CLOVIS ET LES PERSONNALITES
SAINT MARTIN, PATRON DE LA NATION FRANQUE
Bien que Martin ait vécu presque un siècle avant l'évènement de Clovis, il joue un rôle important tout au long du règne des Mérovingiens. En effet, Tours, sa ville, est non seulement le lieu du triomphe de Clovis mais aussi le refuge des rois déchus. On comprend mieux pourquoi ces monarques ont accordé tant d'importance à la portion du manteau du saint conservé dans leur trésor.
En 507, lorsqu'il reçoit de l'empereur
d'Orient les insignes du consulat, Clovis se trouve à Tours, ville dont Martin a été
l'évêque. Dans ce moment de gloire, la proximité du tombeau du saint est pour le roi
récemment converti comme un signe du destin. Peu avant sa mort, en 511, le pèlerinage de
Tours est déclaré 'Pèlerinage de la Gaule" par le concile d'Orléans réuni par
Clovis. Par la suite la basilique de Saint Martin sert de refuge aux membres la famille
royale, tel Chilpéric hébergé, de 573 à 594, par l'évêque Grégoire.
L'empreinte de Saint Martin semble planer au-dessus de la dynastie mérovingienne comme un
voile protecteur.
L'histoire de Martin commence en 356. A
20 ans, alors qu'il a reçu deux ans auparavant le baptême chrétien, il a l'occasion de
quitter l'armée romaine lorsque, après la victoire de Worms, l'empereur Julien offre à
ses troupes un donativum, sorte de prime exceptionnelle que les soldats peuvent refuser en
échange de leur démobilisation. Traité de lâche, Martin déclare qu'il est désormais
"soldat du Christ".
Ce fils d'officier romain, enrôlé plus ou moins de force par la volonté de son père,
retourne d'abord dans sa région natale, la Pannonie, à l'ouest de la Hongrie actuelle,
pour y convertir ses parents au christianisme. Alors que sa mère adopte la nouvelle foi,
son père y reste totalement fermé. Martin se rend ensuite à Milan et à Rome pour
défendre la confession nicéenne contre l'arianisme en passe de conquérir l'Empire.
Enfin il s'établit dans l'île de Gallinaria, en mer Adriatique, où il se fait ermite.
En 360, les opposants de l'arianisme sont rappelés à leurs anciens postes après que
Julien a pris parti pour la profession de foi de Nicée; parmi eux, Hilaire, évêque de
Poitiers et mentor de Martin. Tout naturellement, ce dernier rejoint son maître et
s'installe à Ligugé, en Poitou, où il poursuit son existence ascétique. Néanmoins,
sous la pression d'Hilaire, Martin accueille d'autres frères et constitue une modeste
communauté.
Le 4 juillet 371, Martin est conduit par ruse à Tours. Là, le peuple qui attend la
nomination d'un évêque depuis un an, l'acclame et le désigne pour occuper le siège
épiscopal. Martin est le premier surpris. Le corps ecclésiastique ne souhaite pas cette
nomination. D'autre part, Martin n'est même pas prêtre; d'autre part, cet homme simple
et peu lettré choque la sensibilité des évêques plus cultivés et mondains.
Dans un premier temps, le nouvel évêque
de Tours songe à s'installer dans une cellule près de la cathédrale. Mais il sent
combien les préoccupations quotidiennes de ses ouailles vont l'absorber. Aussi
s'établit-il dans une cabane en bois à Marmoutiers, à quelques lieues de Tours,
entre une falaise abrupte et la Loire. Ses disciples le suivent et habitent dans des
grottes creusées à même le calcaire. Ainsi est fondé l'ancêtre de nos monastères.
Pourtant, Martin ne vit pas en reclus. Il se consacre avec passion à sa nouvelle tâche.
Il parcourt la campagne alentour pour dénoncer les cultes païens qui y sévissent.
Malgré sa douceur naturelle, Martin n'hésite pas à recourir à la violence en
incendiant ou en détruisant les temples impies. Auprès des grands, le saint fait la
preuve de ses talents de magicien en réussissant plusieurs guérisons miraculeuses. Son
extrême humilité frappe jusqu'à la cour. Ainsi, lors d'un dîner avec l'empereur, en
385, Martin demande à manger assis plutôt qu'allongé sur un lit de table. Ceci fait,
contre toutes les convenances, il passe sa coupe aux mains du frère qui l'accompagne
signifiant qu'il préfère la modestie de son compagnon à l'apparat impérial.
Après un quart de siècle consacré à l'épiscopat, Martin s'en remet à Dieu. Il meurt
non loin de Tours, à Candes, le 8 novembre 397. Les Tourangeaux lui rendent hommage lors
de funérailles solennelles qui se déroulent le 11 du même mois.
Saint Martin est dès lors voué à une grande postérité comme en témoignent les
nombreux hameaux qui portent son nom.
Sa biographie, rédigée par Sulpice Sévère, est reprise par Grégoire, évêque de
Tours et historien des Francs. Ainsi se souvient-on encore de Saint Martin, ce saint
frustre et modeste, simple et puissant.
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