CLOVIS ET LES PERSONNALITES
REMI EST SACRE EVEQUE DE REIMS
Sacré évêque de Reims en 459, Rémi a été de son vivant le personnage religieux le plus célèbre des Gaules du Nord. Celui qui a eu l'insigne honneur de baptiser Clovis est l'un des grands artisans de la fondation de l'Eglise et du royaume francs.
Au lendemain de la bataille de Soissons, Rémi entre
dans l'Histoire grâce à une lettre adressée à Clovis,
qui fait alors figure d'héritier de l'Empire Romain d'Occident. Dans
cette missive, l'évêque de Reims vante les mérites de Childéric
1er, le père du jeune roi des Francs. Puis, avec beaucoup de diplomatie,
il incite le nouvel homme fort des Gaules du Nord à la plus grande bienveillance
à l'égard des institutions chrétiennes et en particulier
des communautés catholiques.
C'est que Rémi, à l'instar de sa contemporaine Geneviève
de Paris, a compris toute l'importance que revêt la continuité
religieuse pour qui prétend asseoir son autorité sur une région
restée romaine quelques années après l'effondrement de
l'Empire d'Occident. Il propose à Clovis un pacte de respect mutuel,
qui permettrait une transition harmonieuse entre la puissance romaine décadente
et la nouvelle autorité barbare. Il s'efforce ainsi d'assurer la survie
d'une Eglise à laquelle sont fortement attachés ses paroissiens
et qui est menacée à la fois par le paganisme des Francs et par
l'hérésie arienne des Wisigoths et des Burgondes.
Rémi est né près de Laon vers 437. Son
père, comte de la ville, est issu d'une famille aisée mais qui
n'appartient pas à l'aristocratie sénatoriale romaine. Le jeune
garçon reçoit une éducation classique soignée, qui
lui vaut d'être qualifié par Grégoire de Tours (l'historien
des premiers temps mérovingiens) de fin connaisseur des Saintes Écritures
et d'être vanté comme étant "d'une grande science
et versé dans la rhétorique". A 22 ans, Rémi est
littéralement plébiscité par les fidèles rémois,
qui le nomment au siège épiscopal de leur ville et le font métropolitain
de la région de Belgique Seconde. En plus d'une réputation et d'un
charisme remarquables conjugués à un grand talent oratoire (peut-être
acquis lors d'une brève carrière d'avocat), ce soutien populaire
permet au jeune homme de triompher des autres candidats en lice.
Au cours des trente années suivantes, Rémi s'illustre par sa rigueur
morale et par une extraordinaire charité. Il est ainsi le premier à
collecter des fonds pour les redistribuer aux pauvres de son diocèse.
Les plus faibles des créatures de Dieu profitent également de
sa bonté quand, comme le conte la légende, il offre aux moineaux
les miettes de son repas.
Sa réputation bien assise à Reims, Rémi est appelé
sur le devant de la scène politique par la reine Clotilde, qui le sollicite
pour catéchiser son époux, décidé à se convertir
au christianisme comme il en a fait serment à la bataille de Tolbiac.
Pendant deux ou trois ans, le prélat s'emploie à lutter contre
les croyances païennes du roi des Francs, à qui il inculque les
rudiments de la foi catholique. Ses efforts sont enfin récompensés
quand, le jour de Noël 496, à Reims, il baptise Clovis et 3 000
de ses guerriers.
Dès lors, l'évêque de Reims devient le
conseiller avisé et écouté du roi des Francs. Entre Clovis
et Rémi s'établit une relation marquée par une estime et
une bienveillance réciproques. Au cours de son très long épiscopat,
le prélat mène de nombreuses missions d'évangélisation
en pays ariens et païens. Il fonde les évêchés de Laon,
de Cambrai, d'Arras et de Thérouanne. Cependant, il est bientôt
isolé au sein du clergé, qui, s'inspirant des théories
du pape Gélase, revendique l'indépendance de l'Eglise par rapport
au pouvoir royal. Lors de l'affaire du prêtre Claude, rancoeurs et jalousies
à l'égard de Rémi trouvent l'occasion idéale pour
se transformer en opposition concrète. Le dénommé Claude
s'est révélé indigne des fonctions qui lui ont été
attribuées. Son comportement sacrilège fait scandale. Et Rémi,
qui l'a nommé à la demande expresse de Clovis, est contraint de
le démettre. Après la mort du roi, en 511, alors qu'il s'attache
au rêve dépassé de restaurer l'ordre antique sous l'égide
des Francs, Rémi est de plus en plus contesté par ses pairs.
Le vieux "jubilaire", comme le surnomment méchamment ses opposants,
meurt en 533 à l'âge, très avancé pour l'époque,
de 96 ans. Dans son testament, rédigé dans la plus pure tradition
romaine, il fait état d'une volonté toute particulière
: il souhaite qu'un superbe vase en métal précieux soit fondu
en un encensoir et un calice. Cet objet ne serait autre que le fameux vase de
Soissons...
A Reims, le culte de Rémi, fêté le 1er octobre de chaque
année, sera célébré avec une infinie ferveur. Au
IXème siècle, Hincmar fera transférer les reliques du vieil
évêque à Epernay. En 1049, elles seront rapportées
à Reims et, en présence du pape Léon IX, dévotement
déposées à l'abbaye Saint Rémi.
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