LES VALOIS
CHARLES IX, SA VIE
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LE DUC DE GUISE PROJETTE D'ENLEVER LE FUTUR HENRI III Dans la nuit du 11 au 12 octobre 1561, Catherine de Médicis apprend que son fils cadet, le futur Henri III, doit être enlevé, à l'initiative du duc François de Guise, par le duc Jacques de Nemours. Cette machination permettrait aux catholiques extrémistes de faire pression au cas où la reine mère et le jeune Charles IX se convertiraient à la Réforme. Avec subtilité, Guise a choisi la persuasion plutôt que la force. De son côté, le jeune prince est enchanté à la perspective de "fuguer". "Eh bien, qu'ils partent!" pense Catherine de Médicis. Pour un peu, elle en soupirerait d'aise. En ce début d'octobre 1561, François de Guise, le puissant duc de Lorraine, le connétable Anne de Montmorency et Jacques d'Albon, maréchal de Saint André, ont annoncé qu'ils se retiraient chacun sur leurs terres. Les "triumvirs" quittent la Cour pour bien marquer leur désaccord avec la politique tolérante de la reine mère à l'égard de la Réforme protestante. Or ce départ cache une sombre machination. Le duc de Guise a prévu d'enlever Monsieur, le futur Henri III, frère cadet du roi. Au cas où la reine mère et le jeune Charles IX se convertiraient au protestantisme, les ultra-catholiques auraient ainsi un précieux otage. Quelques semaines auparavant, lors d'un entretien avec Catherine de Médicis, Anne d'Este, duchesse de Guise, a évoqué le risque encouru à garder les petits princes en un même lieu. Quelles proies faciles pour des rebelles décidés à s'emparer d'eux! Fort habilement, elle a suggéré d'installer Monsieur chez sa tante Marguerite, devenue duchesse de Savoie par son mariage avec Emmanuel Philibert et soeur du défunt Henri II, ou encore chez sa soeur la duchesse Claude de Lorraine. Catherine de Médicis a catégoriquement refusé.
Elle entend veiller sur la sécurité de ses chers petits et n'a
aucune envie de se séparer de son fils préféré,
qu'elle appelle affectueusement "petit aigle". En outre, elle se méfie
de ses "beaux cousins lorrains". Sagement, la duchesse de Guise n'a
pas insisté; mais, de fait, un projet d'enlèvement a pris tournure. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour se laisser tenter.
Monsieur hésite encore. Jamais la reine mère ne consentira à
le laisser partir. Ses "ravisseurs" putatifs arguent qu'il suffit
de ne rien dire à Catherine de Mdicis. Dans ces conditions, comment ne
pas succomber à une proposition aussi attrayante? D'autant que cette
équipée se révèle bien romanesque. Il est prévu
que Monsieur quittera le château de Saint Germain en Laye en se glissant,
la nuit, par la fenêtre de sa chambre donnant sur le parc, puis sautera
dans un carrosse où l'attendra le duc de Nemours afin de rejoindre l'escorte
des Guise qui le conduira jusqu'en Lorraine. L'aventure est trop belle et semble
fort peu risquée. Monsieur est enchanté à la perspective
d'une "fugue" dont il se plaît à imaginer le déroulement. Page MAJ ou créée le |