LES MEROVINGIENS

CLOVIS ET LES PERSONNALITES

 

L'EVEQUE AVIT DE VIENNE FELICITE CLOVIS POUR SA CONVERSION A LA RELIGION CHRETIENNE

Avit est passé dans l'Histoire grâce à la lettre qu'il a adressée à Clovis pour le féliciter de s'être converti à la foi chrétienne. Cette missive, témoignage unique, illustre le grand sens politique et l'attachement de l'évêque de Vienne à la doctrine orthodoxe de l'Eglise romaine. Le prélat s'y exprime avec l'aisance du lettré et rhetoricien conseiller des rois de Burgondie, la conviction du religieux militant contre les hérésies et l'humanité du saint homme soucieux du salut de ses ouailles.

Le jour de Noël 496, Clovis a été baptisé par l'évêque Rémi de Reims. La conversion du roi des Francs au catholicisme a un retentissement considérable, dans le nord des Gaules et jusque dans les régions méridionales. En Burgondie, Avit, l'évêque de Vienne, ainsi que de nombreux prélats, a été invité à venir à Reims pour officier au côté de Rémi. Mais il n'a pu s'y rendre. Mais au lendemain de l'événement, il adresse à Clovis une lettre tout à la fois d'excuses : "Je n'ai pu y assister de corps, mais j'ai participé de coeur à vos joies...", et de félicitations. "La Providence divine a découvert l'arbitre de notre temps... Votre foi, c'est notre victoire à tous... Vos aïeux vous ont préparé de grandes destinées; vous avez voulu en préparer de plus grandes à ceux qui viendront après vous... L'Orient peut se réjouir d'avoir élu un Empereur qui partage notre foi; il ne sera plus seul désormais à jouir d'une telle faveur. L'Occident, grâce à vous, brille aussi d'un éclat propre, et voit un de ses souverains resplendir d'une nouvelle lumière... Puisque Dieu, grâce à vous, va faire de votre peuple tout à fait le sien, eh bien! offrez une part du trésor de foi qui remplit votre coeur à ces peuples assis au-delà de vous et qui, vivant dans leur ignorance naturelle, n'ont pas encore été corrompus par les doctrines perverses : ne craignez pas de leur envoyer des ambassades, ni de plaider auprès d'eux la cause de Dieu qui a tant fait pour la vôtre..."

Non seulement Avit souligne dans sa missive la portée historique de l'événement, mais encore, faisant preuve d'une grande clairvoyance, il incite Clovis à christianiser toute la Gaule. Si le prélat peut se permettre de donner ce conseil au roi des Francs, c'est parce qu'il a une influence considérable sur la vie ecclésiastique en Gaule et joue un rôle de premier plan à la Cour du roi de Burgondie.
Né vers 450, Alciminius Ecdicius Avitus, communément appelé Avit, est issu d'une riche famille de l'aristocratie sénatoriale romaine. Sous la férule du rhéteur Sapodus, il a reçu une solide éducation classique. Après la naissance de son sixième enfant, Hesychius, le père d'Avit, a publiquement fait voeu de chasteté. Vers 470, à la mort de son épouse, il s'est retiré dans un monastère situé aux portes de Vienne, en Dauphiné. Cinq ans plus tard, ayant frappé les esprits par son pieux comportement, il a été élu évêque de sa ville. A la mort d'Esychius, l'assemblée des fidèles a tout naturellement songé à son fils, Avit, pour lui succéder. Bien que marié et père de plusieurs enfants, en 490, le jeune homme est devenu à son tour évêque de Vienne.

Depuis lors, Avit s'est fait remarquer tant par la sincérité et la profondeur de sa foi que par son exceptionnel sens politique. Théologien, il est apprécié par les hommes de son temps comme par ceux des générations suivantes, tel Grégoire de Tours. Lettré érudit, auteur d'épîtres et de poèmes d'inspiration religieuse, il est passé maître dans l'usage de la rhétorique, comme le montre sa lettre à Clovis. En 494, Avit s'est fait remarquer encore en négociant la libération de prisonniers de guerre italiens. Evêque catholique vivant dans un royaume dont les sujets ont majoritairement adhéré à l'arianisme, il s'est fait le défenseur de l'orthodoxie chrétienne face aux hérésies, arienne, monophysite ou nestorienne. Fidèle soutien du Saint Siège, il a milité en faveur du souverain pontife Symmaque contre l'antipape Laurent.
Mais Avit joue surtout un rôle important auprès de Gondebaud, le roi des Burgondes, dont il est l'un des plus proches conseillers. S'il ne peut convaincre le souverain de se rallier au catholicisme, il l'amène cependant à élever ses enfants dans la foi orthodoxe et il est l'artisan de la conversion de Sigismond, le premier roi martyr chrétien. Avec ce dernier, fils et successeur de Gondebaud, il contribue à la fondation de l'abbaye d'Agaune et de la basilique dédiée à Saint Maurice, légionnaire romain martyr du IVème siècle. Politique avisé et conseiller des rois de Burgondie, évêque pieux et entièrement dévoué à ses ouailles, Avit s'est éteint en 518, dans sa bonne ville épiscopale de Vienne.

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