DE DAGOBERT 1ER A THIERRY III : DAGOBERT 1ER
PEPIN L'ANCIEN DEVIENT MAIRE DU PALAIS D'AUSTRASIE
En 614, Clotaire II, seul roi des Francs, nomme Pépin l'Ancien maire du palais d'Austrasie. Neuf ans plus tard, il lui confie, ainsi qu'à son ami l'évêque de Metz Arnoul, la tutelle de son jeune fils Dagobert 1er, qu'il a placé sur le trône du royaume de l'Est.
Pépin l'Ancien (également appelé Pépin de Landen) est
né vers 580. Il est issu d'une puissante famille de l'aristocratie austrasienne
qui possède de vastes domaines dans le Brabant, en Hesbaye, entre les vallées
de l'Escaut et de la Meuse, et dans le Namurois. Il a épousé la vetueuse et
riche Latta, soeur de Modoald, le futur évêque de Trèves, qui lui a apporté
en dot de grandes propriétés dans le pays de Metz.
En 613, à la mort de Thierry
II, la régente Brunehaut a tenté d'imposer Sigebert II, son arrière-petit-fils
et le fils aîné du défunt, sur le trône d'Austrasie. Mais les Grands du royaume,
las du long règne de la vieille reine, se sont soulevés et ont fait appel au
roi de Neustrie Clotaire II. Pépin de Landen et son ami Arnoul sont de ceux-là,
et ne seront sans doute pas étrangers à la mort tragique de Brunehaut, pour
laquelle ils ressentent une aversion proche de la haine. Devenu seul roi des
Francs, Clotaire II entend récompenser ceux qui l'ont soutenu. A l'été 614,
il nomme Pépin de Landen maire du palais d'Austrasie et attribue le siège épiscopal
de Metz à Arnoul.
Farouchement attachés à leur indépendance, les aristocrates
austrasiens ne sont duère enclins à se soumettre à l'autorité d'un roi neustrien.
Pour mettre fin à leurs tentatives de rébellion et se les rallier, Clotaire
II décide, en 623, d'associer son fils Dagobert 1er au trône, de le faire proclamer
roi d'Austrasie, de l'envoyer dans la province orientale et de le confier à
la "tutelle" de Pépin de Landen et d'Arnoul. Cependant, il ampute
le royaume de l'Est d'un tiers de ses territoires et laisse dans dans la mouvance
neustrienne les Vosges, les Ardennes et toute l'Austrasie du Sud, comprenant
l'Aquitaine et l'Auvergne. Lorsque Dagobert 1er arrive à Metz, la capitale de
son royaume d'Austrasie, il découvre une cité prospère qui n'a rien à envier
à Paris et qui compte de nombreux monuments, monastères et sanctuaires. Et c'est
par Pépin de Landen qu'il est accueilli en son palais, bâti sur d'anciens thermes
romains et dominant un bras de la Moselle.
Clotaire a-t-il voulu éloigner
son fils de la Cour? A-t-il voulu limiter ses ambitions en le plaçant sous la
responsabilité de Pépin de Landen et d'Arnoul? ou a-t-il espéré que sa présence
mettrait un frein à l'appétit de pouvoir des deux puissants aristocrates? Toujours
est-il que sous cette "régence", on ne sait trop qui, de Dagobert
1er ou de Pépin et d'Arnoul, a été placé sous surveillance, qui suscite la méfiance
du roi des Francs, qui est le plus influent. Bien que Dagobert 1er soit loin
d'être un jouet docile entre les mains de ses "sages conseillers",
chacun semble trouver son compte dans cette collaboration et ce partage du pouvoir.
Peu à peu, le jeune roi s'affirme, revendique son autonomie face à son père.
Quant au maire du palais et à l'évêque de Metz, ils continuent à exercer conjointement
le gouvernement avec une remarquable efficacité, tout en s'employant à éliminer
les familles rivales.
En 629, à la mort de Clotaire II, Arnoul peut enfin réaliser
son rêve le plus cher et se retirer au monastère de Remiremont. Pépin de Landen
est désormais seul à régner sur l'Austrasie. Begga, sa fille, ayant épousé Ansegisel,
le fils d'Arnoul (ils seront les grands-parents de Charles Martel et la souche
de la dynastie carolingienne)), il est également le chef du clan le plus solide
et le plus influent en Austrasie. Mais Dagobert 1er n'entend pas laisser le
maire du palais jouir de sa toute puissance. En succédant à son père, il est
devenu à son tour le roi de tous les Francs et estime prudent de regagner Paris,
capitale politique du grand royaume. Avec lui, il entraîne Pépin de Landen.
Et, tout au long de son règne personnel, il garde son ancien maître auprès de
lui, sans lui confier aucune charge importante : ni celle de maire du palais,
ni celle de précepteur de son fils... Le roi souhaite-t-il avoir en permanence
ce précieux conseiller auprès de lui? Ou craint-il qu'il ne s'arroge le pouvoir
s'il reste seul en Austrasie?
Pendant près de dix ans, Pépin de Landen est
contraint de demeurer à la Cour de Paris. C'est seulement à la mort de Dagobert
1er qu'il peut enfin quitter sa prison dorée, rejoindre Metz en toute hâte et
remonter sur la scène politique. Avec l'archevêque de Cologne, Cunibert, il
encourage l'aristocratie à reconnaître le petit roi Sigebert III, l'en fant
à peine âgé d'une dizaine d'années de l'Austrasienne Ragnétrude, concubine de
Dagobert 1er. Il réclame à la reine mère Nanthilde la partie du Trésor revenant
au royaume de l'Est et la fait rapporter à Metz. Il s'apprête à reprendre ses
fonctions de maire du palais, quand la mort le surprend en 640.
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