LES MEROVINGIENS

CLOVIS ET LES PERSONNALITES

 

THEODORIC LE GRAND, ROI DES OSTROGOTHS

En 494, Théodoric épouse Audoflède, la soeur de Clovis. Au long des deux décennies qui suivent, le roi des Ostrogoths et le roi des Francs ne cessent de s'Affronter. L'un et l'autre ont un insurmontable appétit de pouvoir. L'un et l'autre prétendent régner sur les restes de l'Empire Romain d'Occident. Plus raffiné que son adversaire du nord des Gaules, Théodoric, que certains historiens ont qualifié de "préfiguration de Charlemagne" va s'employer à multiplier les conquêtes et apporter à son royaume d'Italie une remarquable prospérité.

Né en 451 de l'union du roi Théodomir et de son épouse Ereliève, Théodoric est un prestigieux descendant du clan ostrogoth. Ce groupe tribal, originaire de Scandinavie, a été grandement influencé par la domination des Huns, dont il s'est libéré lors de la bataille de la rivière Nedao, en 454. En tant que fédérés, ils résident depuis le traité signé avec l'empereur Marcien en Pannonie, sur la rive méridionale du Danube.

Après s'être soulevés, en 458, les Ostrogoths doivent renouveler le foedus qui les lie à l'Empire Romain. Cet engagement est garanti par des otages de haut rang. Le jeune Théodoric est parmi ceux-ci. Pendant dix ans, à la Cour de Constantinople, il bénéficie d'une double éducation, à la fois germanique et romaine. Il apprend le grec et le latin, se familiarise avec la culture classique et s'initie aux finesses des institutions de l'Empire.
En 474, Théodoric est rappelé auprès des siens pour succéder à son père. Deux ans plus tard, Zénon remarque la valeur du jeune prince qui contribue à son rétablissement sur le trône, usurpé par Basilisque. L'empereur propose à Théodoric le royaume de Messie et l'adopte à la mode germanique comme "fils d'arme". Celui-ci est en outre récompensé par les titres prestigieux de patrice, de maître de la milice, en 483, puis de consul, en 484.
Malgré ces faveurs, Théodoric pratique un chantage continuel avec Constantinople et n'hésite pas à soulever à plusieurs reprises son peuple contre le joug romain. Si bien, qu'en 488, Zénon, qui souhaite l'éloigner des frontières d'Orient, lui fait l'extraordinaire proposition de supplanter Odoacre en Italie. Un excellent moyen de se débarrasser d'un adversaire turbulent.

En 489, à la tête de quelques 100 000 Ostrogoths et Ruges, Théodoric pénètre en Italie. S'il remporte une première victoire, le 28 août, sur l'Isonzo, puis une seconde, le 30 septembre, à Vérone, seul le soutien des contingents envoyés par son cousin, le roi des Wisigoths, Alaric II, lui permet finalement de prendre le dessus. Odoacre s'est réfugié à Ravenne. Le 26 février 493, après trois ans de siège, la ville tombe enfin. Sa reddition est célébrée, le 15 mars, par un fastueux banquet au palais impérial du Laurier. Là, au beau milieu des festivités, Théodoric égorge Odoacre, son adversaire vaincu, ainsi que toute sa famille.
Désormais maître de la Péninsule, des Alpes à la Sicile, ainsi que de la Dalmatie, Théodoric n'hésite pas à solliciter le port du costume impérial et le titre de vice empereur. Sans même attendre la réponse de l'empereur (une réponse qui ne lui arrivera que quatre mois plus tard, alors qu'Anastase a succédé à Zénon) il se comporte d'ores et déjà comme s'il était l'héritier de Rome en Occident, à un rang tout juste inférieur à celui de l'empereur d'Orient.
Souverain incontesté de l'Italie, maître de Rome et de Ravenne, Théodoric adopte une politique intérieure reposant sur la ségrégation des populations romaines et germaniques. Il reprend le système fiscal romain, fort bien conservé dans cette région, en plaçant à sa tête des comtes goths à sa solde. Le tiers de l'impôt foncier sert au financement de l'armée. Celle-ci est l'apanage des Ostrogoths alors que le port des armes est interdit aux Romains. Au plan religieux, Théodoric, arien, met en place un clergé arien en regard du clergé catholique. Certaines villes peuvent ainsi avoir deux évêques, l'un arien, l'autre catholique. En revanche, le droit romain, remis en usage, est applicable à tous.
A Ravenne, Théodoric établit sa Cour, s'entoure de ministres lettrés, tels Cassiodore ou Boèce, favorise toutes les disciplines artistiques. Pendant les quelque trente ans de son règne, l'Italie retrouve son ancienne prospérité.
Ambigu et raffiné, le gouvernement de Théodoric constitue l'exact opposé de la politique que Clovis mettra en place en Gaule Septentrionale. Au lieu de prôner l'isolement entre Romains et Barbares, celui-ci favorisera la fusion des cultures qui aboutira à la formation d'une nouvelle société.

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