LES MEROVINGIENS

DE DAGOBERT 1ER A THIERRY III : DAGOBERT 1ER

 

LA MONTEE EN PUISSANCE DES MAIRES DU PALAIS

Les maires du palais, les plus hauts dignitaires après le roi, constituent de véritables dynasties et, après la mort de Dagobert 1er en 639, détiennent de plus en plus la réalité du gouvernement. Leur ascension se heurte à des résistances, mais avec la décadence des Mérovingiens, elle va se révéler inexorable. Elle sera consacrée, après maintes luttes et rivalités, par la prise du pouvoir par la puissante famille des Pépinnides.

Au VIème siècle, le maire du palais (major domus ou magister palatii) est attaché à la personne du roi ou de le reine. Représentant des puissantes aristocraties régionales, il commande les intendants chargés de l'exploitation du domaine royal, gère la fortune du souverain, dirige le gouvernement intérieur du palais. C'est la fonction qu'exerce auprès de Clotaire II, puis de Dagobert 1er, Pépin 1er l'Ancien (ou Pépin de Landen). Petit à petit, ce chef des serviteurs du palais va intervenir dans les affaires de l'Etat. A patir du VIIème siècle, il acquiert des pouvoirs politiques, s'attribue le pouvoir judiciaire et la direction des fonctionnaires. Devenu le plus proche collaborateur du souverain, il ne tarde pas à entrer en concurrence avec son maître.

En 630, Dagobert 1er contrôle les royaumes de Neustrie, d'Austrasie et de Burgondie. Il nomme en Neustrie un maire du palais appelé Aega, qui lui garantit la fidélité des Grands du royaume dont il est issu. En Austrasie, c'est toujours Pépin 1er qui occupe cette fonction. Lorsque le roi meurt, en 639, la même année que Pépin 1er, les cours royales deviennent des foyers d'intrigues. Règnes brefs, successeurs mineurs, crises de succession, rivalités dynastiques entraînent un affaiblissement du pouvoir royal, dont les Grands profitent pour accroître leurs prérogatives.
La fin des grandes guerres de conquête tarit une source de revenus importante; les combattants se détournent du roi et les finances de la monarchie s'épuisent. Parallèlement, les propriétaires terriens s'enrichissent. Le clientélisme se développe : de plus en plus d'hommes libres se placent sous la dépendance des aristocrates, qui ont les moyens de financer de véritables armées privées, détournant ainsi à leur profit la fidélité et le service militaire normalement dus au roi. La capacité des maires du palais, issus de cette classe dont ils sont considérés comme les chefs, s'en trouve augmentée. Ils arrachent aux souverains mérovingiens de plus en plus de privilèges.
En Austrasie notamment, la famille des Pépinnides s'est forgée, par une adroite politique d'alliances matrimoniales, un immense patrimoine foncier dans les vallées de la Meuse et de la Moselle. Elle a utilisé ses richesses et ses relations pour se constituer un exceptionnel réseau de fidélités et réunir des troupes nombreuses et bien armées.

Les maires du palais s'efforcent d'accroître leur puissance et celle de leur clientèle. Ils prennent la tête des factions concurrentes dans les différents royaumes. Dagobert 1er a laissé deux enfants : Sigebert III, roi d'Austrasie, et Clovis II, roi de Neustrie et de Bourgogne, pour lequel la reine mère Nanthilde assure la régence. A la mort de Clovis II, en 657, c'est sa jeune veuve Bathilde qui doit exercer la régence pour son fils aîné, Clotaire III.
Le maire du palais de Neustrie, après Aega, est Archinoald, puis son fils Ebroin en 675. En Austrasie, Grimoald, fils de Pépin 1er, évince ses rivaux et impose son propre fils Childebert l'Adopté à la place de l'héritier de Sigebert III, mort en 656. Ce coup de force suscite la rébellion de l'aristocratie. Après six ans de troubles, Grimoald est vaincu, le second fils de Clovis II, Childéric II, devient roi d'Austrasie. "Lorsque le roi Sigebert mourut, Grimoald fit tonsurer son jeune fils Dagobert (...) afin d'établir son propre fils dans le royaume. Les Francs, que sa conduite avait extrêmement irrités, lui préparèrent un piège et (...) l'amenèrent devant Clovis, roi des Francs. Il fut emprisonné à Paris (...) et, méritant la mort pour avoir tourmenté son seigneur, il fut supplicié jusqu'à ce que mort s'ensuive", relate la chronique Liber Historiae Francorum.
En Neustrie, le maire du palais Ebroin vient à bout de la reine Bathilde et choisit un successeur à Clotaire III : Thierry III. Là encore, l'aristocratie, dont le droit traditionnel au choix du roi est bafoué, se révolte. L'Austrasie est appelée à la rescousse. En 687, le maire Pépin II, petit-fils de Pépin 1er, héritier de la fortune des Pépinnides et maître du pouvoir en Austrasie, bat à Tertry les Neustriens du maire Berchaire, gendre de Waratto, qui a succédé à Erchinoald. Les deux grandes entités politiques du monde franc sont alors unifiées sous l'autorité fictive du roi neustrien Thierry III et de ses descendants, derniers représentants de la dynaste mérovingienne. Mais la totalité du pouvoir réel appartient désormais aux maires du palais.

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