CLOVIS ET LES PERSONNALITES
GENEVIEVE, PROTECTRICE DE PARIS
Comme d'autres religieux de son temps, tel l'évêque Rémi de Reims, Geneviève fut à la fois témoins et acteur des événements qui marquèrent le passage de la province romaine des Gaules au royaume franc de Clovis. A la mort de la patronne de Paris, Clovis perd, si ce n'est sa principale inspiratrice, du moins son soutien le plus fort.
Née à Nanterre, à une date indéterminée, entre 411 et 422 selon les sources, Geneviève est la fille d'un Franc romanisé qui exerce un magistère auprès de l'assemblée des Curiales. Sa mère est issue d'une famille gallo-romaine. Le prénom de Geneviève préfigure déjà la fougue et la volonté d'action politique de la jeune femme. D'origine germanique, il signifie "né du sein d'une femme", autrement dit "autonome face aux pouvoirs des hommes".
Geneviève prend conscience de sa
vocation religieuse vers l'âge de 10 ans. Puis, à Nanterre, elle rencontre le
prestigieux évêque d'Auxerre, Saint Germain, qui lui propose de se consacrer à Dieu et
d'exercer le ministère de diacre, pourtant réservé aux hommes. Ainsi Geneviève
bénéficie d'un statut unique. Vers l'âge de 15 ans, elle prend le voile des vierges et
mène une vie pieuse, accordant une large place à la prières et aux mortifications. Son
influence grandit en proportion du succès de ses intercessions et des miracles qu'elle
est censée accomplir.
En 451, Attila et ses Huns menacent d'envahir Paris. Les hordes du "fléau
des Dieux" viennent d'incendier Metz et sont devant Troyes. La panique
s'empare de la capitale. Les magistrats des Curiales proposent d'évacuer la population
vers des villes moins exposées. Seule contre tous, Geneviève refuse de plier devant
l'envahisseur. Elle regroupe les femmes au baptistère Saint Jean du Rond. Là, se
référant à Judith et à Esther, elle les exhorte à résister, les invite à implorer
la clémence divine par le jeûne et la prière. Malgré les réticence des hommes, qui
manquent de peu de la condamner au bûcher, Geneviève tient tête. Et lorsque Attila
évite Paris et se dirige vers la vallée de la Loire, nul parmi les Parisiens ne doute
que ce retournement est l'oeuvre de la jeune femme qui vient de gagner ses galons de
patronne de la capitale.
De ce premier fait glorieux, Geneviève tire un immense prestige. Ainsi, lorsqu'en 476
Childéric, le père de Clovis, assiège Paris pour mettre à genoux Syagrius, dernier
représentant romain d'Occident en Gaule, c'est elle qui négocie avec le roi barbare et
obtient de franchir les barrages pour approvisionner en farine le peuple affamé.
Femme politique avant l'heure, Geneviève
est aussi une femme de foi qui défend contre vents et marées le parti de la conciliation
et de la paix. Sa vie durant, elle refuse de choisir entre Rome et les barbares,
préférant le métissage des deux traditions dans le cadre de la foi chrétienne
orthodoxe. En ce sens, elle est est la principale inspiratrice de Clovis. En outre, elle
est aux côtés de Clotilde, l'épouse du roi franc, le première défenderesse du
christianisme. Elle est aussi la première à suggérer à Clovis de se convertir. Mais
elle soutient que cette conversion ne doit pas se faire au profit de l'hérésie arienne
qui perpétue insidieusement la violence des coutumes germaniques.
Aux portes de Paris, Geneviève fonde, vers 475, la première église consacrée à Saint
Denis et instaure un pèlerinage où les chrétiens se pressent nombreux. Malgré la
troupe de mécréants qui l'attend sur les berges de la Loire pour l'empêcher de
débarquer, elle se rend également à Tours, alors occupée par les Wisigoths ariens,
pour inaugurer un autre pèlerinage sur le tombeau de l'évêque Martin.
La conversion de Clovis acquise, Geneviève reste le phare spirituel qui réunit autour du
jeune roi les populations égarées du bassin parisien et les soumet au pouvoir de leur
nouveau chef. Lorsque Geneviève meurt, en 502, on érige un petit oratoire dans un coin
du cimetière situé en haut de l'actuelle rue Soufflot. En 508, à la demande de
Clotilde, Clovis fait bâtir une basilique dédiée aux apôtres Pierre et Paul. C'est là
qu'ils se feront inhumer, près du tombeau de la sainte. Au IXème siècle, le sanctuaire
prend le nom de Sainte Geneviève, comme la montagne sur laquelle il a été érigé.
Pendant la Révolution, les reliques de Sainte Geneviève sont brûlées et dispersées.
Ce qui reste de la dépouille de la patronne de Paris est pieusement conservé à
l'église Saint Etienne du Mont.
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