leur joie est de courte durée. S'ils n'ont pas
été vaincus cette fois-ci, ils ne pourront faire face à un nouvel assaut.
Dans les brumes matinales du 1er mars, le son d'un cor parvient au champ croisé. Les
rebelles sont prêts à négocier.
Le château subit un véritable blocus depuis mai 1243. Les croisés, qui n'osent pas
s'aventurer sur le "pog" ont espéré que leur seule présence au pied de la
montagne entraînerait la capitulation de Montségur. A l'approche de l'hiver, ils tentent
d'abréger le siège.
Malgré la vigueur du relief, ils
parviennent aux portes de la forteresse, où se sont réfugiés parfaits et croyants,
désertant leurs cabanes serrées autour du donjon. Presque totalement encerclés, les
assiégés tentent encore quelques sorties, mais sans grand résultat. Seuls des chemins
terriblement escarpés, que les croisés ne peuvent surveiller, leur permettent de rester
en contact avec l'extérieur. Mais derrière les remparts, la panique gagne. Les murs
battus par les boulets se fendent, les blessés sont de plus en plus nombreux tandis que
les bien-portants ne sont épargnés ni par la disette ni par la maladie.
Dans leur nid d'aigle, les défenseurs ont encore en mémoire les massacres commis par les
croisés de Simon de Montfort. Ils savent qu'ils ne pourront tenir longtemps, le comte de
Toulouse n'interviendra pas et que le prochain assaut conduira certainement à la prise du
château. Aussi, comptant sur la lassitude des Français, prêts à tout accepter pour en
finir, les chefs rebelles, Raymond de Pereille et Pierre Roger de Mirepoix, demandent à
négocier la reddition de la place.
A l'aube du 1er mars 1244, chefs croisés
et rebelles arrivent assez vite à un compromis et les combats cessent immédiatement. Le
pardon est accordé à tous. Moyennant une confession assortie de peines légères, les
hommes d'armes sont libres et absous. Croyants et parfaits peuvent partir sans crainte, à
condition qu'ils abjurent. Dans le cas contraire, ils seront livrés aux flammes du
bûcher. Le château, quant à lui, reviendra au roi de France et à l'Eglise au terme
d'une trêve de quinze jours. Les conditions accordées aux assiégés sont pour le moins
généreuses, preuve que les croisés veulent en finir rapidement. Jusqu'au 16 mars, les
vaincus organisent leur départ. Dans le nid d'aigle enfin rendu au calme, les parfaits
refusent de renier leur foi. De nombreux croyants, et quelque soldats, reçoivent le "consolamentum",
signant par là même leur arrêt de mort. On partage les biens entre ceux qui vont
vivre... Les journées se passent en prière et en recueillement. Dans le camp croisé, on
attend, confiant et convaincu d'avoir enfin mâté l'hérésie.
La nuit précédant la fin de la trêve, des mots d'adieu résonnent. Quatre parfaits
quittent discrètement la forteresse. Encordés, ils descendent le long de la paroi
occidentale du "pog"... afin que "l'Eglise Cathare ne perde pas son
trésor qui était caché dans les bois", depuis le mois de décembre
précédent. Au matin du 16 mars 1244, un cortège solennel passe les portes du château
et descend le sentier étroit et malaisé. Au pied de l'escarpement, on a dressé un
gigantesque bûcher...
Page MAJ ou créée le