LES MEROVINGIENS

DE DAGOBERT 1ER A THIERRY III : DAGOBERT 1ER

 

ELOI, HOMME DE COUR ET HOMME DE FOI

Tous les enfants de France ont chanté le célèbre refrain du "bon Saint Eloi", écrit onze siècles après la mort du conseiller de Clotaire II et de Dagobert 1er. Patron des orfèvres, des forgerons et de tous les ouvriers qui travaillent les métaux, Eloi a été tout à la fois un artisan talentueux, un fin politique et un chrétien à la foi chevillée au corps.

Eloi naît vers 588, à quelques kilomètres de Limoges, dans le petit village de Chaptelat. Il est issu d'une famille romaine, d'origine relativement modeste mais suffisamment aisée pour vivre de ses propriétés. A l'instar d'autres citadins, les parents d'Eloi ont préféré la campagne à l'agitation et aux dangers de la ville.
Dès son jeune âge, Eloi est destiné à exercer le métier d'orfèvre. Un choix réfléchi, en un temps où le travail des métaux et la fabrication des objets d'art sont des activités non sans prestige et où la frappe de la monnaie est une fonction privilégiée. Le jeune homme est placé en apprentissage chez Abbon, comte de Limoges et monétaire du roi, un aristocrate local autorisé à battre monnaie. Bien vite, on remarque les qualités d'Eloi. Celui-ci est envoyé à Paris pour se perfectionner auprès de Bobon, le monétaire de la Cour, trésorier de Clotaire II. Là, Eloi parfait non seulement son art (ce qui lui vaut d'être fait maître de la monnaie) mais aussi son éducation politique.
L'image que nous en donne alors son ami et disciple Dadon, le futur Saint Ouen, est celle d'une homme accompli dont le physique élégant manifeste la droiture, à la fois capable d'en imposer aux grands de ce monde et d'une humilité complète devant Dieu.
Elevé dans la compagnie du jeune Clotaire II, c'est grâce aux liens qu'il tisse avec le roi qu'Eloi acquiert un entregent qui lui vaudra d'occuper une place si importante à la Cour et au sein du Gouvernement.
Son influence est telle que c'est à lui que s'adressent en premier lieu aussi bien les évêques en mission à Paris que les ambassadeurs de passage. De cette position privilégiée, Eloi n'hésite pas à user, et abuser pour obtenir la libération de prisonniers à qui il offre les moyens de s'installer dans l'un des sanctuaires qu'il a fondés.
Mais ce grand homme n'en est pas moins capable d'une émotivité surprenante. Ainsi, c'est en larmes qu'il vient rappeler à Clotaire II la promesse de dotation qui lui a été faite pour pourvoir aux besoins de son couvent de l'Ile de la Cité, le terrain cédé sur les terres royales s'étant avéré plus petit que prévu.
En 622, lorsque Dagobert 1er succède à Clotaire II, son père, Eloi reste l'un des principaux conseillers du nouveau souverain. Trésorier du roi, il est également chargé de nombreuses missions diplomatiques.

Marqué ta,t par la sensibilité que par la foi, Eloi est un mystique dont l'empreinte spirituelle trouvera des échos 25 ans après sa mort, dans l'oeuvre de Saint Ouen. Celui-ci rapporte la dévotion sans limite que le conseiller du roi manifeste aux nombreuses reliques que recèle sa chambre. Mais, surtout, Eloi est d'une fidélité à toute épreuve à son Seigneur. Lorsque Clotaire II le convoque pour lui prêter serment de loyauté, il s'évanouit sur l'autel portatif qu'on lui présente, terrorisé à l'idée de faire allégeance à tout autre que Dieu.
En 632, Eloi reçoit la prêtrise et fonde le monastère de Solignac, dans son Limousin natal. En 641, il est fait évêque de Noyon et se consacre à l'évangélisation, portant la bonne parole à des peuples aussi lointains que les Frisons. Depuis la mort de Dagobert 1er, en 639, Eloi a quitté la Cour. Il n'y reviendra que peu avant sa mort, le 1er décembre 660, lors de la régence exercée par la reine Bathilde. Désormais, il se consacre entièrement à sa charge ecclésiastique. Il fonde les monastères de Noyon, de Tournai, de Saint Quentin, les sanctuaires de Saint Bon, sur la rive droite de la Seine, et de Sainte Colombe, près de Sens. Mais surtout, Eloi se dévoue au service des pauvres, pour lesquels il fait construire un hôpital dans son évêché, et se consacre au rachat des esclaves.

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