LES BOURBONS
LOUIS XIII, LES PERSONNALITES |
LA REINE MARGOT ECRIVAIN La reine Margot, première épouse d'Henri IV, est l'auteur d'une oeuvre littéraire comprenant un Mémoire, un Traité, des poésies. Elle a surtout rédigé ses Mémoires, publiés en 1628 et d'une grande qualité de style, qui, parce qu'ils émanent d'un membre de la famille royale, se révèleront un témoignage unique sur la Cour et les événements du temps. Exilée à Usson, en Auvergne, la reine Margot rédige ses Mémoires entre fin 1593 et 1603. Le genre est peu courant à l'époque : ce qui fait d'elle la première femme mémorialiste. Elle dispose pour cela de plusieurs atouts : cultivée, elle a beaucoup lu, elle a eu une vie mouvementée et elle douée pour l'écriture. Elle est déjà le brillant auteur de nombreuses letres et poésies, ainsi que d'un Mémoire justificatif pour Henri de Bourbon, écrit au printemps 1574, alors que le futur Henri IV se trouvait compromis à la suite du complot de Vincennes. Rédigé à la demande de son époux, ce texte a fait une forte impression sur les juges par son style, sa justesse et son habileté. Il a reçu maintes louanges, jusqu'à ce qu'on s'avise qu'il n'était pas de la main du prince, mais de celle de son épouse, ce que les admirateurs du Béarnais oublieront souvent de mentionner par la suite! A Usson, alors que les guerres de Religion touchent à
leur fin, qu'Henri IV a accédé au trône, qu'elle a accepté
de divorcer, la reine Margot se trouve à un moment tout indiqué
pour se livrer à un bilan personnel. L'occasion lui en est donnée
lorsque son vieil ami et admirateur de toujours le mémorialiste Pierre
de Brantôme, à qui elle a demandé d'écrire sa vie,
lui envoie un Discours sur la Reyne de Navarre. L'ouverture des Mémoires
se présente comme une réponse à ce texte dont la princesse
se dit flattée, mais où figurent des erreurs qu'elle souhaite
rectifier. Margot se décrit aux prises avec le roi, la reine mère, les favoris, la Fortune elle-même, mais garde toujours sa fierté. Elle se plaît à pointer les travers du pouvoir, son époux Henri de Navarre soumis à ceux qui le possèdent, les cabales, les courtisans versatiles. Dans des passages pittoresques et colorés, elle dresse des portraits des puissants de ce monde. Elle fait preuve d'une grande liberté de ton pour évoquer sa famille, ses déboires conjugaux et ses amours malheureuses. Sur le massacre de la Saint Berthélemy, elle apporte un point de vue unique, n'ayant été ni victime ni bourreau. Si elle fait montre dans l'ensemble d'une objectivité et d'un jugement sûr qui rendent sa relation fiable, elle triche cependant sur sa vie sentimentale. Elle dément sa liaison avec Bussy d'Amboise, omet ses amours avec Joseph de La Mole. Surtout, elle diffame son frère aîné, Henri III, pour justifier son ralliement à son cadet, François d'Alençon. Ces Mémoires n'en constituent pas moins un témoignage historique précieux : leur auteur a une bonne mémoire, commet peu d'erreurs, donne des descriptions détaillées. Edité en 1628, le texte connaîtra une célébrité exceptionnelle et sera maintes fois cité. Margot reprendra la plume en 1614 pour un Discours docte et subtil dicté promptement par la reine Marguerite, sous forme d'une longue lettre adressée au père jésuite Loryot, dont un des livres l'a scandalisée. Ce petit traité prend place dans la polémique, récurrente depuis le début du XVème siècle, sur la bonté ou la mauvaiseté féminine. Elle trouve insupportable, le mépris de l'ecclésiastique pour les femmes; et c'est ainsi qu'elle se montre aussi pour la première fois féministe. Page MAJ ou créée le 07/08/2004 |