LA REGENCE DE NANTHILDE : LA DELICATE SUCCESSION DE DAGOBERT 1ER

A la mort de Dagobert 1er, Nanthilde exerce la régence au nom du jeune Clovis II. La reine doit faire face au délicat problème de la succession de son époux sur fond de conflit entre la noblesse austrasienne, d'une part, neustrienne et bourgogne, d'autre part.

En décembre 629, Dagobert a épousé Nanthilde. En 631, alors que la reine ne lui a pas encore donné d'héritier, le roi a eu un fils, Sigebert, d'une de ses concubines, l'Austrasienne Ragnétrude. Les leudes d'Austrasie réclament à cor et à cri que le jeune Sigebert leur soit donné comme roi. Mais Dagobert 1er a promis à Nanthilde que ses fils seraient ses seuls héritiers. En 634, la naissance de Clovis, fils de la reine, va apporter à ce dilemne une solution qui, bien que partielle, permettra au souverain de satisfaire toutes les parties.

Depuis 622, et tout au long de son règne, Dagobert 1er a affirmé sa souveraineté quasi absolue sur toutes les provinces du royaume franc. Mais, à la veille de sa mort, les ambitions des Grands vont trouver l'occasion de se manifester. La noblesse austrasienne ne s'est pas contentée de la promesse, toute virtuelle, qui lui a été faite. Bien que le roi lui ait affirmé que le jeune Sigebert serait son successeur sur le trône du royaume de l'Est, elle exige la présence effective d'un souverain en Austrasie. Dagobert 1er, qui souhaite éviter un nouveau morcellement du royaume franc et le recul des frontières en deçà de celles de la Neustrie, de l'Austrasie et de la Bourgogne réunies, peut difficilement satisfaire cette demande. Lorsque naît le petit Clovis, en 634, la tension entre le roi et les Grands est à son comble, et le fils de Nanthilde fait figure de sauveur. Dagobert lui attribue la Neustrie et la Bourgogne, tandis que Sigebert devient roi d'Austrasie.
Le baptême du futur Clovis II est célébré à Epernay. Puis lors d'une deuxième cérémonie, le roi le désigne officiellement comme son successeur à la Cour de Paris.
Le futur Sigebert III, lui, se voit promu roi d'Austrasie sous la tutelle de l'archevêque Cunibert et du duc d'Anségise. La même année, à Clichy, une assemblée des Grands confirme cet arrangement.

La mort de Dagobert 1er, en 639, va cependant raviver les appétits des deux camps. La question du partage du trésor est l'occasion d'un premier accrochage. Alors que les Austrasiens demandent une répartition égale entre Sigebert et Clovis, les Neustriens rétorquent que seul ce dernier, en tant qu'héritier direct, peut se le voir attribuer. C'est la reine Nanthilde qui doit donc trancher du haut de son prestige de régente de Neustrie et de Bourgogne. En toute magnanimité, elle défend le partage entre les deux jeunes souverains. Ce geste de conciliation lui a sans doute été soufflé par le duc Ega, homme sage et avisé que Dagobert 1er mourant a désigné comme régent des deux royaumes.
Malheureusement, en 640, Ega meurt. Nanthilde est assez adroite pour le remplacer par le duc Erchinoal, le puissant maire du palais de Neustrie, qui se révèle à son tour un conseiller précieux. Jusqu'en 642, la régente parvient à maintenir l'alliance entre la Neustrie et la Bourgogne et à éviter désordres et guerre civile. Mais, lorsqu'elle nomme Flaochad maire du palais de Bourgogne de nouveaux troubles éclatent. A peine entré en fonctions, Flaochad suscite par sa rapacité et ses exactions l'indignation du peuple et des grandes familles évincées du pouvoir. Le conflit devient militaire, et toute une partie du royaume franc s'en trouve, pendant de longues années, livrée à l'anarchie.
Une des dernières initiatives de la régente, et non des moindres, est le choix de la jeune Bathilde, comme épouse pour son fils. Mariée à Clovis II en 649, celle-ci sera une reine pieuse et sage et, à la mort de son mari, en 657, une régente aussi avisée que sa belle-mère. Nanthilde mourra en 650 et sera ensevelie à Saint Denis, dans le même sépulcre que Dagobert 1er.

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