LES BOURBONS
LOUIS XVI, LES ARTS ET LES SCIENCES |
LE BALLON A GAZ DE JACQUES CHARLES Le 1er décembre 1783, le physicien Jacques Charles décolle du jardin des Tuileries et effectue le premier vol à bord d'un ballon à gaz. Gonflé à l'hydrogène, et non à l'air chaud comme les montgolfières, ce nouvel engin suscitera l'admiration et l'enthousiasme d'un public qui se passionne pour l'aérostation. Le 21 novembre 1783, Jean François Pilâtre de Rozier et
le marquis François d'Arlandes ont effectué le premier vol libre à bord d'une
montgolfière : une expérience qui a enthousiasmé Louis XVI et la Cour. Pionniers
de l'aérostation, les frères Joseph et Etienne de Montgolfier font bien vite
des émules. Ces techniques suscitent des discussions passionnées entre partisans de l'un ou de l'autre engin volant. Attendant impatiemment le décollage du ballon de Charles, les Parisiens ont souscrit par centaines à l'opération en versant un écu chacun pour assister à l'événement à une place privilégiée. "Dans tous nos cercles, dans tous nos soupers, aux toilettes de nos jolies femmes comme dans nos lycées académiques, il n'est plus question que d'expériences, d'air atmosphérique, de gaz inflammable, de chars volants, de voyages aériens", constate le baron philosophe Melchior de Grimm. Dix jours seulement après le succès du vol de Pilâtre de Rozier, l'aérostat de Charles, avec son enveloppe de neuf mètres de diamètre rayée de rouge et de blanc, est prêt et amené déjà gonflé au jardin du palais des Tuileries. Le 1er décembre 1783, "tout Paris était dehors. Jamais on n'avait vu si magnifique assistance pour une expérience philosophique", raconte Banjamin Franklin, alors représentant des jeunes Etats d'Amérique en France. Etienne de Montgolfier est là. Charles lui tend solennellement un petit ballon d'essai, destiné à contrôler la direction du vent, et lui affirme : "C'est à vous, Monsieur, qu'il appartient de nous ouvrir la route des airs". Côte à côte, les deux rivaux amicaux regardent le globe vert indiquer la direction du nord est. Puis Charles et Noël Robert montent dans la nacelle, où l'on a pris la précaution de placer des couvertures, des fourrures... et du champagne. Ils larguent dix neuf livres de lest et, au coup de canon qui donne le signal du départ, la machine prend l'air silencieusement. L'assistance reste muette de stupéfaction, comme pétrifiée.
Lorsque le ballon atteint une soixante de mètres de hauteur, raconte Franklin,
"les courageux aventuriers brandirent et agitèrent
des deux côtés de la nacelle un petit fanion blanc pour saluer les spectateurs",
qui se ressaisissent enfin pour les applaudir à tout rompre. Depuis son perchoir,
Charles s'extasie : "Jamais rien n'égalera ce moment
d'hilarité qui s'empara de mon existence lorsque je sentis que je fuyais la
terre, ce n'était pas du plaisir, c'était du bonheur". Page MAJ ou créée le 2002 |