LES MEROVINGIENS

CLOVIS ET LES PERSONNALITES

 

THEODORIC FAIT BARRAGE AUX AMBITIONS TERRITORIALES DE CLOVIS

En 507, Clovis a écrasé les Wisigoths à la bataille de Vouillé. De sa main, il a tué leur roi, Alaric II. Pour Théodoric le Grand, le coup est sévère. Mais, en l'espace de quelques années, le roi des Ostrogoths d'Italie va réussir cependant à maintenir l'équilibre des forces. Après avoir pris sous son aile le jeune Amalaric, héritier d'Alaric II, il va interdire l'accès de la Méditerranée aux armées franques.

Longtemps, l'image de Clovis abattant son rival, le roi des Wisigoths Alaric II, lors de la débacle de Vouillé, en 507, a hanté les rêves de Théodoric le Grand. Car la victoire du roi des Francs et son avancée vers les riches terres de Provence et du littoral méditerranéen s'annonce comme une menace pour les roi des Ostrogoths d'Italie
A l'issue de la défaite de Vouillé, le jeune Amalaric, fils et successeur d'Alaric II, a pris la fuite sous la protection des derniers fidèles, quelques uns des rares combattants wisigoths à ne pas avoir été sauvagement passés par les armes par les hommes de Clovis. Théodoric n'en est pas rassuré pour autant. Amalaric n'est qu'un enfant de six ans, incapable de gouverner et dont le règne s'annonce sous les plus sombres auspices.
Depuis que les émissaires qu'il avait envoyés pour tenter de négocier une paix amicale sont revenus avec les nouvelles de l'horreur de la bataille, Théodoric est en fâcheuse posture. Nul doute qu'il risque fort d'être la prochaine victime des ambitions de Clovis. Heureusement, sur le front de l'est, en Italie, les armées de l'Empire Romain d'Orient ont cessé les hostilités contre les Ostrogoths.

Le 22 juin 508, les Romains mettent un terme aux représailles qui avaient été entamées à la suite de l'intrusion malencontreuse d'une armée ostrogothe en Illyricum. Sans doute, Anastase, l'Empereur d'Orient, estime-t-il pouvoir se retirer. En obligeant Théodoric à combattre sur un front oriental, il a largement facilité la tâche à Clovis, permettant à son allié tacite de s'emparer de l'Aquitaine.
Désormais, Théodoric peut rallier ses forces qu'il place sous le commandement du duc Ibba. Celui-ci franchit les Alpes au col de la Suse et s'attaque sans plus tarder aux cités burgondes, dont le roi, Gondebaud, a fait alliance avec Clovis. Peu après, Orange, Avignon, Apte et Sisteron tombent. Puis c'est au tour d'Arles, point névralgique qui commande l'embouchure du Rhône.
Pendant qu'Ibba longe le rivage de la Septimanie (un territoire qui s'étend entre le Rhône, les Pyrénées et le Massif Central), le duc Mammo met impitoyablement à sac Orange et Valence. Enfin, l'armée ostrogothe libère Carcassonne, où s'est réfugié le jeune Amalaric, assiégée par les Burgondes. Dernière étape de cette reconquête éclair : Narbonne. Là, Ibba met en déroute Geisalic, roitelet wisigoth qui a usurpé le trône en profitant de la jeunesse de l'héritier d'Alaric II.
Entre 508 et 510, Théodoric est ainsi parvenu à interdire l'accès à la Méditerranée à Clovis et à ses alliés. Il lui faut encore rétablir l'équilibre stratégique entre Gaule du nord et Gaule du sud.

Ayant saisi tout le parti que Clovis a tiré de sa politique d'intégration des populations gallo-romaines et germaniques, le roi des Ostrogoths n'hésite pas à reprendre cette politique à son compte.
Voulant montrer sa bienveillance à l'égard des institutions romaines, il rétablit deux fonctions, en désuétude depuis des années. D'une part, il nomme le sénateur Gemellus vicaire des Provinces, un poste tombé dans l'oubli depuis trente ans. D'autre part, il confie à Libère, lui aussi sénateur, le poste de préfet du prétoire des Gaules, dont le siège est traditionnellement installé à Arles. Théodoric entend par là démontrer qu'il est le seul successeur du défunt Empire Romain d'Occident.
Pour s'opposer plus efficacement aux velléités hégémoniques de Clovis, Théodoric va par ailleurs tenter de réunir les deux grands groupes de la famille des Goths, séparés depuis plusieurs siècles : à l'ouest, les Balthes, ayant pour roi le jeune Amalaric; à l'est les Amales dont il est le chef tout puissant. Cette union permettrait la constitution d'un puissant royaume à même de dominer la Méditérranée.
Reste enfin à décider du sort du jeune Amalaric. En prince avisé, Théodoric, grand-père maternel de l'héritier d'Alaric II, envoie à Narbonne un tuteur vigoureux qui prendra en charge le gouvernement des Wisigoths. Celui-ci, le général Theudis, affirme rapidement son ascendant sur l'enfant-roi, qui, bien que fort jeune, ne semble pourvu ni des qualités de son père, ni de celles, considérables, de son grand-père, Euric.

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