LES VALOIS
CHARLES IX, SA VIE
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LE FUTUR HENRI III, LIEUTENANT GENERAL DU ROYAUME Le 12 novembre 1567, Charles IX signe les lettres patentes par lesquelles il confie à son frère cadet, le duc Henri d'Anjou, la charge de lieutenant général du royaume. A seize ans (et le jour de la mort du vieux connétable Anne de Montmorency, à qui l'on ne désignera pas de successeur), le futur Henri III va devenir l'unique chef des armées royales. Durant l'été 1566, les Pays Bas protestants se sont soulevés contre Philippe II d'Espagne, qui a chargé l'implacable duc d'Albe de mater cette "révolte des gueux". En France, ces événements ont suscité l'inquiétude de la reine mère Catherine de Médicis, qui a levé des mercenaires pour assurer la protection des frontières nord du royaume. Les chefs du parti huguenot ont immédiatement songé à secourir leurs coreligionnaires de Flandre, mais ils craignent aussi que les troupes de la reine mère ne se retournent contre eux. Au cas où la guerre serait déclarée à l'Espagne, le prince Louis de Condé se considère comme le plus apte à assumer le commandement suprême de l'armée royale : il ne peut concevoir que cette responsabilité soit confiée au vieux connétable de Montmorency, âgé de soixante quatorze ans. Et, si la France vient en aide aux calvinistes des Pays Bas, nul ne sera mieux à même de diriger les opérations militaires qu'un prince huguenot. Le 10 juillet 1567, Condé s'en va au château
de Saint Germain faire ses offres de service à Charles IX. Il se déclare prêt
à prendre tête des quatre mille à cinq mille cavaliers dont il peut disposer dans un très bref
délai. Sa proposition n'est guère appréciée ni de Sa Majesté ni de son Conseil
: le duc Henri d'Anjou, le futur Henri III, est chargé de le lui faire savoir.
Le frère du roi s'acquitte de sa mission avec l'insolence de la jeunesse, et
non sans une certaine morgue. Lors d'une vive altercation, il affirme assumer
désormais la charge de lieutenant général du royaume et tance rudement le prince,
qu'il accuse de ne désirer servir que ses propres intérêts et non ceux du roi.
Il lui reproche en outre "l'outrecuidance
d'oser et vouloir prétendre sur la charge qui lui était due",
rapporte le mémorialiste Pierre de Brantôme. Condé, courageux capitaine de trente
sept
ans, reste interdit et décontenancé face à l'arrogance de cet adolescent. Cependant,
il s'incline, proteste que sa seule motivation est le service du roi et s'engage
à obéir. Mais Henri d'Anjou, que ce soit de son fait, de celui de Charles IX
ou de celui de Catherine de Médicis, vient de le rejeter définitivement dans
le camp des protestants les plus déterminés. Le lendemain, 11 juillet, après
avoir demandé son congé au roi et à la reine mère, il quitte la Cour pour se
retirer sur les terres de son château de Vallery, près de Sens. Début septembre, le duc d'Albe met fin
à la rébellion des Pays Bas. Du mieux qu'elle peut, la reine mère tente de résister
aux instances de son gendre Philippe II d'Espagne, qui l'engage à réprimer sévèrement
"l'hérésie calviniste". Mais, à la fin du mois, sa bonne volonté à
l'égard de ses sujets huguenots est sérieusement contrariée par l'affaire de
la "surprise de Meaux". Cette vaine tentative d'enlèvement, ourdie
par le prince de Condé contre sa personne et celle du roi, rallume les feux
des guerres de Religion. Maintenant que les protestants ont repris les armes,
elle doit avoir une confiance absolue en celui qui sera nommé lieutenant général.
Pourqoui pas Anjou? Ce choix aurait par ailleurs l'avantage de passer outre
les rivalités et les jalousies des Grands. Elle entreprend donc d'en convaincre
le roi. Page MAJ ou créée le |